jeudi 23 août 2012

With My Own Two Hands / Ben Harper



Aujourd'hui, dans mon RER, je regardais par les fenêtres les champs de grues de la Plaine Stade de France, parce que je trouve ça joli les grues. On dirait de grands dinosaures las qui se traînent pour porter des tuyaux et du béton.

Je regardais les chantiers qui explosent un peu partout, les mains de travailleurs qui s'affairent, serrent des boulons, conduisent des machines et soudent des tubes.

Et j'ai pensé à ces gens qui allaient à Aulnay, comme tous les jours, qui revenaient peut-être de vacances, avec encore du sable dans les mains.

Des mains esquintées, usées sur des machines-outils et des postes automatisés.
Des mains de soudeurs, mécanos, d'ouvriers, qui ne s'useront bientôt plus dans leur usine.

Combien de gestes répétitifs ont-elles répétés?
Pour combien de pots de départ ont-elles levé des verres?
Combien de fois ont-elles ouvert des casiers, des portes et éteintes des lumières?
Combien de barres de RER ont-elles agrippées?


Je pensais à ces gens que je ne connais pas, mais que je ne verrai plus, dont je n'observerai plus les mains calleuses accrochées aux barres des wagons.

Aujourd'hui je me suis dit qu'à Aulnay, des mains allaient bientôt arrêter de s'activer, parce que ce sont leurs propriétaires qu'on a traité comme des outils.











Et moi.
Moi, aujourd'hui, je continue d'utiliser mes mains.
Pour une horloge en formica vert à réparer et un projet à terminer.




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