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mardi 19 mai 2015

Guitar Lovin' Man / John Lee Hooker




"La frontière entre le ridicule et la gloire est fine. Comme celle entre la Corée du Nord et la Corée du Sud "
                                                                                                                       Proverbe Moyen

J'aime la guitare.
Forcément.

Un instrument de torture qui imite les pleurs et les cris, fait bouger la tête et les pieds, danser, pencher la tête au coin du feu et voyager.

J'aime le Blues.
Forcément.

La mort de BB King m'a dévasté.
Forcément.

J'aime la guitare alors dans mes écouteurs, j'ai While my guitar gently weeps.
Forcément.

Et je dirais même plus, j'ai While my guitar gently weeps version Tom Petty, Steve Winwood et Prince à la gratte.
Forcément.

Mais si, souviens-toi, j'en avais parlé .

Et puis bon, dans le RER, quand arrive le solo joué par Prince, on sent la tension qui monte, les doigts qui tricotent les cordes, le groove, les yeux fermés, cette gratte, les notes qui explosent et s'envolent, la guitare et là, j'ai ouvert les yeux et j'ai vu que plein de monde (parce qu'il y a toujours plein de monde dans les RER) me regardait l'air ahuri ou paniqué.

D'abord, je pensais qu'on regardait derrière moi et en fait, non, on me regardait moi.

Mais c'est quand j'ai vu mes mains, que j'ai compris.

La chanson courait toujours dans mes oreilles.

Embarqué par le solo nucléaire du sa majesté, je faisais du Air Guitar.

Tout seul.

Dans un RER.

EN FERMANT LES YEUX.

Là, le choix est rude puisque si on s'arrête subitement en se rendant compte que non, les gens dans le RER ne sont pas en train de secouer la tête comme des fous en vous admirant mimer de la guitare -et sans le son en plus, puisqu'il est dans vos oreilles et pas dans les leurs- vous abdiquez, vous admettez que vous êtes un original détraqué total qui vit seul avec des serpents et tout le monde vous regardera avec la crainte de vous voir subitement leur sauter dessus pour leur arracher la carotide avec les dents.

Si vous continuez, vous aurez honte de vous-même.

J'ai donc voulu m'arrêter progressivement et feindre la fin de la chanson qui hurlait encore dans mes oreilles.

C'est très bizarre de faire du Air Guitar non naturel. Du Air Guitar réfléchi, quoi. Pas improvisé. 

Ca demande d'être concentré. 

Du coup, j'ai raté mon arrêt.


mercredi 23 avril 2014

I Want to Go Back There Again / Chris Clark



Imaginez.
Vous avez une machine à remonter dans le temps.

Que feriez-vous?

Quel évènement de l'Histoire voudriez-vous modifier afin que le monde tourne mieux? Ou différemment?

Ben moi, sans hésitation, je retournerai en Allemagne dans les années 40 et j'empêcherai l'infamie, l'ombre et l'horreur d'arriver en flinguant les parents d'Harald Schumacher.

Et du coup, la France serait championne du monde de fouteballe en 1982, Battiston aurait toujours toutes ses dents et Michel Platini serait président de la république.

Ou alors, je retournerais en 2007 et je dirais à Steven Spielberg que réaliser un 4ème Indiana Jones n'est peut-être pas une si bonne idée, je m'arrangerais pour débouler à un concert des Beatles et dire "j'y étais", en juin 1938 j'achèterais deux exemplaires d'Action Comics #1 avec la première apparition de Superman pour en revendre un aujourd'hui pour 2 millions de dollars, je jouerais au Loto il y a deux semaines, j'irais voir un match des Bulls en 1996, je me persuaderais de ne pas aller voir certains films et d'aller en voir d'autres à la place, je m'assommerais pour me remplacer à certains moments, je me laisserais des notes pour me donner des conseils, je me donnerais les résultats du bac, je ne raterais plus aucun métro, je rencontrerais Scarlett, je revivrais certaines journées indéfiniment en chantant "I Got you babe" de Sonny and Cher, je ferais de hier une bonne journée.


Evidemment, j'agirais dans l'insouciance la plus totale, sans penser aux effets que mes actes pourraient avoir sur le continuum espace-temps, je fouterais certainement un gros bordel, mais si je résume bien, je serais riche, avec Scarlett, la France serait double championne du monde de foot, Indiana Jones 4 n'aurait jamais été réalisé et Michel Platini serait président.

Le monde serait peut-être mieux finalement.

lundi 21 avril 2014

Stack-A-Record / Tom Tall







Bon, j'aime les disques.
J'aime les histoires qu'ils racontent, j'aime où ils m'emmènent et j'aime surtout les objets.
Parce que c'est beau.
Cherchez pas, une collection de disques sera toujours plus belle et sexy qu'une playlist Itunes.

Je suis très attaché à ma collection de films, c'est vrai, mais peut-être encore plus à ma collection de disques.

Déjà, parce que comme pour beaucoup de collectionneur, je les ai d'abord découverts grâce à mes parents. Cette collection, pas très grande mais magnifique de Rolling Stones, Pink Floyd, Beatles, Neil Young, Bob Dylan, Leonard Cohen, Janis Joplin de vinyles noirs, glacés, dans des pochettes cartonnées gigantesques et colorées..

Ces disques que je ré-écoute pour la 1796ème fois, ils sont d'abord mes parents.

Ensuite, parce que mes vinyles et mes CD racontent certainement mieux que moi qui je suis.
Quelle a été ma vie jusqu'aujourd'hui, 21 Avril 2014.

Alors je les classe.
Par genre, par ordre alphabétique, par artistes.
Une fois, je les ai même classés par périodes.
Mais pas selon la chronologie de leur sortie.
Non, c'est trop simple.
Je les avais classés selon l'époque où je les avais achetés.
Parce que mes 152 vinyles et presque 500 CD, qui racontent mieux que moi qui je suis, je suis capable de dire à quelle période je les ai achetés. (allez, à un an près.)
Je sais que le tout premier que j'ai acheté, c'était le Greatest Hits II de Queen.
Le deuxième, un best-of d'Eric Clapton et de son groupe Cream.
Le troisième, le Greatest Hits I, de Queen.
Que Travelling Without Moving de Jamiroquai, je l'avais eu gratuitement lors de l'opération de la fête du disque 1997 (on renvoyait les codes-barres de 2 CD et on en avait un de son choix en cadeau.)
Que j'ai acheté What's Going On en 1996 et racheté en 2001.
Et que mon premier Springsteen date de 1995.

Oui, j'aime les disques.

Samedi, c'était le disquaire day.
Ou record store day comme disent nos amis américains.

Et qu'est-ce donc direz-vous, vous?

Le Record Store Day est né à l'initiative des disquaires indépendants afin d'inciter les gens à revenir les magasins.

En pleine crise du disque, le défi était donc de faire venir le public dans un magasin et de le faire repartir avec des disques.

Les labels et les artistes ont ainsi joué le jeu et cette journée est surtout l'occasion de voir réapparaître des albums devenus introuvables, des face B inédites ou rarissime, des versions alternatives de classiques, des lives, des picture discs (le picture disc est un vinyle avec un dessin imprimé dessus. Très difficile à graver donc la qualité du son en pâtit terriblement, mais ils sont recherchés par certains collectionneurs pour leur visuel.) ou des titres sortis spécialement pour l'occasion.

Je suis l'opération depuis 2-3 ans maintenant et si je dois avouer que je suis content d'avoir trouvé des petites perles (et d'en avoir profité pour découvrir des choses) je dois avouer que je reste quand même sur ma faim:

Déjà, les labels retombent tête la première dans les travers qui ont causé la quasi-disparition de la consommation de disques: tarifs prohibitifs (et ils se gavent bien les bougres) politique éditoriale parfois incompréhensive (pourquoi balancer Space Oddity de David Bowie -avec une version live qui tue en Face B- sur un Picture Disc alors que, comme je le disais plus tôt, la qualité du son sera certainement moins bonne que sur l'Album original de 1969? Et le vendre 15 Euros? Ouatzeufeuque?)
Certains labels n'hésitent même plus à ressortir des daubes assorties du sticker "Record Store Day" pour faire croire que si, en fait ce disque est génial, hop, achetez-le et à laisser des tas de trucs certainement très chouettes moisir dans des caves.

Et surtout, cette opération tue un plaisir sacré de l'amateur de disques que je suis: retrouver, au fond d'un bac poussiéreux, un disque que l'on cherche depuis des plombes. Un graal.
Une relique que l'on aura méritée, à passer des journées entières plié en deux sur des bacs à vinyles, à scruter des collections complètes de marches militaires et de flûte de pan, se couvrir de poussière, s'user les yeux et pécho de rhumatismes pour finalement le trouver là, à nous attendre, pour le prix d'un café-croissant.

Samedi, donc, je suis parti faire le record store day quand même.
Et j'ai fait sottement la queue comme un geek avant la sortie de l'Episode 1 de Star Wars (ou un faux geek devant un Apple Store pour la sortie du nouvel Iphone)
Et oui, j'ai trouvé deux-trois trucs, dont un 33T d'inédits de Bruce Springsteen, encore lui.
Toujours lui.
(avec le boss, on se plante rarement. On tombe sur un de ses disques, on sait qu'il sera, au pire, bien.) du Hip-Hop en 45T et un 45T d'un groupe que je ne connaissais absolument pas, sur le label Third Man Records, le label de Jack White (un des rares a avoir vraiment compris le concept de cette journée et à le pousser à fond. Pour cette journée, il aura chanté, enregistré et pressé une chanson en 45 Tours en moins de 4 heures. Un fou. Jack White, c'est le Willy Wonka des disques et Third Man Records, c'est la Chocolate Factory.)



C'est beau, c'est le Boss


Hip-Hop en force et en 45 Tours

C'est chouette, c'est beau, c'est Third Man Records

Mais surtout, en cherchant dans les bacs, j'ai trouvé un de mes graals.

Un de mes albums fétiches que je cherche depuis des années.

Une merveille d'une merveille.


Where i'm coming from de Stevie Wonder.
1971

Il n'a que 21 ans quand il enregistre ce disque et la maturité qui s'en dégage, aussi bien musicalement (les arrangements sont somptueux) qu'au niveau des textes est incroyable.

On y trouve par exemple ce titre incroyable dont je vous avais déjà parlé, Look Around, dont la mélodie magnifique me troue le dutre à chaque fois que je l'entends.

Et le truc génial, c'est que lorsque je cherchais dans le bac Soul/Funk de ce disquaire du 18ème arrondissement que je venais de découvrir, je savais, entre un best-of des Commodores et un album d'Imagination, que j'allais le trouver.
Comme si les vinyles, tout autour, me disaient "Oui, il est là, aujourd'hui il est pour toi."
Comme si ce disque m'appelait.

Pour 5 euros.

Un café-croissant.




Je finirai en disant que finalement, le Disquaire Day, c'est tous les jours.
Retournez chez les disquaires pour découvrir des artistes, des chansons, des groupes, des albums, pour rencontrer et discuter, pour voir de belles choses, des pochettes alignées, de jolies couvertures.
Pour sentir l'odeur des disques, pour avoir une musique inconnue dans les oreilles, pour sortir.

Et pour trouver votre Graal.


vendredi 21 mars 2014

Romance / Beth Gibbons




Oui, alors là, il va falloir m'expliquer.

Pourquoi, dans les films, le moindre petit évènement banal du quotidien devient tout de suite terriblement romantique et vous emporte dans une tempête de bonheur où vos larmes coulent à torrents, vous fait dire que "ouais, la vie est belle, bordel" et ne révèle finalement qu'une seule chose en vous: la jalousie?

Prenez par exemple un simple visite au fast food du coin dans le chouette film Chungking Express de Wong-Kar Wai :



Une jolie fille, un beau garçon, une belle photo et une musique magnifique et hop, commander une salade du chef après une soirée de beuverie son travail devient la chose la plus romantique du monde.

Du coup, mercredi soir, moi aussi je suis allé me chercher un Kebab près de chez moi.

"Bonjour, salade-tomate-oignon?"



Forcément, tout de suite, le romantisme s'évanouit et même si le gentil monsieur qui m'a servi arborait une fière et superbe moustache, je dois avouer que c'était nettement moins sexy et nettement pas juste.
Surtout que Cheb Mami, c'est pas les Mamas & The Papas.

Bon, ce n'était qu'un premier essai finalement et des kebabs dans mon quartier, il y en a des milliers donc qui sait, peut-être qu'à force de tous les faire, je finirai par tomber sur Scarlett Johansson qui fait griller de la viande en écoutant les Mamas et les Papas.
(mais comme j'en aurai testé 780 avant, je risquerais malheureusement d'afficher 280 Kilos sur la balance, ce qui n'augmentera pas mes chances de rencontrer l'amour, le vrai en disant "sans oignons s'il vous plait" afin de sauvegarder mon haleine de viles émanations de poney mort. Décidément, tout est vraiment question de timing.)


Dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind du génie génial Michel Gondry, les trains de banlieue sont presque vides et on y croise de jolies filles aux cheveux bleus qui viennent comme ça, spontanément, pour vous parler alors que vous avez un bonnet sur la tête.
Et que ça parle de couleurs de cheveux et de métiers bizarres (est-ce que donner des noms de couleur de cheveux comme "green revolution" est un métier?) et que la fille s'appelle Clementine et on chante et la vie est jolie.



Forcément, dans mes trains de banlieue à moi, déjà, on est beaucoup plus.
A peu près la population de la Suisse réunie dans un wagon.
Ensuite, il n'y a pas de fille au cheveux bleus. Il y a des monsieur en costards qui suent abondamment et collent leurs aisselles sur mon pif, il y a des jeunes qui écoutent de la musique très fort, ce qui ne serait pas très grave si elle était plutôt bonne, il y a des poussettes, des caddies, des valises, des touristes perdus qui découvrent que pour admirer les beautés de Paris, il faut passer par La Courneuve au milieu de la population Suisse en sueur réunie dans un wagon.


Dans Garden State, lorsque l'on attend le docteur, on attend avec un chien d'aveugle qui onanise votre genou et Nathalie Portman avec des gros écouteurs sur la tête. Ce qui est pas mal, vu que les filles qui ont des gros écouteurs sur les oreilles pour écouter leur musique, c'est une des choses les plus jolies que Dieu ait créé, avec les couchers de soleil et la bière.







Du coup, je suis tombé malade et je suis allé voir le docteur.
J'ai attendu avec plein d'autre gens malades aussi et qui ne donnaient pas du tout envie de partager leurs microbes en chaussant leurs écouteurs pour écouter leur jolie musique ou de parler directement et franchement de névrose, de sociopathie, d'écoulements nasaux, de maladie mentale et de pathologies infâmes en se disant qu'on va de toute façon passer le reste de notre vie ensemble, donc autant vivre dans une intimité posologique tout de suite.
Et dans la salle d'attente, mon médecin a eu l'idée géniale de passer radio Chopin.
Du coup, on est tombé sur la marche funèbre.

Alors si je fais le bilan, je pourrais dire, agacé, que le films mentent. Et je me répondrais que c'est pour ça que je les regarde.


































Pour donner des idées.

mardi 18 mars 2014

Good Times, Bad Times / Led Zeppelin



"La vie, c'est comme le Rugby" disait Nietzsche. (ou moi-même, je ne suis plus bien sûr.) 

Et il (je) avait raison.
Il faut courir, prendre des coups, boire des bières, porter des shorts, prendre surtout des coups et à la fin, on se rend compte que la marge d'erreur est tellement faible qu'on a couru des kilomètres avec des shorts en prenants des millions de coups pour perdre de deux points.
Parce qu'on est arrivé deux secondes trop tôt ou un pas en retard.

Hier, par exemple, comme les journaux parlaient plus de circulation alternée que de Crimée, de Venezuela, de politique, de violences en Algérie, d'essais de missiles en Corée du Nord et de mon nouvel appartement réunis, je me suis dis que ce devait être un évènement d'une importance à la limite du planétaire et j'ai décidé que j'allais pour une fois avoir un coup d'avance.

J'avais donc décidé de chiper toutes les plaques minéralogiques paires (qui étaient autorisées à rouler le lendemain, soit aujourd'hui. Oui, il faut suivre, même vous les deux du fond!) pour les revendre 1 million de dollars pièce et ainsi bâtir mon empire, ma fortune et sauver la France d'une guerre civile.

Mon idée était géniale.

Jusqu'à ce que la mesure soit abandonnée le soir même.

Super, Moyen.

Et puisque tout est question de timing et de détails, il n'y a pas que les métros, les matchs ou les gâteaux que l'on rate pour deux minutes de trop.

Pensez à ces apéros d'où vous êtes partis trop tôt, à cette page oubliée lors des révisions et qui vous a fait rater votre interro, à ces trois centimètres trop à droite lorsque vous marchiez qui vous ont fait viser un étron canin, mais aussi ce petit pas de moins qui vous a évité de finir écrasé sous un semi-remorque, cette goutte qui a fait déborder le vase, et ce clignement de paupière qui vous a fait rater un sourire ou un regard.

"La vie, c'est comme le Rugby, faites gaffe, vous avez beau boire des bières, à la fin, pour deux centimètres, vous perdez de deux points."
Also spracht Zarathoustra.
Ou Moyen, je ne sais plus bien.

dimanche 16 mars 2014

Clint Eastwood / Gorillaz



Rassurez-vous.

Non, je ne suis pas mort et enterré, ni porté disparu.

Non, je n'ai pas laissé tomber ce modeste blog par paresse ou ras-le-bolisme, non je ne suis pas au fond d'une bouteille de mauvais whisky à boire ma dépression, non, je me suis pas perdu pendant une balade au milieu du smog parisien.

Ce silence si long, lectrices, lecteurs, Scarlett, c'est parce que j'ai déménagé.

Oui.

J'ai enfin déménagé.

Je n'ai pas quitté mon dix-huitième que j'aime, mais j'ai quitté mon moins-de-douze-mètres-carrés pour un 25m2 lumineux, avec une vraie cuisine (une cuisouche pour être précis, mais je laisserai le mystère planer sur ce terme) un dressing (et oui mesdemoiselles) et de la place pour mes vinyles, mes comics, ma lunette astronomique qui me fera passer pour un pervers auprès de mes voisins d'en face et mes bouteilles (de vin, de whisky, de bières et de toute ivresse non frelatée.)

Après des centaines de milliers de cartons, de marches montées et descendues et de litres de sueur, me voici donc installé dans mon nouveau chez-moi, prêt à attendre sereinement le futur.

Et comme tout personne qui a déménagé à Paris, j'ai donc connu les visites d'appartement à 35 personnes pour un 20m2 à 1 million de dollars par mois, j'ai réunis des centaines de pages pour mon dossier, j'ai dormi dans mes cartons, j'ai essayé de comprendre comment se branchait internet sans prise de téléphone, j'ai bu, un peu, pour me donner du courage, j'ai jeté des tonnes de choses, j'ai gardé des choses inutiles, j'ai sorti des choses indispensables de ma poubelle et rejeté des tonnes d'autres choses.

J'attends le futur.

Non, je ne suis pas mort et enterré.
































































cadeau bonus: Une version live épique de cette chanson magnifique.
Avec le Snoop.



dimanche 9 février 2014

Home is where the Hatred is / Esther Phillips




Si dans la lutte contre le quotidien, tous les Moyens sont bons, dans la lutte pour trouver un appartement aussi.

Oui, amies, amis, fidèles lecteurs et trices, Scarlett, j'ai décidé de déménager.

Il faut dire, à force d'entasser des conneries d'accumuler de l'expérience, la vie dans mon appartement commençait sérieusement à ressembler à ça:
 (Franquin, génie absolu.)

"Moyen était parti chercher un disque. C'était il y a 3 jours."


La recherche d'un appartement à Paris peut parfois s'apparenter à la chasse au fauve.

Vous êtes dans un territoire hostile, laissé à vous-mémé, sans arrêt aux aguets, prêt à fondre sur votre proie et surtout, vous avez plus de chance de croiser des hyènes que de majestueux Tigres du Bengale.


Vautours moisi persuadés qu'ils sont assis sur des mines d'or et proposent des taudis à des tarifs prohibitifs.

Dis comme ça, ça ne donnerait pas envie de s'installer à Paris ni de déménager une fois que vous avez trouvé votre clapier.

Oui, sauf que là, il fallait.

Il fallait pour mon intégrité physique (mourir enseveli sous un tas de disques, livres, comics et films bizarres peut s'avérer un poil romantique mais c'est surtout affreusement idiot. Autant mourir vieux et en bonne santé dans un lit.) et pour mon équilibre mental (vivre dans un tas de disques, livres, comics et films bizarres peut s'avérer un poil romantique, mais ça empêche de voir où on marche et surtout, ça empêche de se rendre compte de ce qu'on a vraiment. Autant voir où on marche en admirant ses collections.)

Il fallait pour renouveler cet air vicié et me désengluer.

Parce qu'à force, je finissais par étouffer, étriqué dans trop peu de mètres carrés.
(vous me direz, il y a un aspect pratique, puisque je pouvais cuisiner en même temps que je me lavais les pieds.)

Les tigres ne sont beaux qu'en liberté.

Je suis donc lancé comme un acharné à la recherche de mon gibier et, sentant le vent violent de mon karma bancal tourner, je me dis que je vais avoir un beau trophée.

Pour vivre comme dans une comédie musicale.







samedi 28 septembre 2013

Moyen Kiffe le Hip-Hop - Episode # 2 Keepin' the Faith / De La Soul



De La Soul.
Encore un Trio.
Encore des New-Yorkais.



Ce que j'aime par-dessus tout dans le Rap et le Hip-Hop, c'est que cette musique est profondément positive.
Une musique faite avant tout pour s'amuser et faire la fête.

Bien sûr, elle s'est aussi politisée, est devenue revendicatrice a gardé son statut d'insoumise et rebelle.
Bien sûr, elle est devenu un business monstrueux qui pèse des milliards de dollars et qui propulse ses plus grandes stars dans les stratosphères du monde des finances (et de la politique) mais ce qui fait avant tout sa réussite, c'est son insouciance.

Ecouter De La Soul (et en particulier ce morceau) c'est oublier qu'il y a école le lendemain, oublier que le chauffage est en panne, qu'il n'y a plus de bière dans le frigo et que la voisine vous a collé un vent.

Leur premier Album, 3 feet high and rising sortui en 1988 pourrait presque s'apparenter à une version hippie des disques du label Sugar Hill records (Le premier Label de rap, avec des légendes comme Sugar Hill Gang, Grandmatser Flash ou le Crash Crew), avec leurs boucles Jazzy, leurs paroles sociales-mais-drôles et leurs chemises à fleur.
Mais surtout cet album, à cause de la quantité colossale de samples qui y sont utilisés, va être le premier à poser la question des droits d'auteurs dans le sampling.

C'est du deuxième Album De La Soul is Dead (1991) qu'est tiré ce refrain entêtant. Peut-être leur meilleur album à ce jour.

Je ne vous raconte pas combien de fois j'ai pu siffloter ce petit air dans la rue, confiant dans mon destin et sûr de mon chemin.
Parce que j'étais insouciant.


Notez qu'il existe une excellente version alternative de ce morceau, où la chanteuse Vinia Mojica s'occupe du chant.




Alors avec De La Soul, impossible de vous tromper.
Avec eux vous rentrez dans l'histoire du Rap, au coeur de ce qu'il n'a jamais cessé d'être.
Une musique fun, pour danser et faire la fête.

D'ailleurs Damon Albarn, le petit génie Anglais derrière Blur ou The Good, The Bad and The Queen ne s'y est pas trompé non plus lorsque, armé jusqu'aux dents des sons futuristes et des grooves atomiques du producteur Dan The Automator, il débarque avec son projet Gorillaz et cherche à pulvériser les enceintes de la planète entière en demandant au trio de New-York de collaborer au tubesque Feel Good Inc.

Un titre qui, l'espace de 4 minutes, me ramène en 1993, à siffler un petit refrain dans la rue.





mardi 17 septembre 2013

Moyen Kiffe le Hip-Hop - Episode # 1 Sure Shot / Beastie Boys




Il y a quelques jours, j'assistais joyeusement au concert d'Eminem dans un Stade de France chauffé à blanc (en compagnie, joyeuse elle aussi, de mon Hobbes de la vie qui aime elle aussi les "bitch" du rappeur blanc de Détroit lancés à la cantonade et à peu près tous les 7 mots et demie.)
Dans quelques semaines, je retourne voir le King, l'Empereur, la légende Jay-Z avec joie et ma frangine.

Je me disais alors combien j'aimais ce son, ses paroles syncopées, sa musique rythmée/scratchée/torturée et combien le Hip-Hop avait été important pour moi.

Mais pourquoi?

Alors je vous propose un voyage dans le temps, façon je danse le Mia, pour vous présenter les 10 titres historiques, qui m'ont collé une claque dans les oreilles et m'ont rendu un peu plus accro à chaque fois.

10 titres qui ne quittent pas mon Ipod.

Je commence donc avec Sure Shot des mythiques Beastie Boys.

J'ai découvert ce titre au collège.
En 3ème.
En 1994.
(fichtre, ça ne nous rajeunit pas, hein?)

A cette époque, Internet était un délire de Science-Fiction, les CD arrivaient à peine, on avait encore les images de la Dream Team qui avait pulvérisé la notion de sport 2 ans auparavant à Barcelone (et l'on attendait encore que Michael Jordan retombe sur Terre.) et on s'échangeait dans la cour du bahut des cassettes audio.
La cassette audio, jeune, est un objet bizarre en plastique à l'intérieur duquel défile une bande magnétique sur laquelle on pouvait enregistrer de la musique.
On se les échangeait comme les gosses s'échangent maintenant des Pokémons. Le but étant de trouver LE son que l'autre n'a pas, de découvrir le groupe qui remue la tête de tout le monde là-bas, à Babylone-la-grande, que l'on ne voyait que dans les films et qui avait encore ses tours jumelles.

Je découvre donc Sure Shot en 1994, année de la mort de Kurt Cobain et de Jack Kirby.
Sur une cassette échangée à la récré et le choc va être violent.

Cette chanson représentait ce que j'avais attendu toute ma vie.

Il y avait les grosses guitares et la batterie déchaînée comme dans les chansons que mes parents m'avaient fait découvrir et que j'avais continué à aimer (Le Nevermind de Nirvana tournait en boucle dans mon baladeur...), il y avait de la rage et du fun qui résonnaient en moi, jeune que j'étais et surtout il y avait le scratch.
Un son indescriptible, incroyablement cool et malpoli et tellement futuriste.

Sure Shot est tirée de l'album Ill Communication, sorti en 1994.
Je découvre alors les Beastie Boys, ce groupe de Brooklyn composé de Michael "Mike D" Diamond, Adam "Ad-Rock" Horowitz et Adam "MCA" Yauch et deviendra un de mes préférés.
Je les verrai alors 4 ans plus tard en concert à Nancy mais à ce moment-là, je ne le sais pas encore et pour moi, rien que le fait de les écouter est un acte subversif.

J'avais découvert le Rap et le Hip-Hop quelques mois plus tôt avec un autre groupe incroyablement plus vénère (j'y reviendrai plus tard) mais les lascars New-Yorkais représentaient à cette époque, pour moi en tout cas, l'absolu de ce que devait être cette musique:
Rythmée, endiablée, fun, jeune, rebelle et cool.
A l'opposé des Jean-Jacques Goldman et Francis Cabrel consensuels de l'époque.
Et bien loin de ce que les années 90 produiront de pire dans l'histoire de la musique: L'eurodance, dont tous mes camarades de classe étaient dingues tandis que j'écoutais (déjà) Bruce Springsteen et les Stones et que je fouillais comme un damné pour découvrir de nouvelles guitares saturées, des vinyles scratchés et des rythmes funkies.

J'essayais d'expliquer à mon père en quoi le hip-hop a été aussi important pour moi.
En fait, il a été pour ma jeunesse ce que les Beatles, Les Stones ou Led Zeppelin ont été pour la sienne: une bouffée d'air frais.

Le 4 mai 2012, Adam Yauch meurt à 47 ans des suites d'un cancer de la gorge.
Ce jour là, une partie de ma jeunesse et de son insouciance sont parties avec lui et j'ai pleuré.
Parce qu'il avait réussi à me faire aimer l'ado que j'étais.





mardi 3 septembre 2013

No More Mr Nice Guy / Alice Cooper



Je me suis toujours méfié des compliments.

Non pas que je sois habitué à crouler sous un déluge d'éloges ou que je remette en doute la sincérité de la personne qui me les adresse, mais j'ai toujours pensé que les compliments exprimaient surtout ce qu'ils ne disaient pas.

Par exemple, si sur votre bulletin scolaire, en Education Physique et Sportive, vous aviez un fantastique et rayonnant "Volontaire" qui remplissait la case des appréciations de votre professeur, vous leurrez pas, ça voulait surtout dire que le Sport n'était clairement pas fait pour vous (enfin, la pratique surtout, parce que regarder un match dans un canapé, c'est à la portée du premier blessé venu...) et que malgré tous vos efforts, la perspective de passer un jour sous la barre des 27 secondes et 3 dixièmes au 100 mètres était relativement faible.

C'est comme quand on vous dit que vous êtes sympas.
Faites gaffe.

Vous êtes sympa, c'est vrai, je n'en douterai pas une seule seconde, mais sympa, c'est comme gentil.
ça veut simplement dire que finalement, vous êtes quand même un petit peu relou, un petit peu un boulet et puis d'ailleurs, si vous pouviez ne pas venir ce soir à la soirée de Simone, ça arrangerait tout le monde.

Parce que dans ce que la vie a de torturé et de pervers, il faut bien reconnaître que le mec sympa, ben il ne gagne pas.
(à moins d'être Martin Luther King ou Nelson Mandela, d'être un esprit comme on en rencontre tous les 50 ans, d'accepter de casser des cailloux pendant des piges ou de prendre des bus réservés aux noirs pendant toute sa jeunesse avant de se lever fièrement et, grâce à quelques mots magiques sortis de votre bouche et gravés dans l'histoire, de porter des peuples, des nations et des espoirs sans que votre sympathie ne soit jamais remise en doute.)

Le mec sympa ne gagne pas, donc, et c'est bien là le drame.
Le mec sympa, il ne fait pas carrière.
Le cow-boy sympa ne part pas avec la fille -généralement une institutrice ou une tenancière de bar- à la fin du film.
Il meurt sottement pour déclencher la fureur du cow-boy moins sympa qui, ivre de colère, va montrer qu'il est quand même un peu sympa et ira venger son ami en allant flinguer ce sale Mad Mike et ses hommes de main dans une fusillade héroïque où il héritera d'une balle dans l'épaule et de la fille à la fin.
(notez que ceci marche aussi dans les films policiers où le policier sympa prend une balle / se fait enlever / explose dans sa voiture, choisissez votre situation préférée, et le policier moins sympa devient encore moins sympa (mais il est sympa quand même vu qu'il veut venger son ami qui, soit dit en passant, n'était pas du tout son ami au début du film vu qu'il n'est pas sympa, vous suivez?) et va massacrer ce sale trafiquant de drogue de Mr Mike et tous ses sbires dans un déluge de feu et de sang. Il héritera d'une balle dans l'épaule et de la fille à la fin.)
Le mec sympa, il ne devient pas rappeur.
Le mec sympa ne devient pas pilote de chasse. Il devient le mécano du pilote de chasse. (marche aussi avec les pilotes de voitures de courses.)
Le mec sympa n'est pas Steve McQueen ou John McLane.
Ou Don Draper ou Mr Big.
Le mec sympa, c'est Joséphine Ange Gardien ou Screech de sauvé par le gong et c'est pas de bol.

Non, vraiment, le mec sympa, à la fin, il ne gagne pas.

C'est pour ça que je n'aime pas qu'on me dise que je suis sympa.

dimanche 1 septembre 2013

Heart of Mine / Bob Dylan



"Volonté d'acier, mais coeur en papier."
                                                                            Proverbe Moyen




Si, effectivement, ma volonté blindée trempée dans le plus dur des aciers me permet de gravir des montagnes et de regarder ce qu'il s'y trame dans la verte vallée qui se cache derrière, je dois avouer que je souffre parfois de faiblesse chronique qui me rend vulnérable aux émotions.

(La joie d'une visite d'une amie dans la capitale, Eminem dans un Stade de France avec Hobbes (et je vous prépare d'ailleurs une spéciale "pourquoi j'aime le Hip-Hop" pour les prochains jours) un téléscope, un sourire et des balades, la découverte d'une nouvelle bière ou encore la satisfaction de trouver un vinyle recherché depuis longtemps, un comics perdu dans un carton sur un bout de trottoir, un pot de miel, une conserve avec une tête de vache et la fierté de ne pas avoir plié dans les situations les plus sérieuses par exemple)

Faiblesse ridicule, avouons-le puisqu' après tout, le mental d'un roc n'est pas compatible avec l'émotivité exacerbée d'une fillette qui assisterait impuissante au massacre de bébés phoques.
Mohammed Ali, il chialait devant le massacre des bébés phoques, lui?
Ben non, il collait une trempe aux massacreurs de bébés phoques à leur passer le goût du gourdin et à occuper leurs 3 prochaines années en rendez-vous réguliers chez le dentiste pour essayer de retrouver un sourire humain et leur réapprendre à mâcher.

Si votre esprit vous joue des tours en faisant de vous un champion, votre coeur en fait des pires en faisant de vous un enfant qui pourrait chouiner devant la mort (atroce) de peluches blanches (pas si mignonnes, faut pas déconner) qui feront de très jolis manteaux.

Il est donc temps pour moi de le laisser se reposer un petit peu, à l'ombre d'une Cathédrale et d'une guirlande lumineuse de guinguette.

Les enfants, je rentre chez moi.

A Toul-c'est -cool.

Et alors que je m'apprête à monter dans le tégévé qui filera comme le vent, je sais que je vais me faire du bien.

Et que je serai plus fort quand je reviens.

lundi 26 août 2013

Willin' / Linda Ronstadt




Ce qui, finalement, empêche la roue voilée de mon destin bancal de prendre le contrôle de ma vie, c'est que je ne le veux pas.

C'est à force de volonté que j'arrive, péniblement certes, à ne pas trop tomber par terre ni écorcher mes genoux.

Mais ces derniers, jours, c'est à force de volonté, une volonté d'acier trempé, un assommoir à faire peur à un tank, une volonté inébranlable que j'ai réussi à faire plier des gens.
Enfin, UN gens.

Suffisamment en tout cas pour ressentir une satisfaction certaine, mêlée à une arrogance non feinte que nous, cogneurs de la vie, Rafaël Nadal qui s'entraînent dans les transports en commun, Mohammed Ali des escalators, connaissons lorsque le combat est terminé et nous laisse essoufflés sur le champ de bataille, vivants et victorieux.

Ces dernières semaines, le dos au mur, je me suis battu plus fort que d'habitude, j'ai regardé plus loin et surtout, j'ai voulu avec plus de conviction.
Je pensais au départ utiliser une tactique infaillible dites du "faire les gros yeux" ou "avoir le regard pénétrant" mais je me suis dit qu'à force, à me balader constamment les sourcils froncés et à regarder tout le monde avec l'air très énervé, très méchant, très en colère et très relou, j'allais finir par perdre des alliés et de la crédibilité.

J'ai donc opté pour la sérénité.

L'assurance de celui qui, non seulement sait qu'il a raison mais en plus sait qu'il va gagner.

Et c'est ce qui s'est passé.

Je dois avouer que j'ai été le premier étonné parce que sous mes allures de nonchalant qui sait qu'il va gagner et qui joue les Jay-Z lorsqu'il négocie un biz', ben je m'attendais quand même à subir le courroux du "NON !" lâché en pleine volée, qui tombe lourdement sur le coin de votre museau comme sur les malheureux Bernard et Nathalie Morin lorsqu'ils partent au ski.

Je précise d'ailleurs que j'ai caché mon étonnement en faisant le coup des "gros yeux" j'ai hoché la tête comme Jay-Z après un biz' avant qu'il aille rejoindre B. et j'ai continué ma journée.

Et puis parfois, malheureusement, toute la volonté du monde, bonne et mauvaise d'ailleurs, ne vous suffit pas et vous vous retrouvez face à un mur plus solide qui s'appelle souvent "La vie, bitch" (je vous raconterai très bientôt le concert d'Eminem au stade de France auquel j'ai assisté -ou comment élever le "bitch" au rang de ponctuation, locution splendide qui éclabousse dans les dîners mondains.) qui (cette bitch) colle des Beyoncé dans les bras de lascars qui ont plus de volonté que vous ou des idées de génies dans la tête de personnes plus géniales que vous et qui, parce qu'elle est farceuse avec vous, vous bouche salement le chemin.

Et la vue.
Et vous colle dans des métros trop pleins


Ce qui, finalement, empêche la roue voilée de mon destin bancal de prendre le contrôle de ma vie, c'est que même lorsque ma volonté ne suffit plus et que je tombe, ben je me relève.

Parce que je le veux.





lundi 29 juillet 2013

I Don't need no Doctor / Ray Charles



Si vous êtes un garçon, vous savez que pour devenir un homme, son fils, le chemin est long pénible et semé d'embûches.
Cette terrible ascension pour arriver au sommet de cette pyramide de maturité et de sueur bâtie sur les corps de vos ennemis est jalonnée d'expériences plus ou moins traumatisantes qui vous façonnent, vous burinent, vous élèvent, vous font douter et finalement vous font voir la vie avec sagesse, philosophie et poils sous les bras.

Par exemple, il y a:

-La première fois que vous tapez dans un ballon et que vous ressentez ce plaisir exquis de transmettre toute votre énergie dans une sphère de caoutchouc pour vous défouler et vous sentir vivant, triomphant sur la gazon, heureux du combat que vous vivez, prêt à goûter la saveur particulière de la victoire et des cris de fans hystériques.
(comme généralement cela arrive vers l'âge de 2 ans, vous ne saisissez malheureusement pas encore l'aspect métaphysique du football et vivez en revanche une grande frustration quand vous vous rendez compte que le ballon ne s'enflamme pas sous l'effet de votre force prodigieuse, ne se déforme pas sous l'impact du choc contre votre pied et ne creuse pas de sillon dans un terrain de 4 kilomètres de long en raison de la vitesse supersonique prise lorsque vous avez shooté dedans.)


-La première fois où vous allez à l'école tout seul.
Sans être accompagné par vos parents.

-La première fois où vous allez au cinéma tout seul. En choisissant vous-même le film que vous allez voir.
Pour ma part, c'était Impitoyable, de l'immense Clint Eastwood, en 1992 et je me souviens encore de cette séance comme si c'était hier.

-La première cigarette, avec son goût de noisette salée, qui fait tousser.

-La fois où vous obtenez votre permis de conduire et que vous sentez le souffle de la liberté souffler sur votre visage.
Vous pensez faire instantanément faire partie de cette classe, de ce groupe d'élus qui parle de soupapes, de chevaux, d'arbres à came et d'ailerons démesurés.
Vous sentez à présent combien l'essence sent bon, vous appréciez le contact de l'huile sur vos mains, vous vous bercez du doux cliquetis des clés à cliquet, vous humez l'odeur de la gomme brûlée et surtout, vous voyez ce magnifique ruban d'asphalte comme un animal sauvage, une créature à dompter au volant d'une Mustang fougueuse, ivre de son V8 surpuissant qui n'attend qu'un geste de votre part pour vous propulser dans la stratosphère et vous emmener aux côtés de Schumacher, Prost, Senna et ces centaines de pilotes accros à l'adrénaline, qui ne connaissent pas la peur et qui risquent leur vie chaque dimanche pour un shoot à 300 km/h.
(et là, généralement, vous vous retrouvez à aller à l'Université au volant d'une Renault 19 diesel pas turbo sans direction assisté, à la souplesse d'un bloc de béton, véloce comme un tank rouillé à la manoeuvrabilité d'un supertanker et c'est la deuxième grande frustration de votre vie...)

-La première bière, qui pique le nez.

-La première fois où vous invitez une fille à boire une bière que ne vous pique plus le nez depuis longtemps.

-La première fois où, après la bière, vous l'invitez au restaurant.

-La première fois où, après le restaurant, vous vous réveillez à côté d'elle.

Et toutes ces épreuves, une fois passées, vous amènent un peu plus près du sommet de la grande Ziggourat, cette pyramide élevée à votre gloire sous le poids de la peine et des pains dans la figure.

-Et il y a cette fois, où, à 34 ans, pleinement conscient de votre corps et de votre esprit, vous devez aller à la visite médicale de la Médecine du Travail.
Une épreuve au milieu d'un immeuble perdu au fond d'Aubervilliers, au milieu des affiches de préventions contre les MST et le harcèlement au travail.
Un instant d'angoisse où, face à une employée de la fonction publique qui pense déjà à ses prochaines vacances, vous devez vous absenter quelques secondes pour rapporter avec fierté et nonchalance conjuguées le fruit d'un labeur terrible: Un flacon d'urine.
De longues minutes à se concentrer, oublier les erreurs du passé, ne pas penser à la liste de courses du soir pour se concentrer sur un objectif primordial:

Offrir un verre de pisse.

Les moins chanceux ne pourront jamais.
Dépassés par l'enjeu, écrasés par la pression sur leurs épaules, ou alors incapables car ils n'auront tout simplement pas pu, quelques heures avant, s'empêcher d'aller satisfaire le premier besoin naturel de la journée, ils ne sauront que bredouiller un faible "jesuidésolémaiscenépapossible" avant de se rasseoir, penauds, conscients que le sommet de la Ziggourat avec ses poils sous les bras, ses verres de whisky et ses cigares ne sera pas pour tout de suite.

Les plus malins d'entre nous boiront donc 8 litres d'eau la veille avant de filer à la consultation sans passer par la case sanitaires pour être certains de réussir, malgré une pression à coller un ulcère à Ban Ki-Moon avec cette assistante qui, patiemment, attend, à produire quelques quelques gouttes.
Mais cette stratégie, si elle peut s'avérer payante et vous offrir le jackpot peut aussi se révéler être la pire des tortures et vous offrir, dans le pire des cas, humiliation en vous rendant humide du caleçon.

Ce matin, j'avais donc mon rendez-vous à la Médecine du Travail.
Alors comme je suis pragmatique et que je prépare généralement bien mes entretiens, je me suis levé, je me suis étiré et je suis allé aux W.C...

mardi 2 juillet 2013

Mes Vacances Imaginaires Episode #3 Jerusalem / Dan Bern



Istanbul-la-Magnifique m'a réveillé pour que je me révolte, Rome m'a prévenu que ce ne serait pas instantané et Jérusalem m'apprend que c'est de l'obscurité que viendra la lumière.

Car cette ville, érigée pour l'Eternel des Armées, qui a bâti des temples et vénéré des rois, qui a vu David et Saladin et qui vit maintenant mille tourments ne connaîtra certainement jamais la paix.

Une ville qui sera peut-être éternellement bombes et ruines mais aussi une ville où l'on peut parfois voir l'espoir que trois religions cohabitent.

Oui, Jerusalem est violente, oui quand la poussière retombe on y compte les morts, pour un bout de terre, un peu d'eau et parce que l'Histoire est trop lourde, mais n'oublions pas que Jérusalem est aussi un joyaux.

Un espoir pour des pèlerins, un nouveau départ pour ceux que l'on a voulu faire disparaître, une Terre Sainte pour des populations assoiffées.

Je suis sûr que le soir, elle est triste de voir que l'oppression continue, que les obus explosent toujours et que ses arbres sont toujours coupés pour empêcher des paysans de prospérer.

Et si me jours sont un peu plus sombres en ce moment, si le chaos règne et que j'essaye de m'enfuir à travers ma vie, je me dis que de ces cendres viendra un peu de ciel bleu.

Alors Jérusalem me dit que mes tourments ne seront pas éternels car malgré 3.000 ans de combats, elle reste là, debout, à prouver au monde qu'un jour, le respect  la rendra plus lumineuse encore.









Dan Bern est un auteur-compositeur américain et l'on sent bien qu'il est influencé par Dylan et Springsteen, ce qui en fait un mec bien.
Il a participé à la Bande Originale de Get Him to the Greek produit par Judd Apatow et de la parodie Walk Hard (qui raconte l'ascension, la gloire et la chute du chanteur fictif Dewey Cox) ce qui en fait un mec bien doublé d'un mec drôle.


et hop, une version live toute sympa pour le plaisir.

lundi 17 juin 2013

Mes Vacances Imaginaires Episode #1 Puisque vous partez en Voyage / Françoise Hardy & Jacques Dutronc




(hop, la classe à l'état brut.)



Pour vous prouver que mon Karma est vraiment farceur, laissez-moi vous raconter une histoire...

Je prévois depuis maintenant plusieurs mois de partir en vacances.

J'avais jeté mon dévolu sur une ville aux mille tourments qui me fascine depuis pas mal d'années déjà pour l'avoir croisée dans des films d'aventure et de capes et d'épées, des récits fantastiques à l'exotisme débordant, et des bandes dessinées colorées pleines de mystères et de secrets.
Une ville d'Histoire, avec un grand H, comme dans "Ho, c'est beau" et d'Architecture avec mille monuments, milles contes fantastiques et des personnages aux noms aussi voluptueux que Soliman le Magnifique.
Franchement, ça ne vous donne pas envie de vous appeler Soliman Le Magnifique?
Rien qu'avec ce nom, tu donnes déjà le ton: Avec toi, ça ne rigole pas et faut pas compter sur toi pour participer à une télé-réalité.
Ta réalité, ce sont les harems, les palais, les bateaux et l'océan, les cabinets de curiosité, les batailles terribles, les salons d'astronomes et les déserts.


Je voulais partir à Istanbul.

Ben oui.

Pas de bol, hein?

Et puis finalement, en y réfléchissant, je me suis dit qu'Istanbul me lançait un signe.
Avec Sainte Sophie et sa mosquée bleue et ses sultans, ses caravanserails, son Bosphore, sa mer de Marmara et son bazar et tous ses cafés où le thé coule à toute heure, elle m'a fait un clin d'oeil.

Car Istanbul est fougueuse comme sa jeunesse et sage comme ma mémé, alors Istanbul a décidé de se révolter.
Descendre dans la rue et ne pas attendre que les libertés soient totalement privées pour se battre pour elles.

J'ai à peine eu le temps de souhaiter une bonne répression sanguinaire pour pouvoir profiter de mes vacances que j'ai entendu tous ces sages, ces derviches tourneurs, tous les Muezzins des 5.000 mosquées, ces bibliothécaires et ces astronomes, ces somnambules, ces voyants, ces aventuriers et Soliman le Magnifique lui-même et tous ces érudits qui ont fait de cette ville une ville que je veux visiter, une ville qui eu trois noms, une ville qui a vu le monde changer, une ville terre de batailles atroces et d'érudition absolue, une ville des lettrés et des guerriers, une ville de la mer et des déserts, me dire que moi aussi, je devais me révolter.

Descendre dans la rue.

Enfin presque.

Disons, changer de rue.

Paris, il est temps pour moi de partir.

C'est une ville presque trois fois millénaire qui me l'a dit.


Istanbul, regarde, moi aussi je fais ma révolution.
Ne bouge pas.


J'arrive.




















Puisque je pars en (long) voyage de Paris, puisque ma décision est prise et que Paris devra vraiment sortir le grand jeu pour me faire rester (1 million de dollars et Scarlett, en gros.) je dédie cette chanson à ceux et celles que j'ai croisé dans cette quand même bien jolie ville et qui, inévitablement, vont me manquer.
Mesdames et Messieurs, vous vous reconnaîtrez, alors laissez-moi simplement vous dire que je vous aime, que sans vous, je n'aurais peut-être pas fait tout ce que j'ai fait, que vous me manquerez mais que vous me reverrez.
Chacun d'entre vous m'a apporté des choses incalculables et aussi précieuses que l'or ou le platine et j'espère que de mon côté, je vous ai montré l'attention que vous méritiez.

lundi 20 mai 2013

Tiger Mountain Peasant Song / Fleet Foxes



La vie est faite de moments magique.

Il suffit d'ouvrir les yeux et de savoir les reconnaître.

Comme par exemple lorsque, lors d'un voyage à Lyon, capitale des gaules, des passages secrets et du saucisson, je revois des amis que je n'avais pas vu depuis encore plus longtemps que la saison des pluies qui nous frappe actuellement.

Et que l'on reprend, l'air de rien, des conversations vieilles de 10 ans comme si elles avaient eu lieu hier.
Et qu'ils vous présentent avec tout leur amour et un regard de fierté ce bout de chou de (presque) 2 ans, belle comme un coeur et malicieuse, qui vous check le poing avec la classe d'Eminem et balance la pluie aux ordures avec son rire.

Les familles sont de la magie.

Lyon est donc une ville très chouette, même sous la pluie avec ses fleuves, ses ponts et ses saucissons.

Et malgré les averses et le vent, la roue voilée de mon destin bancal a décidé, pendant 5 minutes, de tourner dans le bon sens.

Il y a un parc gigantesque. Un central parc, presque, mais avec un Zoo.
Il y a des canards en liberté, des daims et des oiseaux et plein d'autres animaux exotiques et jolis.

Et alors que nous courions marchions sous la pluie avec Hobbes, la roue voilée de mon destin bancal a décidé pendant deux secondes d'arrêter de me faire des blagues et de me faire tousser comme un tuberculeux.
Le soleil s'est montré, a épousseté quelques nuées et alors du fond d'un bosquet, parce qu'il est fier et beau et qu'il voulait le montrer, un tigre est apparu et s'est un peu promené pour qu'on puisse le regarder. (je dois avouer qu'à ce moment, j'ai eu du mal à faire croire que mes yeux étaient encore mouillés de la pluie.)

Le Tigres sont de la magie.

Un vrai tigre, comme on en voit dans des jungles mauves, comme ceux que l'on finira par faire disparaître à force de réussir à tout bousiller.
Parce que quand tout sera fini, quand il ne restera rien d'autre que la cendre et le goudron et plus de tigres, il ne nous restera que des regrets idiots.
Mais le tigre, lui saura que jusqu'au bout, il a été fier et beau.


Et si le voir dans un enclos, loin des ses empires et de ses sujets et de l'ombre de sa jungle peut rendre triste, le tigre ne se formalise pas, parce qu'il sait que même derrière des barreaux, il est fier et beau.

Et je suis sûr que pendant qu'il se montrait, puissant et serein, il voulait me montrer qu'en fait, être fier et beau, c'était facile.

Il suffit de le savoir.
.




Cette photographie est dédiée à ceux qui bousillent tout.
Car vous ne serez jamais fiers et beaux, vous n'êtes que cendres et goudron.

jeudi 10 janvier 2013

We all gotta Go Sometimes / Joe Hill Louis



Nous partirons tous un jour.

Sous cette banalité évidente se cache l'envie folle de salir ses souliers sur la poussière des routes en tendant le pouce en l'air pour arrêter une voiture qui nous amènera à la prochaine ville.

Car l'important n'est pas de savoir où l'on va, mais d'y aller.

Aller au bout des sentiers et derrière les barrières, enjamber les ruisseaux, compter les étoiles, partager un verre et refaire ses lacets.

Car l'important n'est pas de partir pour ce que l'on quitte mais d'y aller pour ce que l'on veut rencontrer.

Alors y aller au son d'une guitare du sud des Etats-Unis, ça donne encore plus de saveur au voyage.

Et en attendant de frapper le chemin de mes souliers sans lacets, je frappe le sol de mon appartement au son de cette jolie chanson.

jeudi 29 novembre 2012

La Bière / Jacques Brel.



Dans les épisodes précédents de "lachansondujourdemoyenman"...







Comme vous l'avez maintenant deviné, il y a quelques mois je me suis lancé dans un projet saugrenu mais non moins primordial: brasser ma propre bière.

Alors, je précise tout de suite que j'ai un poil triché puisqu'il existe maintenant dans le commerce des concentrés de malt houblonné, nous économisant ainsi l'étape de préparation des céréales pour se concentrer sur le sucrage et le mélange avec l'eau chaude et la levure.

Et il y eu un soir et il y eu un matin et il y eu des bulles dans mon barboteur (cf vidéo du premier jour)
Tel Adam découvrant Eden et cette jolie Eve (qui n'avait pas encore foutu le bordel avec ses besoins quotidiens en pectine et cette nouvelle petite robe trop jolie en couleur vigne) j'ai dansé au son du glouglou joyeux comme on danse quand la pluie tombe au milieu du désert de Gobi.

Après de longues semaines de patience, j'ai enfin pu goûter (et faire goûter) mon breuvage et force est de constater que des larmes de joie inondaient mes joues roses et fraîches lorsque la première gorgée est descendue gentiment dans ma gorge.

Fichtre, c'est bon.

Me voici donc, me disais-je, à l'aube d'une nouvelle carrière:

Alcoolique autonome.

Pas de géant franchit dans la maîtrise éthylique puisque je n'aurais plus à descendre au Franprix du quartier ou à user mes coudes sur un comptoir en zinc pour bénéficier sereinement de mon verre plein d'or et de mousse légère.

Et en indécrottable amoureux de bistro que je suis, je me suis dis que je ne pouvais décemment pas abandonner le Baron Samedi, meilleur bar de l'univers et oublier les accueils de chef d'état qui sont réservés à certains privilégiés comme nous autres, les princes de la cuite qui ne veulent pas faire verre à part et qui se disent qu'un jour Scarlett rentrera et rira distraitement en laissant couler une goutte de whisky le long de son menton qu'elle a fort joli.



Brasseur?

Si après tout, j'ai réussi à faire de la binouze dans un 17m2 à Paris qui ne sente ni le goudron, ni le pétrole, ni le moisi et ne colle pas une tourista apocalyptique, je pourrais aussi bien faire un nectar doré (ou cuivré) à rendre jaloux des moines trappistes dans une brasserie digne de ce nom.

Je pense donc, alors que ma réserve baisse dangereusement, à me relancer dans la fermentation à domicile et me satisfaire d'avoir fait quelque chose de mes mains (et de mon eau...)

Mais en attendant, je me suis rappelé que le plus beau dans mon Ale maison, c'est que jusqu'à présent, je ne l'ai jamais bue seul.
Et que ce sont les gens qui étaient avec moi qui lui ont donné ce goût si caractéristique.













Et je vous rappelle qu'il ne vous reste que quelque jours pour m'encourager à porter ma moustache militante en me faisant un don, qui sera intégralement reversé à la lutte contre le cancer, sur ma page movember, ici:
http://mobro.co/moyenman

Ma Moustache, elle affole les biatches.

mercredi 28 novembre 2012

Scary Monsters (and super creeps) / David Bowie




Je vous ai avoué la dernière fois que j'étais un trouillard invétéré qui chouinait comme une petite fille sitôt propulsé comme une balle de fusil dans un grand huit et je me dis donc qu'il est temps pour moi de confesser les autres, d'exorciser une bonne fois pour toute ce qui me terrifie et d'affronter l'indicible.

Donc oui, je suis grand mais j'ai peur.

J'ai peur des araignée. Elles ont trop d'yeux et trop de pattes pour être sympas.
J'ai peur des endives. (et oui, le légume aussi.)
J'ai peur des sacs trop lourds.
J'ai peur que la solitude devienne une habitude.
J'ai peur du vide. (et aussi de celui qui remplit la tête des gens, surtout si ils ont des responsabilités importantes. Vertiges dans les hautes sphères.)
J'ai peur que Justin Bieber, Calogero et Luc Besson deviennent des modèles.
J'ai peur de ce qui se tapit dans l'ombre quand j'éteins la lumière.
J'ai peur de la gelée et des substances visqueuses. Elles cachent forcément un truc.
J'ai peur d'avoir mauvaise haleine.
J'ai parfois peur d'avoir peur.


Je suis Apopathodiaphulatophobe. Et Laxophobe.
Je vous laisse chercher, la honte m'empêchant de m'exprimer ici.

Bref, je suis un grand garçon, mais je suis parfois peureux.


Alors pour me rendre courageux, j'écoute des Héros.

mardi 20 novembre 2012

Love Rollercoaster / Ohio Players



J'ai eu la chance ce dimanche de vivre la féerie de Noël dans le monde merveilleux et enchanteur de Disney.

Dimanche, j'étais voir Mickey et ses amis à Eurodisney, donc.

Et vous savez à quoi on reconnait une journée magique?

Au fait que dès le matin, dans le RER, vous avez un sosie roumain de Michael Jackson qui vient vous faire un spectacle.

Evidemment, ce brave homme était sosie de Michael Jackson comme moi je suis moine Shaolin, il avait un gant troué, un collant en lycra, des chaussettes grises qui furent blanches un jour par dessus, une chemise à paillettes qui perdait ses paillettes, un chapeau informe, un ragondin mort sur la tête en guise de perruque sur la tête et des dents en bois.

La preuve:



(bon, je l'admets, on voit pas très bien les dents, mais je vous jure qu'elles étaient en bois vue la couleur.)


 Ensuite, j'ai donc arpenté les allées du parc (à la recherche de Baloo pour claquer la photo du siècle avec lui mais je l'ai jamais trouvé.) ce qui m'en a mis plein les yeux

Et je vais vous avouer un secret:

Je suis grandhuitophobe.
J'ai peur dans les montagnes russes (les Roller Coasters comme disent nos amis américains)
Je deviens pâle comme la mort à la vue des rails, je frôle l'évanouissement dès la montée de départ et je crains à chaque virage de flinguer mon pantalon.

Et pourtant, poussé par la curiosité et encouragé par Tigrou, le Hobbes de Walt, j'ai sauté le pas et me suis lancé dans l'aventure périlleuse des grand huit qui déglinguent les cervicales.

J'ai donc connu les accélérations à 8.000 km/h, des virages brusques qui vous collent 4G dans les gencives, des loopings, des inversions, de la musique tonitruante, des chutes en piqué et tout un tas d'autres manoeuvres sadiques destinées à vous faire mourir de peur (à défaut de vous aplatir sottement comme un vieux flan flasque 15 mètres plus bas)

J'avoue alors sans honte que j'étais bien content que cette machinerie toute droite sortie des enfers faisait un tintamarre de tous les diables (ce qui est logique vu que ces horreurs étaient bien inventées par le Prince des Ténèbres en personne) et couvrait sans peine mes hurlements de petite fille.

Et pourtant, j'ai aimé ça.

Oui j'ai aimé être secoué, retourné, essoré, martyrisé dans tous les sens à des vitesses supersoniques.

J'ai loué l'ingénierie astucieuse et trompe-la-mort du Space Mountain et du Aerosmith Rollercoaster (un rollercoaster d'épouvante qui cumule la double peine de vous satelliser dans le noir et de vous assourdir avec du Aerosmith dans les oreilles.)

En gros, j'ai kiffé.

Je me prends donc soudainement de passion pour l'ingénierie de ces monstres mécaniques qui ne permettent aucune erreur de calcul ou de serrage de boulons et l'envie saugrenue me prend d'y retourner.

Pour ceux qui ont l'estomac bien accroché:


Et après toutes ces émotions, en tournant la tête, je me suis souvenu que j'étais bien au pays merveilleux de Mickey...




Et depuis, quand je prends le métro ou le RER, je me dis qu'ils manquent cruellement de loopings et de châteaux.

Et de Michael Jackson roumains.