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mardi 19 mai 2015

Guitar Lovin' Man / John Lee Hooker




"La frontière entre le ridicule et la gloire est fine. Comme celle entre la Corée du Nord et la Corée du Sud "
                                                                                                                       Proverbe Moyen

J'aime la guitare.
Forcément.

Un instrument de torture qui imite les pleurs et les cris, fait bouger la tête et les pieds, danser, pencher la tête au coin du feu et voyager.

J'aime le Blues.
Forcément.

La mort de BB King m'a dévasté.
Forcément.

J'aime la guitare alors dans mes écouteurs, j'ai While my guitar gently weeps.
Forcément.

Et je dirais même plus, j'ai While my guitar gently weeps version Tom Petty, Steve Winwood et Prince à la gratte.
Forcément.

Mais si, souviens-toi, j'en avais parlé .

Et puis bon, dans le RER, quand arrive le solo joué par Prince, on sent la tension qui monte, les doigts qui tricotent les cordes, le groove, les yeux fermés, cette gratte, les notes qui explosent et s'envolent, la guitare et là, j'ai ouvert les yeux et j'ai vu que plein de monde (parce qu'il y a toujours plein de monde dans les RER) me regardait l'air ahuri ou paniqué.

D'abord, je pensais qu'on regardait derrière moi et en fait, non, on me regardait moi.

Mais c'est quand j'ai vu mes mains, que j'ai compris.

La chanson courait toujours dans mes oreilles.

Embarqué par le solo nucléaire du sa majesté, je faisais du Air Guitar.

Tout seul.

Dans un RER.

EN FERMANT LES YEUX.

Là, le choix est rude puisque si on s'arrête subitement en se rendant compte que non, les gens dans le RER ne sont pas en train de secouer la tête comme des fous en vous admirant mimer de la guitare -et sans le son en plus, puisqu'il est dans vos oreilles et pas dans les leurs- vous abdiquez, vous admettez que vous êtes un original détraqué total qui vit seul avec des serpents et tout le monde vous regardera avec la crainte de vous voir subitement leur sauter dessus pour leur arracher la carotide avec les dents.

Si vous continuez, vous aurez honte de vous-même.

J'ai donc voulu m'arrêter progressivement et feindre la fin de la chanson qui hurlait encore dans mes oreilles.

C'est très bizarre de faire du Air Guitar non naturel. Du Air Guitar réfléchi, quoi. Pas improvisé. 

Ca demande d'être concentré. 

Du coup, j'ai raté mon arrêt.


jeudi 22 mars 2012

Funny How Time Slips Away / Al Green (Willie Nelson Cover)


Prendre le métro est étonnant, il force à prendre son temps.

L'autre soir, je rentrais chez moi en métro. (et non, je n'étais ni bourré, ni agressé, ni perdu.)

En passant le portique, je sens que je ne suis pas seul à passer le portique (oui, c'est l'une des nombreuses techniques de fraude du métropolitain parisien que de passer avec quelqu'un, avec l'enjambage de portique, le 110 mètres portiques et ramper.) et me retournant, prêt à tomber sur un loubard de la pire espèce, je tombe sur une jolie fille de la plus jolie des espèces.

Elle me sourit, je lui souri, elle me dit merci, je lui dis de rien, elle me souris, (je lui aurait bien hurlé merci aussi, pour m'avoir souri.) elle fait un bisou sur la joue, je lui souri, je lui dis merci, elle me dit de rien, elle est partie (sur le quai d'en face, évidemment, sinon ce ne serait pas Moyen.)

Evidemment, je n'ai réalisé ce moment fantastique qu'une fois arrivé chez moi, et une fois arrivé chez moi, je me suis rendu compte que ce moment fantastique avait glissé entre mes doigts.

Prendre le métro est décevant. Il n'arrête pas le temps.


mercredi 27 juillet 2011

Paranoid / Black Sabbath



Je sais, on va encore me dire que j'en fais trop, que non, la roue voilée de mon destin bancal (la pute) ne m'en veut pas personnellement, mais quand même.

Une gare RER en travaux?

La mienne.

Un gugusse qui s'amuse benoîtement à tirer comme une buse sur le signal d'alarme dans un wagon?

Le mien.

(je n'irai pas jusqu'à dire que ce genre de geste marque la ligne qui sépare l'humanité du primate, mais bon, l'auteur ne pouvait clairement pas être confondu avec Einstein ou Heidegger et Hannah Arendt quand il a ahané ses quelques borborygmes de conchylicultivé avant de tirer la poignée...)

Une station bloquée par la police pour cause de je ne sais pas pourquoi en rentrant du travail?

La mienne.

Un facteur qui louche?

Le Mien.

Un pied qui marche du pied droit dans les restes (peu digérés) d'un menu pedigree pal?

Le mien. Encore.

Alors on va encore dire que je suis un psychopathe paranoïaque, mais il me semble que là-haut, le grand tout qui régit la mécanique (certainement complexe, je le concède) de notre espace-temps (et qui n'existe pas bien qu'il soit cruel) m'en veut un tout petit peu.

Et hier, mon RER m'avait promis un arrêt à ma gare du boulot.
Il s'est arrêté une station après.


















Et comme je suis à la pointe de la technologie des communication malgré mes lacunes en chinois-binaire, je vous rappelle que vous pouvez rejoindre la page de lachansondujour sur facebook pour soutenir cette cause qui mérite franchement plus d'exposition médiatique (non?) en cliquant sur le j'aime là-haut à droite ou en rejoignant ce lien-là: LIEN

lundi 11 juillet 2011

Sing, Sing, Sing / Louis Prima



Dans mes moments d'égarement quotidiens, il m'arrive parfois de déraper légèrement et de me mettre à fredonner à voix presque haute la chanson qui passe dans mes écouteurs greffés à mes oreilles quand je suis dans le métro.

Et là, je n'ose imaginer la réaction des gens dans le wagon qui doivent se dire:

-1: "pas de bol, encore un qui n'est pas tout seul dans sa tête et faut que je me le coltine. J'espère qu'il descendra avant réaumur-sebastopol."

-2: "Déjà qu'on se tapait les joueurs d'accordéon roumains et les saxophonistes atones, si en plus on doit se manger les recalés de la Star Académy ou de N'oubliez pas les paroles, je vais finir par porter plainte à la RATP"

-3: "Il a l'air amusant ce jeune homme qui doit certainement avoir des déficiences mentales à fredonner de telles daubes en public. C'est bien qu'il se sente à l'aise"

-4: "Quel bon goût il a! Dans la lutte contre la morosité, il y a toujours un Moyen..."

Alors évidemment, dans la majorité des cas, je ne me rends même pas compte de ce qu'il m'arrive puisque soit on est le matin est j'ai la tête au fond du fion, soit on est le soir et j'ai la tête comme un melon.

Et à force d'arpenter les couloirs du Paris souterrain avec mon casque vissé sur les oreilles, il arrive des accidents auditifs incontrôlés comme celui de chanter fort (et parfois) faux du Neil Young ou Jay-Z (oui, j'aime les grands écarts artistiques.)

Le danger à chanter à son insu en public, c'est de non seulement se ridiculiser sur ces performances vocales et son oreille de tracto-pelle, mais c'est surtout prendre le risque de révéler au monde les faiblesses de la playlist de votre IPod.

Ces chansons ridicules ou pourries que vous aimez en cachette.

Ces chansons qui, par un hasard affreux, se retiennent le mieux et se chantent avec le plus d'entrain.

Mais chanter dans le métro est finalement un assez bon remède pour oublier la journée qu'on va/a passé et mon prochain challenge sera qu'un jour, dans un wagon bondé, quelqu'un reprenne avec moi une chanson que je fredonnerait sans m'en rendre compte.