lundi 21 avril 2014

Stack-A-Record / Tom Tall







Bon, j'aime les disques.
J'aime les histoires qu'ils racontent, j'aime où ils m'emmènent et j'aime surtout les objets.
Parce que c'est beau.
Cherchez pas, une collection de disques sera toujours plus belle et sexy qu'une playlist Itunes.

Je suis très attaché à ma collection de films, c'est vrai, mais peut-être encore plus à ma collection de disques.

Déjà, parce que comme pour beaucoup de collectionneur, je les ai d'abord découverts grâce à mes parents. Cette collection, pas très grande mais magnifique de Rolling Stones, Pink Floyd, Beatles, Neil Young, Bob Dylan, Leonard Cohen, Janis Joplin de vinyles noirs, glacés, dans des pochettes cartonnées gigantesques et colorées..

Ces disques que je ré-écoute pour la 1796ème fois, ils sont d'abord mes parents.

Ensuite, parce que mes vinyles et mes CD racontent certainement mieux que moi qui je suis.
Quelle a été ma vie jusqu'aujourd'hui, 21 Avril 2014.

Alors je les classe.
Par genre, par ordre alphabétique, par artistes.
Une fois, je les ai même classés par périodes.
Mais pas selon la chronologie de leur sortie.
Non, c'est trop simple.
Je les avais classés selon l'époque où je les avais achetés.
Parce que mes 152 vinyles et presque 500 CD, qui racontent mieux que moi qui je suis, je suis capable de dire à quelle période je les ai achetés. (allez, à un an près.)
Je sais que le tout premier que j'ai acheté, c'était le Greatest Hits II de Queen.
Le deuxième, un best-of d'Eric Clapton et de son groupe Cream.
Le troisième, le Greatest Hits I, de Queen.
Que Travelling Without Moving de Jamiroquai, je l'avais eu gratuitement lors de l'opération de la fête du disque 1997 (on renvoyait les codes-barres de 2 CD et on en avait un de son choix en cadeau.)
Que j'ai acheté What's Going On en 1996 et racheté en 2001.
Et que mon premier Springsteen date de 1995.

Oui, j'aime les disques.

Samedi, c'était le disquaire day.
Ou record store day comme disent nos amis américains.

Et qu'est-ce donc direz-vous, vous?

Le Record Store Day est né à l'initiative des disquaires indépendants afin d'inciter les gens à revenir les magasins.

En pleine crise du disque, le défi était donc de faire venir le public dans un magasin et de le faire repartir avec des disques.

Les labels et les artistes ont ainsi joué le jeu et cette journée est surtout l'occasion de voir réapparaître des albums devenus introuvables, des face B inédites ou rarissime, des versions alternatives de classiques, des lives, des picture discs (le picture disc est un vinyle avec un dessin imprimé dessus. Très difficile à graver donc la qualité du son en pâtit terriblement, mais ils sont recherchés par certains collectionneurs pour leur visuel.) ou des titres sortis spécialement pour l'occasion.

Je suis l'opération depuis 2-3 ans maintenant et si je dois avouer que je suis content d'avoir trouvé des petites perles (et d'en avoir profité pour découvrir des choses) je dois avouer que je reste quand même sur ma faim:

Déjà, les labels retombent tête la première dans les travers qui ont causé la quasi-disparition de la consommation de disques: tarifs prohibitifs (et ils se gavent bien les bougres) politique éditoriale parfois incompréhensive (pourquoi balancer Space Oddity de David Bowie -avec une version live qui tue en Face B- sur un Picture Disc alors que, comme je le disais plus tôt, la qualité du son sera certainement moins bonne que sur l'Album original de 1969? Et le vendre 15 Euros? Ouatzeufeuque?)
Certains labels n'hésitent même plus à ressortir des daubes assorties du sticker "Record Store Day" pour faire croire que si, en fait ce disque est génial, hop, achetez-le et à laisser des tas de trucs certainement très chouettes moisir dans des caves.

Et surtout, cette opération tue un plaisir sacré de l'amateur de disques que je suis: retrouver, au fond d'un bac poussiéreux, un disque que l'on cherche depuis des plombes. Un graal.
Une relique que l'on aura méritée, à passer des journées entières plié en deux sur des bacs à vinyles, à scruter des collections complètes de marches militaires et de flûte de pan, se couvrir de poussière, s'user les yeux et pécho de rhumatismes pour finalement le trouver là, à nous attendre, pour le prix d'un café-croissant.

Samedi, donc, je suis parti faire le record store day quand même.
Et j'ai fait sottement la queue comme un geek avant la sortie de l'Episode 1 de Star Wars (ou un faux geek devant un Apple Store pour la sortie du nouvel Iphone)
Et oui, j'ai trouvé deux-trois trucs, dont un 33T d'inédits de Bruce Springsteen, encore lui.
Toujours lui.
(avec le boss, on se plante rarement. On tombe sur un de ses disques, on sait qu'il sera, au pire, bien.) du Hip-Hop en 45T et un 45T d'un groupe que je ne connaissais absolument pas, sur le label Third Man Records, le label de Jack White (un des rares a avoir vraiment compris le concept de cette journée et à le pousser à fond. Pour cette journée, il aura chanté, enregistré et pressé une chanson en 45 Tours en moins de 4 heures. Un fou. Jack White, c'est le Willy Wonka des disques et Third Man Records, c'est la Chocolate Factory.)



C'est beau, c'est le Boss


Hip-Hop en force et en 45 Tours

C'est chouette, c'est beau, c'est Third Man Records

Mais surtout, en cherchant dans les bacs, j'ai trouvé un de mes graals.

Un de mes albums fétiches que je cherche depuis des années.

Une merveille d'une merveille.


Where i'm coming from de Stevie Wonder.
1971

Il n'a que 21 ans quand il enregistre ce disque et la maturité qui s'en dégage, aussi bien musicalement (les arrangements sont somptueux) qu'au niveau des textes est incroyable.

On y trouve par exemple ce titre incroyable dont je vous avais déjà parlé, Look Around, dont la mélodie magnifique me troue le dutre à chaque fois que je l'entends.

Et le truc génial, c'est que lorsque je cherchais dans le bac Soul/Funk de ce disquaire du 18ème arrondissement que je venais de découvrir, je savais, entre un best-of des Commodores et un album d'Imagination, que j'allais le trouver.
Comme si les vinyles, tout autour, me disaient "Oui, il est là, aujourd'hui il est pour toi."
Comme si ce disque m'appelait.

Pour 5 euros.

Un café-croissant.




Je finirai en disant que finalement, le Disquaire Day, c'est tous les jours.
Retournez chez les disquaires pour découvrir des artistes, des chansons, des groupes, des albums, pour rencontrer et discuter, pour voir de belles choses, des pochettes alignées, de jolies couvertures.
Pour sentir l'odeur des disques, pour avoir une musique inconnue dans les oreilles, pour sortir.

Et pour trouver votre Graal.


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