jeudi 30 juillet 2015

Alright / Kendrick Lamar



Il y a des causes qui méritent qu'on se lève, poing tendu, que l'on crie non, que l'on marche dans la rue et qu'on se révolte.

Des actes choquants, aux vieux relents de barbarie médiévale qui nous font soudain réaliser, que merde, au XXIème siècle de telles choses ne peuvent se produire, non mais c'est insensé!

Hier, le monde entier était choqué et ému de la mort brutale et sauvage d'un être qui avait l'air sympa, qui avait une famille, qui n'aspirait qu'à une vie tranquille, loin des malheurs et de la faim.

Le lion Cecil.
(Et vous connaissez mon amour pour les félins. Particulièrement les tigres des jungles mauves.)

Un lion avec une belle crinière noire, abattu par un pauvre homme avec certainement du vide dans la tête et certainement encore plus -de vide- dans le slip, au point de vouloir compenser en abattant le roi, pour une somme qui fera vivre deux familles pendant quelques temps au Zimbabwé, où je ne suis jamais allé et où je ne saurai dire si la vie est pire pour les hommes ou les lions.

Le monde, uni et soudé se levait pour hurler son dégoût.

Et pendant ce temps?

Pendant ce temps, aux amériques, où la disparition d'un lion faisait couler les larmes de Jimmy Kimmel, les noirs continuaient de tomber eux aussi sous les balles vilaines et moches de chasseurs en uniformes officiels.

La méditerranée continuait de se remplir de cadavres de réfugiés et les routes d'Asie et d'Arabie continuait d'être foulées des pieds des exilés.

Un migrant, qui lui aussi aspirait à une vie meilleure, loin des tourments de la faim et de la peur mourait dans le tunnel sous la manche.

Mais malheureusement pour eux, ils n'avaient pas de belle crinière noire.

Le Monde a donc pleuré Cecil le Lion, et ne les a pas pleurés eux, peut-être parce que dans leur cas, il était le chasseur.

Et c'est encore plus dommage pour ces malheureux, mais non seulement ils n'ont pas de belle crinière noire, ce qui est dommage parce que visiblement, ça les rend moins beaux, mais surtout, ils ne sont pas en voie de disparition. Au contraire, même.
Alors que finalement, il y aurait un moyen tout simple, assez bête, pour que les réfugiés, les migrants et les opprimés disparaissent pour de bon.

Qu'on arrête de les traiter comme des animaux.

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