samedi 31 mai 2025

Let’s Work Together / Canned Heat





Aujourd’hui j’ai le cœur léger et heureux. 

En fait, depuis trois semaines, je ne pense qu’à une chose. 

Ce soir, le Paris Saint-Germain va jouer une finale de ligue des champions contre l’Inter de Milan. Des italiens. 

Mon club, ma ville, ma capitale. 

Lectrice, lecteur, Scarlett. Si tu n’es pas familier(e) avec la ligue des champions, sache que ce sont les meilleurs clubs de foutchebol d’Europe qui s’affrontent dans une compétition féroce qui récompense l’équipe la plus riche , plus tricheuse, la meilleure.

C’est très difficile. 

Un peu comme monter les marches du Sacré-Cœur en courant sans s’arrêter ou écouter les politiques actuels sans avoir envie de se crever les oreilles. 

Et cette année, le PSG, cette finale, le club l’a méritée. 

Une équipe soudée, solidaire et besogneuse, sans star, sans caprices ni dramas. Une équipe qui court et, incroyable, fait des replis défensifs. Une équipe presque devenue une famille grâce au coach Enrique. 

Paris a mérité sa finale. 

Mais moi aussi. 

Parce que depuis que j’ai découvert l’élégance de Raí (le frère cadet de Socrates, ce héros dont je t’avais déjà parlé, mais si, souviens-toi, c’était ) dans un maillot bleu et rouge en 1993 et que je me suis attaché à ce club, j’en ai vécu des émotions. D’autant plus depuis 20 ans que je vis à Paris. 

Des Raí, donc, des Djorkaeff, des victoires en coupes des vainqueurs de coupes (qui n’existe plus), des fax qui se perdent, des triplés, des Le Guen et des Guérin, des frappes d’Okocha, des naufrages face à la Juve, Ronaldinho, Pauleta, frôler la relégation, le Qatar, le dernier match de Beckham, le premier de Zlatan, le premier but de Messi avec Paris, en direct au Parc, sous La Tribune Auteuil en feu pour ses trente ans, les clowneries de Neymar. 

Et franchement, j’ai vécu plus de déceptions que d’euphories. Parce que pour un triplé de Raì face à Bucarest, j’ai vécu des défaites contre Gueugnon ou Lorient. Des éliminations improbables et des blessures lunaires. Et entre autre,  un truc tellement dingue que le mot est rentré dans le dictionnaire

Je me suis fait charrier, chaque année. Parce que j’y peux rien. Chaque année j’y crois. Chaque année je me dis que ça va aller. Comme avec le XV de France. 

J’ai vécu des déceptions amoureuses moins difficiles que certains matchs. Moins douloureuses que des coups de sifflets. J’ai vécu des belles journées moins belles que certaines frappes. 

Bien sûr, j’ai toujours la Lorraine et le FC Metz et l’ASNL dans mon cœur. Metz parce que c’est le club de mon père, surtout. Une belle relation avec les grenats et mon papa. 

Mais le PSG c’est le mien de club. C’est Ronaldinho, en 2003 et en pleine gueule de bois, qui détruit l’OM chez eux au point que le Vélodrome se lèvera pour l’acclamer.

Et quand on me dit « mais Moyen, pourquoi tu n’encourages pas une équipe qui gagne plus souvent, tu aurais moins mal? » Ben je vous dis que je ne peux pas. C’est comme ça. C’est ma malédiction. Et encore, j’aurais pu tomber plus mal, comme une équipe Espagnole ou l’OM. 

Nathalie Ianetta, directrice des sports de Radio France et Juventina dans le cœur fait un très beau texte sur les supporters cette semaine .

Les supporters peuvent être les pires personnes possibles. Grossières, bêtes et racistes. Et ça donne des Heysel. Mais les supporters peuvent être les personnes les plus touchantes. Par la joie et la peine partagées. Par les chants. Par la fidélité. 

Et les filles qui portent des maillots sont les plus jolies. (Parce que ça leur va mieux qu'à des moustachus ou des chauves qui soufflent au bout de 12 marches en essayant de faire les escaliers de Montmartre en courant)

Maintenant qu’il ne reste qu’une marche, justement, je la veux cette coupe aux grandes oreilles. Et si ils gagnent, l’hymne de la champion’s league deviendra l’hymne de la chanson du jour pendant au moins une semaine. 

Et si ils perdent ? Il y aura du chagrin, évidement. 

Mais surtout, pour une fois depuis longtemps, il y aura de la fierté. Pour Donnaruma, Marquinhos, Kvaratskhelia, Dembele, Doué, Hakimi, Kimpembe, Pacho, Ruiz, Vitinha. 

Paris et moi avons mérité cette finale. Pour tous ces moments de chagrin partagés. 

Mais surtout, aujourd’hui, Paris mérite ses supporters. 

dimanche 25 mai 2025

DJ Khaled - All I Do Is Win feat. Ludacris, Rick Ross, T-Pain & Snoop Do...




Aujourd’hui, l’organisation des internationaux de France de Roland-Garros célèbre le plus grand joueur de terre battue de tous les temps. 

Rafael Nadal.

14 titres sur la terre de Paris. 

14.

La performance est ahurissante. Légendaire. Unique.

Mais retournons en Mai 2021.


Passé le choc de la nouvelle donnée au téléphone d’un cabinet de radiologie, il a fallu agir très vite pour mettre immédiatement les protocoles en place et accessoirement ne pas avoir trop le temps de réfléchir et du coup de paniquer. 

Juin 2021. 

À cette période, je m’étais donné un plan de bataille. À ce moment-là, je ne pensais plus à gagner le match. C’était trop loin. Et j’avais enchaîné des défaites, il me fallait des victoires.

J’étais devenu totalement dépendant et vivait donc chez ma sœur, j’avais perdu mes cheveux, mais j’étais pas inquiet, je savais qu’ils allaient revenir* ,  je n’avais pas réussi à échapper aux nausées, bref le score était pas ouf. 


J’ai donc décidé de réduire entièrement mon ambition et de me donner chaque jour des petits objectifs à remplir. Pour avoir des victoires et remonter au score. 

Aller a pieds au coin de la rue. (Il y a littéralement 6 pas)

Aller chercher le petit-déjeuner (à 100m)

Remonter les  9 étages à pieds.

Et ainsi de suite.  


Comme ça, ça me donnait des petites victoires si j’y arrivais. Je gagnais chaque jour un échange de plus dans un match en 5 sets. 

Et vous savez qui m’a inspiré cette idée de chercher des petites victoires pour oublier les défaites?

Rafael Nadal. Un tennisman. 

2013, demie-finale de Roland Garros contre Djokovic. Mené 2-0 d’entrée dans le 5 eme set. Il finit par gagner (encore) le match.

En interview d’après match, il dira justement qu’à ce moment-là, mené 2-0, il ne cherche même plus à gagner le match. Il veut juste réussir sa première balle de service. Pour mettre son adversaire en difficulté. Et si il réussi cette première balle, il peut essayer de gagner l’échange. Et ainsi de suite. Des petits objectifs. Pour avoir des victoires dans la tête. Casser la spirale de défaites. Incroyable de force mentale.

Et le 7 septembre 2021, je suis parti tôt le matin, j’ai randonné et je suis parti à l’assaut du massif de Montmartre. En Free solo. Sans corde. 

J’avais préparé mon ascension, repéré les voies et chemins d’accès et les difficultés potentielles. 

Et alors, je me suis assis sur les marches du Sacré-Coeur, et pour la première fois depuis des mois, j’ai pu admirer une de mes vues préférées au monde. 

La foule n’existait pas. J’étais seul, comme si je regardais la mer pour la première fois. 







T’as vu la vue?

J’étais arrivé au dernier set.

Balle de match…


* spoiler: pas tous. 




Je n’ai pas retrouvé cette interview. J’en viens même à me demander si elle a vraiment existé. Mais j’aime savoir qu’un type qui tapait dans une balle m’a aidé à gagner un match marathon juste par sa discipline mentale. 

lundi 19 mai 2025

Sacred Heart of Mary / Mojo Juju and the snake Oil Merchand




Il est évident que je n’ai rien d’un calottin et je dirais même que beaucoup d’épouvantables malheurs du monde viennent quand même parce que des gens pensent que leur personnage imaginaire qui vit dans le ciel est plus important que le personnage imaginaire qui vit dans le ciel des autres. 

Je serai sans détour, la religion, souvent ça craint. 
Il y a du feu, des cendres et du sang, certaines interdisent la musique, il y a des croisades et des fusillades, la plupart interdisent tout simplement d’être une femme ou, au mieux, expliquent aux femmes comment elle doivent utiliser leur corps. 

Et en plus, même la carte « Quand même, l’Abbé Pierre, il a fait tellement de belles choses » ne se sort plus. 
Ou plutôt, vous voulez que je la sorte, la carte Abbé Pierre ? 

Et pourtant, de la foi, j’en vois. Dieu, qui n’existe pas et qui et surtout très cruel, ben parfois, on peut quand même se l’imaginer. 
Mais pas dans une religion. 

Dans des gens. 

Dans les femmes de l’île de Lesbos, qui s’occupent des réfugiés et leurs enfants qui survivent à la Méditerranée (et à tous les épouvantables malheurs du monde qu’ils ont rencontrés avant) et qui se demandent même pas pourquoi ils sont nés de ce côté là d’une mer qui est quand même jolie vue de tous les côtés. 

Les casques blancs de Syrie, qui sortaient des gens des décombres, bombardés par leur propre président. 

Les gens qui, près du canal, au métro Jaurès, donnent des cours de français en plein air pour aider les réfugiés à Paris. 

Et je ne parlerais pas de l’aide humanitaire de Gaza ou des femmes d’Afghanistan. 

Dans quiconque se lève le matin avec l’intention de donner des coups de main pour que quelqu’un d’autre, souvent complètement inconnu, se sente un poil plus digne que quand lui-même s’est levé le matin. 

Parce qu’en ce moment, entre tout un tas d’épouvantables malheurs du monde et tout un autres tas de personnes qui parlent comme des plaies d’Egypte, se lever pour croire qu’on peut aider à changer le monde, ça relève du sacerdoce.  

Et si ma religion à moi convoque plutôt Paul Maccartney, Bruce Springsteen et Stevie Wonder, je dois confesser qu’il y a une chose qui me touche quand même dans le mysticisme. 

J’ai grandi face à elle


 

Je vis aujourd’hui face à lui 


Et entre les deux, j’ai admiré des merveilles chez des gens qui regardent au-delà de l’horizon comme ça, pour voir ce qu’il y a là-bas 



ou au pays des somnambules sous les étoiles, des derviches tourneurs et de Souleymane le Magnifique (qui, soyons honnête, sonne bien plus classe et élégant qu’un banal Saint Michel) 



Mais aussi dans la synagogue espagnole de la cité des occultistes et des alchimistes, trempée dans la Moldau…





 Dans ces bâtiments, nous ne trouverons certainement pas la rédemption.
 
Après tout, nous avons laissé faire à Gaza. Et dans plein d'autres endroits. 

Mais nous pouvons y voir, derrière la beauté artistique, l’espoir que croire en quelque chose peut construire quelque chose de beau. 

Même si c’est juste croire en nous. 



mardi 6 mai 2025

Long Promised Road / The Beach Boys






 "Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles."

                                                                                                                                                                                                                                                                                                             Sénèque (ta mère)



Dis donc, gros, cette pensée de youtubeur, elle t'est apparue en épiphanie la veille de faire le El Capitan sans corde et à mains nues ou avant de reprendre une troisième fois des nuggets de poulet à la sauce (très) piquante ?

Non parce que d'accord, c'est bien beau de prendre des airs pénétrés et de balancer des phrases, comme ça, les yeux plissés à regarder au loin pour faire le malin, mais bon c'est pas forcément parce qu'on se décide comme ça un matin (sans même un petite gueule de bois pour excuser une décision qui sera forcément regrettée dans quelques heures) à faire un truc (genre escalader les 900 mètres de granit lisse du El Capitan sans assurance ni foi en l'avenir) que ça devient soudainement facile et à l'inverse, ce n'est pas parce que l'audace nous pousse à reprendre une troisième fois de la nourriture hasardeuse et épicée qu'on a fait un bond gigantesque dans le grand steeple-chase de la vie.

Je le vois bien, Sénèque, avec sa toge et ses tongs, au pied d'un miroir de pierre à se gratter la tête en regardant au loin (les yeux plissés) et à décider qu'après tout la notion de difficulté n'était que dans la tête, bande de zouaves. Et je vous laisse avec ça, analphabètes. Je retourne penser autour d'un bon buffet à volonté.
Je le vois bien le penseur, toge relevée sur ses sanitaires de marbre à se dire que ce 37ème nugget de pouletolis à la sauce pimentoros était bien audacieux et que certes cette pétarade intestinale était fâcheuse, mais qu'il avait vaillamment appliqué son épiphanie reçue ce sobre matin en regardant le El Capitan (les yeux plissés).

Et je vous vois venir. "Halala Moyen, tu es vraiment de mauvaise foi; toujours à chercher le bon mot, toi aussi. Sénèque se voulait inspirant, c'est une allégorie du courage et en plus, il n'avait pas randonné la paroi du El Capitan, et encore moins en free solo et ne pouvait, du coup, relativiser la dangerosité (principalement intestinale) des nuggets de poulet à la sauce piquante."

Et je vous répondrai que déjà, oui, je suis de mauvaise foi, évidemment et ensuite, moi aussi je peux plisser les yeux et balancer des phrases inspirantes, comme ça, au pif genre "Ce n'est pas parce que Dieu n'existe pas que le monde va mal, c'est non seulement parce qu'il existe pas, mais qu'en plus, parce qu'il est cruel" et vous me répondrez alors que déjà oui, c'est évident, et ensuite que quand même, tout est question de point de vue.

Et c'est justement, je trouve, ce dont manquent ces phrases de postérité, sentences motivantes et sensées élever les imparfaits que nous sommes. De point de vue.


Malgré tout le respect possible pour l'homme gigantesque, l'admiration, les louanges, ben je me dis quand même que Nelson Mandela, il devait être fatigué, non, quand il a dit "je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j'apprends." ?

Ben vous êtes gentil monsieur Madiba, mais le pauvre gugusse qui mangeait un 6-1, 6-2, 6-0 en 34 minutes à Roland-Garros contre Nadal, ben il a sans doute surtout appris qu'il est un gros guignol et devrait peut-être envisager une reconversion dans le curling ou le lancer de javelot. On a vu mieux comme mantra positiviste.


Effectivement, le mot peut être puissant et les phrases jolies et ce verbe, qui a libéré des peuples et protégé des faibles, peut nous animer, insuffler une force ou une philosophie.

Mais l'acte, le grand saut ou la simple poignée de main ont autant d'importance. Car transformer son quotidien se fait en écrivant sur des murs mais aussi en essayant de vivre sans tomber, mais surtout sans chercher à faire tomber les autres.



Tiens et vous me convoquerez aussi le gugusse qui a dit ""femme qui rit, à moitié dans ton lit",  j'ai deux mots à lui dire...


(Note du Moyen Auteur : Ne vous y trompez pas. Loin de moi l'idée ici de jouer les philosophes ou de dénigrer les grands hommes. Au contraire. Les personnes citées précédemment sont bien plus brillantes que moi. Evidemment. Je ne suis pas très intelligent, je le sais. Mais je me bats un peu. Et je suis curieux. Et puis après tout, à jouer les diseurs de citation, je pourrais vous dire que dans la lutte contre la morosité, tous les Moyen(s) sont bons. Surtout un...)