jeudi 17 janvier 2013

La Chanson de Prévert / Serge Gainsbourg



Mes amis, je sors d'en endroit formidable qui s'appelle la Cinémathèque Française  où j'ai eu la chance de visiter l'exposition dédiée à ce chef-d'oeuvre immortel qu'est les Enfants du Paradis.

Un film tellement formidable que je vous autorise exceptionnellement, si vous ne l'avez pas vu, à sécher ce cours magistral de "comment briller en société" pour aller le voir fissa et plus vite que ça bande de mécréants incultes.

Et si vous l'avez déjà vu, ben revoyez-le encore.

Hop, pour donner envie:



Un film où l'on entend des phrases stratosphériques comme "Paris est tout petit pour ceux qui s'aiment comme nous d'un aussi grand amour" ou "On m'appelle Garance. C'est le nom d'une fleur."

Un film magique qui donnerait presque envie de devenir saltimbanque dans les rues de Paris (encore qu'en 2013, l'équivalent du saltimbanque dans les rues de Paris doit être le joueur d'accordéon roumain dan le RER.) et de dire aux gens qu'on les aime.

Comme plein de choses ont déjà été dites, je vais me contenter de vous dire que Prévert est un génie qui a été touché par la grâce quand il a écrit cette merveille, que tous les acteurs sont parfaits, que les décors laissent sans voix et que la réalisation tient de la simplicité des miracles à Bethléem.

Mais ce qui m'a vraiment touché et que j'ai découvert lors de la visite de cette exposition, c'est l'histoire incroyable de deux des artistes qui ont travaillé sur ce film:

Joseph Kosma, qui a composé la musique et qui n'a rien à voir avec Vladimir Cosma, un autre compositeur de musique de films (mais si, vous le connaissez, le grand blond avec une chaussure noire, les aventures de Rabbi Jacob...) et Alexandre Trauner, le chef décorateur.

Pourquoi eux?

Parce que le film a été réalisé en pleine occupation, en 1943 et que Trauner et Kosma sont Juifs et recherchés par la Gestapo.
Et pourtant, ils ne fuient pas et travaillent avec passion pour aboutir à ce chef-d'oeuvre.

Et en lisant ça, je me suis dit "quelle foi..."

Quelle foi faut-il avoir pour refuser la peur, l'ombre et la persécution par amour de son art?
Quelle foi faut-il avoir pour se battre contre l'oppression et se battre pour donner le meilleur de soi-même pour apporter sa pierre à une cathédrale d'images?
Quelle foi faut-il avoir pour être sûr que la beauté réside dans ce que l'on fait et finira par repousser l'obscurantisme des folies?

Kosma et Trauner ont travaillé cachés, protégés par Prévert, le Scénariste et Carné, le réalisateur car eux aussi ont refuser de voir disparaître des artistes.

J'étais soufflé devant tant d'abnégation, de fierté de participer à une oeuvre collégiale et d'assurance.

Carné et Prévert retarderont au maximum la sortie de leur film car ils voulaient qu'il soit un film de la réconciliation et de la paix.
Il sortira en 1945.

Mais en 1945, la réconciliation et la paix ne seront pas encore vraiment là, car pendant que tous saluaient la réussite absolue du film et son succès fracassant, Arletty est assignée à résidence en Normandie pour être tombée amoureuse d'un officier Allemand en 1941.
Et comme Arletty était classe et pas du genre à se laisser emmerder, elle dira cette phrase somptueuse "Mon coeur est français, mais mon cul, lui, est international."



Je finirai en citant humblement Monsieur Jacques Prévert:

"Les seuls films contre la guerre, ce sont les films d'amour"














































c'est pour ça qu'aujourd'hui, ce sont ceux dont nous avons le plus besoin.
























































En cadeau, une chanson formidable écrite par Jacques et chantée par Yves...



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