mercredi 11 décembre 2013

Le Bistrot / Georges Brassens





Si Paris est connue pour le romantisme et la poésie qui se dégagent de ses ruelles, de ses quais, ses pavés, ses places cachées, ses monuments, ses accordéonistes slovaques qui encombrent le métro et ses petits jardins, moi je l'aime pour ses bars.

Oui, je sais, dis comme ça, ça pourrait faire alcoolo à la Renaud mais en fait je vous rassure, non, pas du tout.
J'aime les bars, les bar-tabacs, les bar-restaurants bref, tout endroit avec un comptoir, des toilettes à l'hygiène douteuse, du bruit, des cheveux, des lèvres et des dents, des tabourets, de la peau souple, des tireuses à bière, des tatouages, des décolletés, des cacahuètes et une odeur de café.

Des endroits pittoresques, souvent improbables, parfois prétentieux et lounges, remplis de bobos qui préfèrent parler de lutte des classes, de cinéma Kazakh et du dernier album de ce musicien brésilien qui fait de la flûte nasale et qui est génial plutôt que de football ou de rugby, de films qui font rire, de collections idiotes et de bandes dessinées.

Des lieux vivants, plein de gens du quartier, qui viennent de pays lointains ou qui ont toujours vécu ici, qui passent pour un café en sortant du bureau ou pour refaire le monde à l'apéro.

J'aime les bars parce qu'on y voit la vie.

Même en Banlieue.

Alors au boulot, quand arrive l'heure que l'on appelle celle "du manger" et que la cloche sonne, avec les collègues on allait parfois dans un bar-restaurant planqué au bout de la rue manger un plat du jour à l'hygiène aussi douteuse que les toilettes.

Un endroit improbable, sobrement appelé "Le Transilvania" où les serveuses étaient des créatures des Carpates avec plein de cheveux, la peau souple, plein de dents derrière leurs lèvres et un accent roumain à ensorceler Dracula.
Les clients, des ouvriers des chantiers voisins.
Des Pakistanais, des Portugais, des Maliens, des Chinois, des Colombiens (ou Argentins, Salvadoriens, Brésiliens, Chiliens, Jesépabien.)
Et des Roumains.

Un endroit un peu étrange quand même, avec des gros 4x4 (ou des grosses berlines) noirs garés devant la porte, des individus avec des liasses de billets de la taille d'une brique, un billard pas droit et ces serveuses qui avaient la fâcheuse tendance à changer souvent.

Bref, un endroit un peu vivant et un peu inquiétant.

Voilà que la semaine dernière, le rideau était fermé.

Pas de cantine, pas d' Oeuf - Mayo en tube, de panaché ni d'entrecôte décongelée.

Je me préparais donc à hurler contre l'infamie, sortir les pancartes contre les fast-foods qui tuent les bars aux plats du jour à l'hygiène chancelante et pleurer ma peine lorsque je suis tombé sur cet article:



Evidemment, vous comprendrez que j'ai vite rangé ma rébellion dans mon slip (et flippé rétrospectivement.)

J'adore les bars.
On y voit la vie.

Et parfois, on y vit une version roumaine des Affranchis.

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