vendredi 31 juillet 2015

Fortress Europe / Asian Dub Foundation



Ma prise de conscience de la notion de "Politique Internationale" a commencée lors de ma rencontre avec des chars qui roulaient sur des étudiants sur la place Tian'Anmen et des gens qu'on voyait pour la première fois, parce qu'ils avaient vécu toute leur vie derrière un mur et qu'ils avaient soudainement eu envie de le détruire.

Il faut comprendre qu'à cette époque, à l'école, L'Europe nous était alors présentée comme une sorte d'utopie formidable, une opportunité magnifique qui allait permettre aux pays membres de s'élever, de se serrer les coudes et de donner aux peuples la protection moelleuse de la démocratie et la promesse d'une vie simple et belle.

Une vie sans peur, où les Allemands, les Hollandais, Espagnols, Français, Italiens et tous les autres allaient partir à la découverte les uns des autres, conscients de faire partie de quelque chose de beau. Un tout à la mécanique de boîte à musique. 

Quelque chose de chouette.

Et nous sommes 26 ans plus tard.

Cet idéal ressemble maintenant à une vitre brisée, toutes ses espérances fêlées, les nations se recroquevillent de plus en plus les unes sur les autres, les frontières extérieures se ferment, les promesses d'autrefois sont oubliées, la suspicion monte, la peur grandit et on parle de plus en plus de problèmes et de moins en moins de chances.

La politique internationale devient de plus en plus national(ist)e et ceux qui rêvent d'Europe parce que là-bas, de l'autre côté de la Méditerranée ou des déserts d'Asie et des montagnes Afghanes, on ne tue les gens qu'au boulot, voient eux aussi un mur s'élever, plus grand, plus gros et plus épais et les ponts de plus en plus rares.

Evidemment, ma naïveté confondante vous fera sourire, mais le gamin qui est resté en moi ne pourra s'empêcher de repenser aux chars et aux murs, avec la trouille de les voir se rapprocher de plus en plus...

jeudi 30 juillet 2015

Alright / Kendrick Lamar



Il y a des causes qui méritent qu'on se lève, poing tendu, que l'on crie non, que l'on marche dans la rue et qu'on se révolte.

Des actes choquants, aux vieux relents de barbarie médiévale qui nous font soudain réaliser, que merde, au XXIème siècle de telles choses ne peuvent se produire, non mais c'est insensé!

Hier, le monde entier était choqué et ému de la mort brutale et sauvage d'un être qui avait l'air sympa, qui avait une famille, qui n'aspirait qu'à une vie tranquille, loin des malheurs et de la faim.

Le lion Cecil.
(Et vous connaissez mon amour pour les félins. Particulièrement les tigres des jungles mauves.)

Un lion avec une belle crinière noire, abattu par un pauvre homme avec certainement du vide dans la tête et certainement encore plus -de vide- dans le slip, au point de vouloir compenser en abattant le roi, pour une somme qui fera vivre deux familles pendant quelques temps au Zimbabwé, où je ne suis jamais allé et où je ne saurai dire si la vie est pire pour les hommes ou les lions.

Le monde, uni et soudé se levait pour hurler son dégoût.

Et pendant ce temps?

Pendant ce temps, aux amériques, où la disparition d'un lion faisait couler les larmes de Jimmy Kimmel, les noirs continuaient de tomber eux aussi sous les balles vilaines et moches de chasseurs en uniformes officiels.

La méditerranée continuait de se remplir de cadavres de réfugiés et les routes d'Asie et d'Arabie continuait d'être foulées des pieds des exilés.

Un migrant, qui lui aussi aspirait à une vie meilleure, loin des tourments de la faim et de la peur mourait dans le tunnel sous la manche.

Mais malheureusement pour eux, ils n'avaient pas de belle crinière noire.

Le Monde a donc pleuré Cecil le Lion, et ne les a pas pleurés eux, peut-être parce que dans leur cas, il était le chasseur.

Et c'est encore plus dommage pour ces malheureux, mais non seulement ils n'ont pas de belle crinière noire, ce qui est dommage parce que visiblement, ça les rend moins beaux, mais surtout, ils ne sont pas en voie de disparition. Au contraire, même.
Alors que finalement, il y aurait un moyen tout simple, assez bête, pour que les réfugiés, les migrants et les opprimés disparaissent pour de bon.

Qu'on arrête de les traiter comme des animaux.