Ma prise de conscience de la notion de "Politique Internationale" a commencée lors de ma rencontre avec des chars qui roulaient sur des étudiants sur la place Tian'Anmen et des gens qu'on voyait pour la première fois, parce qu'ils avaient vécu toute leur vie derrière un mur et qu'ils avaient soudainement eu envie de le détruire.
Il faut comprendre qu'à cette époque, à l'école, L'Europe nous était alors présentée comme une sorte d'utopie formidable, une opportunité magnifique qui allait permettre aux pays membres de s'élever, de se serrer les coudes et de donner aux peuples la protection moelleuse de la démocratie et la promesse d'une vie simple et belle.
Une vie sans peur, où les Allemands, les Hollandais, Espagnols, Français, Italiens et tous les autres allaient partir à la découverte les uns des autres, conscients de faire partie de quelque chose de beau. Un tout à la mécanique de boîte à musique.
Quelque chose de chouette.
Et nous sommes 26 ans plus tard.
Cet idéal ressemble maintenant à une vitre brisée, toutes ses espérances fêlées, les nations se recroquevillent de plus en plus les unes sur les autres, les frontières extérieures se ferment, les promesses d'autrefois sont oubliées, la suspicion monte, la peur grandit et on parle de plus en plus de problèmes et de moins en moins de chances.
La politique internationale devient de plus en plus national(ist)e et ceux qui rêvent d'Europe parce que là-bas, de l'autre côté de la Méditerranée ou des déserts d'Asie et des montagnes Afghanes, on ne tue les gens qu'au boulot, voient eux aussi un mur s'élever, plus grand, plus gros et plus épais et les ponts de plus en plus rares.
Evidemment, ma naïveté confondante vous fera sourire, mais le gamin qui est resté en moi ne pourra s'empêcher de repenser aux chars et aux murs, avec la trouille de les voir se rapprocher de plus en plus...