Chaque jour une chanson que je partage avec vous amis lecteurs.
Une chanson en fonction de mon humeur ou de l'actualité du jour.
Une chanson pour danser, pleurer ou tout péter.
Une chanson pour aider à affronter la journée.
Mes amis, quand vous vivez une période de canicule comme ces derniers jours, vous vivez une double peine.
Déjà, votre corps sue. Et pas qu'un peu.
Il sue de partout. Même d'endroits que vous pensiez pas qu'on pouvait suer. Même d'endroits que vous pensiez pas qu'ils existaient.
On sue du front, on sue du tronc, on sue des talons, on sue des coudes, on sue quand on boude, on sue assis, on sue debout, on sue le matin, on sue le soir, on sue direct en sortant dans la douche, on sue de la bouche, on sue des joues, on sue du cou, on suduku.
Et toute à votre sudation en train de planquer les 33 tours qui apparaissent gracieusement sous vos aisselles, arrive donc votre second malheur.
Le Poney. (ou la Ponette.)
Le Poney se reconnait facile. Il est bien coiffé, il a le teint frais, légèrement hâlé parce qu'il revient de vacances et qu'il pourrait bronzer en novembre à Roubaix (alors que nous, ben on est rouges. Avec une belle marque blanche, parce que nous ne bronzons pas malgré l'écran total, on brûle instantanément comme un vampire. Et on sue, donc.)
Il est décontracté, parce que le Poney est cool alors que nous, simples mortels, on a la chemisette / T-Shirt qui colle dans le dos, des gouttes de sueur qui tombent des sourcils (parce que oui, on peut suer des sourcils) et la semelle intérieure des sandales qui fait éponge.
Le Poney, il est même en costard, parce qu'il a une réunion et il ne sue pas. C'est pour ça que lui, il a pas honte de s'accrocher à la barre du métro.
La Ponette, pareil. Elle est fraîche comme une rose le matin. D'ailleurs elle a une fleur dans les cheveux, qui restera fraîche jusqu'au soir, quand elle ira boire un Mojito avec ses copines.
Alors que les pas ponettes, vous, mesdemoiselles simple mortelles, si vous mettez une fleur dans vos cheveux, elle va d'abord être trempée avant de mourir lamentablement au bout d'une heure.
Elle porte un paréo, mais sur elle, ça ne fait pas tapis de bain.
Elle a pas d'irritation de sueur sur sa peau de pêche rafraîchie de rosée.
D'ailleurs quand le poney et la ponette portent des sandales, ça ne fait pas schlap schlap schlap quand ils marchent.
Le Poney, il a le sourire alors que tout le monde sue, il monte dans le RER en trottinant et en faisant "hophop"
Quand il mange une pastèque pour se rafraîchir, il ne fait même pas goutter la pastèque dans un grand schlurp alors que vous debout dans le métro, vous renversez votre bouteille d'eau à chaque soubresaut (ce qui vous rend suant et mouillé.)
La Ponette, elle rigole alors qu'on veut mourir.
Et bien sûr, dans le métro bondé les jours de canicule, le Poney est collé contre la Ponette. Ils rient un peu et en sortant ils se marieront et auront des enfants pendant que vous, vous avez encore 8 stations le pif qui sue collé sous l'aisselle qui sue aussi de Demis Roussos.
Vous savez ce qu'il y a de bien avec la pluie qu'on se colle maintenant depuis le 12 septembre dernier et qui nous fait croire qu'on est encore en Novembre?
Ben du coup, l'ami Supporteur Irlandais, quand il vient pour l'Euro chez nous, il est pas dépaysé.
Il retrouve l'ambiance de sa verte contrée avec ses moutons (il y a bientôt des élections) ses bières et ses whiskys, parce que bon, on peut se le dire, c'est pas la peur de mourir mitraillés qui nous empêche d'aller en terrasse, c'est la pluie, mais ça ne nous empêche quand même pas de boire des coups.
Et ses chansons.
Alors, détendu, le supporteur Irlandais devient, avec Picasso, Chagall, Le Grand Palais, l'Océan, les rousses, les oursons guimauve et les vinyles, une de ces choses qui font que la vie vaut la peine d'être vécue.
Parce que sous la pluie, l'Irlandais est le soleil.
Pensez donc, nous sommes à deux doigts de nous taper sur le coin du museau sans attendre qu'une guerre nucléaire ou un Djihadiste saoul décide de nous décimer et eux, les Irlandais, ils arrivent chez nous pour l'Euro avec leurs chants et leurs whiskys, boivent nos bières et nous rappellent que même devant du foot, la vie est belle.
EXEMPLES :
Lorsque l'un d'eux, certainement un peu trop amateur de nos bières et de son whisky marche sur une voiture et en enfonce le toit, ben hop, ils glissent des billets à travers les portières pour payer les réparations et tapent sur la carrosserie pour lui rendre son aspect.
La classe Irlandaise.
A bordeaux, ces farceurs, pour montrer qu'ils sont romantiques la bière à la main, se mettent à 850 pour chanter la sérénade à une jeune fille, pendant que votre Jules, Mesdemoiselles, il rouspétait devant Portugal - Autriche et l'inefficacité chronique de cette tanche de Christiano Ronaldo.
L'élégance Irlandaise.
A Bordeaux toujours, au petit matin, après avoir chanté, ils ramassent leurs poubelles et nettoient le parc où ils s'étaient installés. En chantant. Et une bière à la main
Le respect Irlandais.
Et enfin, puisque visiblement ils ont bien aimé (les bars de) Bordeaux, en prenant le Tramway, et puisqu'ils sont sensibles, ils chantent une berceuse au petit bonhomme qui est là avec son père et enguirlandent les gugusses qui font trop de bruit.
La Délicatesse Irlandaise.
Du coup, je suis fier qu'ils soient nos adversaires en 1/8ème de finale dimanche et je serai bien sûr dans un pub pour assister au match.
Mais mon coeur saigne aussi un peu, parce que soit ils perdent et je serai triste et leurs supporteurs partiront, soit ils gagnent, et je serai triste parce que la France aura perdu.
Amis Irlandais, je vous aime et bien sûr, vous revenez quand vous voulez. (non pas que je souhaite violemment que vous partiez Dimanche.)
On chantera et on boira des bières. Et j'ai toujours dit que si vous n'aviez pas été aussi alcooliques, vous auriez dirigé le monde. Permettez-moi de me corriger.
Je crois que si nous avions tous bu et chanté comme vous le faites, nous aurions tous régné sur le monde ensemble et c'est bien la pluie qui nous aurait chassés de nos terrasses.
Oui, oubliez Deleuze, Heidegger, Jaspers ou Sylviane Agacinski, le verbe ne s'est jamais aussi bien exprimé qu'à travers la bouche d'un homme qui faisait parler ses poings.
Un homme qui un jour s'est levé et à coups de directs du droit et de paroles, a renversé à peu près toutes les barrières qui pouvaient exister. Non seulement pour lui, mais pour tous les noirs et pour la planète entière.
Comme je ne veux pas que ce blog finisse par ressembler à une interminable chronique nécrologique, en souvenir de The Greatest, nous allons nous lever et danser (avec l'aide du groove affolant de James, bien évidemment.)
Faisons simple, des mecs de ce calibre, il en existe un par siècle, à peu près.
Muhammad Ali ne boxait pas, il dansait.
Il dansait avec légèreté. Il volait sur le ring, esquivait, glissait et assommait.
Surtout, Ali se tenait debout et chacune de ses paroles, chacun de ses gestes, tout son corps, toute son âme le criait: I'm Black and I'm proud.
Et son verbe assommait plus que ses poings.
Un roi qui parle. Un verbe incarné, une parole de feu qui se gravait pour toujours dans le marbre de l'histoire et dans l'esprit des gens.
Car Ali ne parlait pas finalement. Il éclairait.
Noir et fier, il n'a jamais renié ses convictions.
Il a refusé de partir au Viet-Nam. ça lui a coûté son titre de champion du monde, son droit de boxer et sa liberté.
Il refuse les pronostiques qui annoncent qu'il va se faire réduire en bouillie par George Foreman à Kinshasa.
Foreman, un bulldozer humain, impitoyable puncheur invaincu à l'époque en 40 combats. Dont 37 KO.
Ce 30 Octobre 1974, dans la nuit Zaïroise, il refuse le destin qu'on lui promet et forge le sien à la 8ème reprise en terrassant son opposant.
Noir et Fier, il annonçait être le plus grand, le plus rapide, le plus malin et le plus beau.
Et il avait raison.
Il dansait sur le ring, il dansait avec les mots mais féroce, la vie lui a volé cette grâce.
Et Philosophe, encore une fois, il acceptera que son créateur le mette à l'épreuve physiquement et encore une fois, refusera que son esprit soit moins vif.
Il est le seul dont l'étoile sur Hollywood Boulevard est accroché sur un mur et non dans le trottoir. Parce qu'il ne voulait pas que son nom soit piétiné.
Parce qu'il était noir et fier.
Une dernière fois, en hommage au Greatest, dansons.
Vous
noterez l'audace, que dis-je, l'aspect résolument anticonformiste, limite
rebelle, de la question.
Un
truc engagé avec du poids et qui dénonce.
Bref,
j'attends la volée de bois vert, les insultes et les menaces de mort (lente et
douloureuse ou violente et douloureuse aussi.)
NTM,
meilleur groupe de rock français.
Et
ouais.
Pourquoi?
Bon.
Déjà ils s'appellent NTM.
"Nique
Ta Mère"
Voilà,
Bim, ils t'annoncent la couleur et te préviennent qu'ils ne feront jamais de
reprises de Jean-Jacques Goldman.
Nique
Ta Mère, c'est pas pour donner un côté poésie
sombre-et-révoltée-parce-que-tu-vois-on-est-profonds-mais-torturés-aussi de
"Noir Désir", pas de délire Pop, technologie et Télécommunications à
la "Téléphone" et faut avouer que c'est directement compréhensible et
clair.
C'est
pas un truc obscur à la "Lofofora" que tu sais même pas ce que ça
veut dire sauf 28 fans qui te diront que "Mais si, crétin, c'est le nom
scientifique du Peyotl" pour montrer qu'ils sont des rebelles.
NTM,
ça sonne comme "Rolling Stones" ou "Megadeath" (ou plein
d'autres noms de groupes en -death), ces groupes anglo-saxons qu'on écoute très
fort dans le baladeur ou dans la voiture (alors que les groupes de rock
français, on écoute pas très fort, c'est parce que les paroles sont profondes,
chuut.)
On
les écoute en cachette, comme les parents écoutaient les Stones et Led Zep en
cachette.
Ensuite,
parce que ces mecs, sur scène, à eux deux avec leurs instrus meurtrières et
leurs lyrics assassins, ils foutent plus le dawa qu'un groupe complet et
franchement, on risque pas de s'enquiquiner.
Parce
qu'ils ont souvent joué dans des festivals et qu'ils passaient derrière des
groupes de rock qui envoyaient un son lourds avec leurs instruments.
Du
coup, les deux lascards du neuftrois se devaient d'assurer derrière. D'autant
que quand tu t'appelles NTM, faut montrer la couleur de l'oseille. Tu peux pas
te permettre de jouer les peureux.
Certains
groupes ne s'en sont jamais remis.
Parce
que Benjamin Biolay le dit.
Alors
on peut dire ce qu'on veut sur les tendances névropathes de
l'auteur-compositeur du superbe "La Superbe" mais il faut reconnaître
que le monsieur, il a une oreille. Du coup, il est crédible quand il parle
musique.
Même
quand il dit ça:
Parce
qu'ils sont la subversion mais qu'ils sont pas si cons.
Dans le difficile exercice de
l'artiste-face-aux-politiques-sur-un-sujet-de-société (et même l'exercice
encore plus casse-gueule et cliché du rappeur-qui-parle-des-banlieues) ben pas
de bol pour les politiques, ils sont meilleurs qu'eux.
Sous leur airs de demeurés analphabètes
avec leurs casquettes et leurs T-Shirts trop grands, ces types sortent du
vocabulaire, de la punchline qui froisse, une réflexion, et il faut bien l'avouer,
une grande gueule.
Comme en 1996, face à Eric Raoult
(après, vous me direz, cartonner Eric Raoult, c'est pas difficile, vu la bêtise
crasse qui transpire chaque fois qu'il ouvre la bouche) où ce dernier, sans
broncher, ira même jusqu'à rejeter la faute de la situation des banlieues sur
le duo plutôt que de regarder l'énorme poutre qui se trouve dans son oeil et de
faire profil bas...
Parce qu'ils représentent plus
que la subversion.
Ils sont un contre-pouvoir. La
parole de ceux qu'on n'écoute pas.
Non, de ceux dont on essaye poliment d'oublier l'existence parce qu'ils ne
"peuvent pas comprendre".
Mais une parole qui gueule,
éructe, crache, injurie et choque. Et peut même se permettre de faire réfléchir
un peu. (En plus de jouer les visionnaires.)
Comme un groupe de Punk anglais.
Qu'est-ce qu'on attend - 1995
Qu'est-ce qu'on attend date de
1995.
21 ans. Mais quand on l'écoute,
en fait, cette chanson date de demain.
Les année passent, pourtant tout est toujours à sa place Plus de bitume donc encore moins d'espace Vital et nécessaire à l'équilibre de l'homme Non personne n'est séquestré, mais s'est tout comme C'est comme de nous dire que la France avance alors qu'elle pense Par la répression stopper net la délinquance S'il vous plaît, un peu de bon sens Les coups ne régleront pas l'état d'urgence A coup sûr... Ce qui m'amène à me demander Combien de temps tout ceci va encore durer Ca fait déjà des années que tout aurait dû péter Dommage que l'unité n'ait été de notre côté Mais vous savez que ça va finir mal, tout ça La guerre des mondes vous l'avez voulue, la voilà Mais qu'est-ce, mais qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu ? Mais qu'est-ce qu'on attend pour ne plus suivre les règles du jeu ? REFRAIN Je n'ai fait que vivre bâillonné, en effet Comme le veut la société, c'est un fait Mais il est temps que cela cesse, fasse place à l'allégresse Pour que notre jeunesse d'une main vengeresse Brûle l'état policier en premier et Envoie la république brûler au même bûcher, Ouais ! Notre tour est venu, à nous de jeter les dés Décider donc mentalement de s'équiper Quoi t'es miro, tu vois pas, tu fais semblant, tu ne m'entends pas Je crois plutôt que tu ne t'accordes pas vraiment le choix Beaucoup sont déjà dans ce cas Voilà pourquoi cela finira dans le désarroi Désarroi déjà roi, le monde rural en est l'exemple Désarroi déjà roi, vous subirez la même pente, l'agonie lente C'est pourquoi j'en attente aux putains de politiques incompétentes Ce qui a diminué la France Donc l'heure n'est plus à l'indulgence Mais aux faits, par le feu, ce qui à mes yeux semble être le mieux Pour qu'on nous prenne un peu plus, un peu plus au sérieux REFRAIN Dorénavant la rue ne pardonne plus Nous n'avons rien à perdre, car nous n'avons jamais eu ... A votre place je ne dormirais pas tranquille La bourgeoisie peut trembler, les cailleras sont dans la ville Pas pour faire la fête, qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu Allons à l'Elysée, brûler les vieux Et les vieilles, faut bien qu'un jour ils paient Le psychopathe qui sommeil en moi se réveille Où sont nos repères ? Qui sont nos modèles ? De toute une jeunesse, vous avez brûlé les ailes Brisé les rêves, tari la sève de l'espérance. Oh ! quand j'y pense Il est temps qu'on y pense, il est temps que la France Daigne prendre conscience de toutes ces offenses Fasse de ces hontes des leçons à bon compte Mais quand bien même, la coupe est pleine L'histoire l'enseigne, nos chances sont vaines Alors arrêtons tout, plutôt que cela traîne Ou ne draine même, encore plus de haine Unissons-nous pour incinérer ce système
Trouverez-vous,
aujourd'hui, paroles plus actuelles et qui collent plus à la situation dans
laquelle nous sommes?
Difficilement,
confessez-le.
Déjà, on peut dire
qu'il y a une réflexion intéressante dans ce pamphlet à ranger aux côtés de
Anarchy in the UK des Sex Pistols (ou d'Hexagone de Renaud pour les plus polis
d'entre vous, lecteurs) mais aussi un vocabulaire bien plus étoffé qu'on
pourrait le croire et une volonté farouche de remuer le couteau dans la plaie,
d'y verser du sel et de taper dessus derrière pour que ça fasse mal.
Politiques
désastreuses des quartiers, colonialisme, consanguinité de la politique
française qui nous montre toujours les mêmes tronches à longueur d'élections,
misère citadine mais aussi rurale, pertes de repères et de libertés
individuelles...
Il faut vous y faire.
Ces types à casquettes ne parlent certainement pas de la banlieue. Leur vision
est beaucoup plus large et hurlée dans vos oreilles.
Parce que quand je
les ai vus, le 18 Avril dernier (et que j'avais donc de nouveau 17 ans Mais
sans l'acné. Mais avec les douleurs au dos, aux articulations et partout
ailleurs. Je me sentais plus vieux que ces gaillards de 50 piges qui sautaient
partout.) , ils ont fait un Mash-Up de cette bombe de Seine Saint-Denis Style
avec Smell like Teen Spirit de Nirvana.