vendredi 22 octobre 2010

The Fool on the Hill / The Beatles



Hier soir, je suis allé chez mon psy.

Et chez mon psy il y a une salle d'attente.

Et j'ai ouvert la porte de la salle d'attente...

Alors je voudrais d'abord préciser une chose avant que ce récit ne tombe dans l'irrationalité la plus folle et une ambiance digne d'un asile de dinguos genre Arkham.

Je vais voir un psy, certes, mais je ne suis pas complètement déglingué non plus.

Loin de moi les pulsions schizophrènes qui me poussent à manger mes voisins ou empailler des animaux croisés au hasard des rues.

Non, je n'ai pas pour objectif de faire chauffeur de bus scolaire dans l'Yonne (ou les Ardennes.)

Et enfin, je ne suis nullement atteint de délires paranoïaques qui me font voir des complots partout visant à me nuire, surtout de la part des taxis et des filles (bon, pour les filles, il y a quand même doute...)

Ironie mordante de mon karma en mousse, hier matin, en sortant de chez moi à l'aube, quand la rosée n'apparaît pas et que le RER est pépère, j'ai croisé un dingue.
Un vrai, avec des tics et tout.

Je sors de chez moi, tôt, donc et il me saute dessus en hurlant "personne!", je réponds "qui?" dans un geste d'une audace folle et il me re-hurle "personne" avant de gesticuler très fort dans toute les direction en psalmodiant des incantations bizarres.
Là, je faisait le type intéressé par ce vaudou improvisé, mais intérieurement, je récitais très vite des jevousalumarie et j'insultais une fois de plus la roue voilée de mon destin bancal qui ne perdait pas de temps pour me foutre dans les pattes d'un psychopathe.

Il m'expliquait rapidement qu'il ne fallait "voter pour personne, jamais, voila, personne, argl, jamais, tous des pourris, rargl, salopes" et il est parti terroriser d'autres gens.

Là, arrogant, je me dis, et voilà, je me colle encore un type complètement entamé avant 8 heures du matin.

Ce que je ne savais pas, c'est que le soir même, l'entamé n'allait pas être le même pour tout le monde...

J'ouvre la porte de la salle d'attente, donc et là (hasard?) une (jolie) fille.

"Bonsoir", murmure-je solennellement comme on le fait entre gens classes suivant une thérapie mais polis quand même.

"Bonsoir" répond-elle doucement avec le sourire de celle qui trouve sa vie plutôt bien faite.

Je me retourne pour fermer la porte et là, je lance (fort) un "Ho!" gangréné par la surprise et l'abrutissement, car la poignée me reste dans la main et le ploc sourd que j'entends est l'autre bout de la clenche, CELUI AVEC LA TIGE DE METAL QUI SERT A ACTIONNER LA SERRURE qui tombe sur le tapis de l'autre côté.

(forcément, à ce moment-là, je perds de ma superbe et ma classe nonchalante qui se dégageait au moment de mon "bonsoir" solennel a donc disparu. Le tigre du bengale a disparu, retourné à sa jungle profonde et impénétrable des magiciens de la vie et je redeviens le nasique enrhumé.)

Je reste un peu ahuri à fixer ma clenche dans la main puis la porte puis de nouveau la clenche avant de me tourner vers la (toujours jolie mais vachement moins souriante) fille qui lâche "ah ben ça".

Je bradouille (contraction gênée de honte de bafouille et bredouille) un misérable "je suis vraiment désolé" pathétique.

Mais je crois que là ou la pauvre a vraiment dût me prendre pour un allumé total (et se dire que son psy allait être une star de "faites entrer l'accusé" en étant interviewé comme thérapeute de l'accusé) c'est quand j'ai mis la clenche dans ma poche.

Pas pour la piquer, j'en ai rien à foutre d'une clenche, j'en ai plein chez ouame des clenches, même si j'ai qu'une porte dans mon appartement, j'ai autant de clenches que je veux d'abord, c'est comme ça et puis c'est tout, si je veux des clenches, même si elles ne servent à rien, j'ai le droit d'en avoir autant que je veux. Non mais

Naaaan, je l'ai mise dans ma poche comme par réflexe, pour cacher l'objet du délit.

Je me suis rendu compte presque instantanément du caractère anxiogène que mon geste pouvait avoir, puisque je l'ai aussitôt retirée de ma poche pour la poser sur la table.
Et là, c'était pire, cette petite poignée ronde me fixait lourdement du regard, c'était ridicule.

Quand notre psy nous a libérés presque 30 minutes plus tard, terriblement amusé par la situation (mais en même temps un poil gêné d'avoir des clenches aussi pourries, non mais c'est vrai quoi, on a pas idée d'avoir des clenches pourries, c'est pas possible) la fille ne parlait plus et ne souriait plus non plus et était blanche (et je pense que sa séance à du être épique) et moi, j'avais disparu sous le tapis.


Cette expérience ne m'a pas rassuré quand au fait qu'il y a bien une conspiration internationale visant à me nuire auprès des filles...

6 commentaires:

Schtroumpf Grognon a dit…

Moi, je pense que c'est au moment où tu as dit le mot 'clenche' qu'elle t'a regardé bizarrement .... Elle devait pas être lorraine, tout simplement !!!

Unknown a dit…

ahahahah oui schtroumpf grognon!!!!

moyenman a dit…

Ah, c'est pas con.

Bon après, le mot clenche n'est pas non plus le mot le plus effrayant du monde, comme, je sais pas, Brocolis, Gastro-entérite, Sport ou Travail.

Il parait que les Québécois aussi emploient le mot clenche.

ça, c'est flippant...

Anonyme a dit…

Hi hi hi !
Prochaine étape, l'assurance ! Garder son sang froid et profiter de ce temps avec cette jolie fille pour discuter calmement (et lui prouver qu'elle n'a pas à flipper d'être enfermée avec toi).

Miss-E

Anonyme a dit…

PS : "Pouuuuuurquoi, pourquoi tout ça n'arrive qu'à moiiii ? Et pourquoi est-il tombé sur moiiii ? Mais qu'ai-je donc fait ? Qu'ai-je donc fait pour mériter ça-ààà ?"
:)

Miss-E

Anonyme a dit…

Elle t'a peut être regardé bizarrement car elle voyait des petits bonhommes bleus derrière toi... Où qu'elle pensait que la terre changerait de sens si la clenche tombait...Tu ne sais pas pourquoi elle était là ELLE. ;)

Jelly