vendredi 3 août 2012

Trio Opus 11: Adagio / Ludwig Van Beethoven




Puisqu'il faut tirer avantage de toute chose, il faut bien tirer avantage du trafic interrompu de la ligne 4 de métro (certainement en raison d'une mort atroce et douloureuse ou d'un problème d'acheminement de chauffeur, en retard à son boulot parce que lui-même coincé dans un métro en panne. Ligne 7 Bis.)  quand vous désirez rentrer chez vous après une journée que les spécialistes de la City et de Wall Street qualifient dans leur jargon technique de "franchement dégueulasse"

Arrivé Gare du Nord jeudi après une journée "Franchement Dégueulasse" donc, j'ai un instant cru pouvoir prendre le métro, ballet berçant de portes et de klaxons pour rentrer péniblement chez moi, mais la présence d'un cordon de sécurité tendu par des militaires stationnés comme des pions de jeu d'échecs aux entrées de la station ainsi que le ballet hystérique de messieurs qui portaient des parkas fluos très moches où le mot SAMU clignotait en bleu m'a finalement donné un indice plus que solide quand à mes probabilités d'être chez moi rapidement.

Je suis donc rentré à pieds, remontant le boulevard Magenta au milieu des vélos, des jupes et des poussettes.

J'ai sorti mes lunettes de soleil car Hélianthe mon ami me réchauffait les joues et me donnait envie d'acheter des tournesols.

Et au milieu du vacarme des bus, des magasins de mariages, des vélos et des jupes qui se soulevaient au gré de pas légers comme des danses, j'ai entendu, sortant d'une fenêtre grande ouverte, cette merveille de vent et de cordes.

Alors, je me suis arrêté, au milieu de la foule bigarrée et bagarreuse, je me suis assis et tout le franchement dégueulasse (comme disent les scientifiques) s'est envolé.

Emporté par cette tempête de notes.


Je n'ai pas vu les magiciens qui pratiquaient ce tour fabuleux, tout au plus un bout de manche de violoncelle qui se balançait comme un mât de bateau.

Je n'ai finalement vu que la beauté du geste, ce qui rend cet instant d'autant plus magique.
Les sorciers ne révèlent jamais leurs secrets.


Il est bon de ne pas avoir de métro parfois.








Ne me croyez pas incollable en blind test sur la musique classique, je reconnais déjà pas un do d'un la.

Mais vette musique, je l'ai reconnue car elle est dans le formidable film "La Crise" de Coline Serreau que je vous invite à regarder sur-le-champ si vous désirez bien vivre la vôtre.


4 commentaires:

k2103 a dit…

Merci pour cette superbe poésie qui me permet enfin de retrouver cet adagio merveilleux de Beethoven, la référence fournie au générique du film (Trio no 3 en ut mineur) étant erronée.

Anonyme a dit…

Merci beaucoup, j'ai longtemps cherché également à retrouver cette musique que j'ai découvert dans la crise et qui peut nous transporter à des années lumières de nos problèmes... je viens de l'écouter au soleil dans le jardin et çà, çà n'a pas de prix !

Anonyme a dit…

Merci ça fait une semaine que je cherche cette musique et OH magie tu me la trouve😍😍😍😍 courage dans le métro lol

Elodie a dit…

Magnifique commentaire .... belle description de la jungle citadine qui laisse tout à coup entrevoir ce merveilleux morceau.... J'dore également le film et cette musique !

Elodie