mardi 23 octobre 2012

You Only Live Twice / Nancy Sinatra







Depuis le temps que nous nous connaissons, je me disais qu'il était temps qu'enfin je lève le voile sur mon mystérieux passé et vous révèle une partie de la formidable personnalité qui vous: distrait / fait rire / enrichit spirituellement / fait rêver / rend jaloux / saoule / amuse.

Aujourd'hui, je vais vous apprendre un truc dingue.


                                     Le Jour où j'ai failli être un agent secret (sans dèc.)



Ce jour remonte à longtemps avant Zinedine Christ.

Nous étions en 1998, j'étais en terminale, je ne pensais pas à mon bac et je regardais souvent par la fenêtre.
A cette époque, à deux-trois détails acronymistiques près, j'ai failli devenir un espion.

Un jour, un beau jour de mai. Ou d'avril peut-être. Un jour, notre professeur principal prend un air grave et un stylo et nous dit:

"Bon, les enfants, la semaine prochaine, nous allons visiter le C.I.A"

Je détourne alors mon regard de la fenêtre, regarde mon professeur principal qui regardait la classe en tenant fier et souriant son stylo et milles images me viennent aussitôt à l'esprit.

Des codes, des montres-laser-boussole-décapsuleur, des secrets d'état, des smokings, des espionnes, des chaussures-poignard-décapsuleur, des lunettes à rayons X pour voir à travers les vêtements des filles espionnes, des photos-satellite, des pistolets, des smokings pare-balles, des stylos-caméra, des stylos-décapsuleurs, des téléphones portables (oui, ben on était en 1998, à cet époque, c'était réservé aux espions) des smokings qui rendent invisible (oui, j'ai une obsession pour les smokings) des chewing-gums explosifs, des voitures avec des missiles et un siège éjectable et plein d'autres trucs super cools qui font que la vie vaut la peine d'être vécue.

Je me vois déjà, en smoking, à siroter un Vodka-Martini (au shaker et pas à la cuillère, gougnafiers!) à tenter de draguer tirer des informations de cette russe rousse tout en flinguant à tout va des terroristes sans scrupules, à voyager dans des contrées lointaines et exotiques remplies de tigres du bengale et de filles belles à rendre jaloux les jardins suspendus de Babylone qui sortiront de l'eau en bikini blanc et à infiltrer des repaires secrets taillés dans des volcans en activité et dans lesquels on ne peut pénétrer quand par un passage creusé sous la mer.
En conduisant une Aston Martin (ou une Ford Mustang, je ne suis pas difficile).
Le tout, facile, décontracté et à la cool.
En smoking.

Sauvant le monde en disant que mon nom était Moyen. Jean Moyen.

Et puis je me suis dit que le Lycée qui me scolarisait avait méga-la-classe de nous emmener à Langley, en Virginie, au siège de l'agence de renseignements les plus célèbres de la planète.

Alors mon professeur nous a dit que le bus partait mercredi prochain à 8 heures pour Epinal et qu'il ne fallait pas être en retard.

Ah.

Epinal.

Epinal, c'est dans les Vosges.

La C.I.A a une antenne à Epinal?
Bon, après tout, ce sont les vosges, certainement nid de contre-espionnage, d'agents doubles et d'opérations secrètes au temps de la guerre froide, quand se croisaient agents britanniques, russes, est-allemands, américains et bien sûr français, donc les services secrets américains ont certainement gardé une antenne depuis ce temps.

Là, je me dis que j'ai beau être dans un lycée agricole, ben mon lycée agricole a la classe.

Et puis mon professeur nous fait encore rêver un peu en nous annonçant que nous aurons droit à des démonstrations de prélèvements (prélèvements de quoi? D'informations secrètes du cerveau même d'un terroriste? prélèvements d'empreintes digitales sur des mallettes bourrées d'explosifs? ) et que nous pourrons discuter avec des agents de contrôle.

Fuck.

Discuter avec Jack Ryan.

Epinal, je te kiffe, me voilà.

C'est quand il a commencé à parler cheptel, bestiaux et génétique que j'ai reniflé l'entourloupe.

Le Mercredi suivant, j'ai donc eu la joie de visiter le C.I.A.A. (j'avais pas entendu le deuxième A.)

Pas d'agents secrets en smokings, des agents de prélèvements en combinaisons blanches qui ressemblaient au préservatif de Godzilla, pas de gadgets ultra-sophistiqué mais des génisses gonflables et autres sex-toy pour taureaux et étalons.

J'étais sous la pluie devant le Centre d'Insémination Artificielle Animale d'Epinal

(Le truc le plus glamour / classe / cool / glauque / du monde (rayez la mention inutile.)

Ce qui, pour un élève en terminale Sciences et Technologies Agricoles et de l'Environnement spécialité Techniques Animales, peut paraître nettement plus logique que d'aller en jet à Langley pour taper un brin de causette avec Jack Ryan ou James Bond en sirotant un Vodka-Martini à la cuillère (et pas au Shaker, bordel!)

Pas de codes secrets pour entrer, une banale porte à double battant.
Pas d'ordinateurs ultra-performants qui contrôlent tous les satellites en orbite sur la planète mais quelques microscopes même pas électroniques.
Pas de stands de tir mais un enclos avec une génisse gonflable pour aider ces charmants reproducteurs bovins.
Pas d'espionnes rousses mais une secrétaire blasée.
Pas d'Aston Martin ni de Ford Mustang bourrées de gadgets fous mais des Peugeot Partner avec des autoradios. (autoreverses.)

Imaginez ma déception.




Bon, pour faire espion quand même et parce que sa vie, il faut l'imaginer pour pouvoir la vivre, une photo satellite.
ça ressemble presque à une base secrète...





























Vendredi, sort Skyfall, le nouveau James Bond.

Un film avec un agent secret en smoking, des gadgets, des filles belles à faire arrêter la Terre de tourner, de l'action, des paysages exotiques, un générique légendaire, des armes secrètes.
J'irai le voir en souvenir de ce jour de 1998, où j'ai failli devenir un agent secret.

Parce que je l'avais rêvé assez fort.





































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