mercredi 20 janvier 2016

Hors-Série Spécial Paris

Alors je voudrais pas faire le relou qui dit "Je vous l'avais bien dit" mais quand même je vous l'avais bien dit.

David Bowie, Alan Rickman, Glenn Frey, Otis Clay, Michel Delpech, Michel Galabru, Ettore Scola...

Merci 2016, t'es déjà toute naze.

L'occasion de se rappeler que 2015 était pas super non plus.

En gros, elle pouvait se résumer à "peur" "cris" "larmes" "poussière" "sang" "horreur" "ça craint" "front national" "Kev Adams" et "Paris"

Paris.

Paris fait tâche dans ce champ lexical de l'angoisse et du mauvais goût.
Paris, finalement, est trop jolie et libre pour qu'on puisse l'associer comme ça à des trucs aussi moches.
Paris, t'es trop stylée.

Vous connaissez déjà mon amour pour ses bars, je pourrais rajouter ses salles de cinéma, ses disquaires, sa Seine et ses bassins des Tuileries, son Grand Palais, Montmartre et le Moulin Rouge, ses musées, ses salles de concert, ses bars, parce que vraiment, je les aime, ses pavés, ses escaliers, ses quais, ses toits, ses impasses et ses boulevard, ses places, ses îles, ses canaux, ses néons et ses marchés. (enfin, surtout ses verres de champagne au marché de Noël)

Et un million de choses cachées.


Alors pour la célébrer, je vous propose mon top 10 des chansons qui parlent de ma cité.




Rive Gauche / Alain Souchon




Parce que je ne la connais pas bien. La rive gauche. Je préfère la rive droite, plus populaire, bizarre et biscornue. Mais quand La Souche la chante, on croise l'esprit de Gainsbourg et Miles Davis (ce qui est pas mal, faut bien le dire, comme compagnons de balade. On aurait pu tomber sur Kev Adams et Christophe Maé. Ou Mélanie Laurent.)
Il la rend mélancolique et bien plus vivante que ce Musée à ciel ouvert qu'elle risque de devenir. Il la rend romantique. Pas autant que Montmartre et Pigalle (oui, Pigalle peut parfois être romantique) mais romantique quand même. On sent l'automne, les feuilles qui tombent, les trompettes des années 50, le bruit des pages que l'on tourne des livres qu'on potasse en terrasse.
Elle nous rappelle surtout que Paris est poétique.




April in Paris / Ella Fitzgerald & Louis Armstrong




Parfois, il faut un regard extérieur pour se rappeler qu'on est chanceux. Et quand des Dieux comme eux deux chantent que le printemps reviens, j'avoue que c'est compliqué de se mettre à rouspéter.
Oui, je vis les plus beaux printemps de l'histoire de l'humanité et des printemps dans la plus belle ville de l'univers.
Parce que même si parfois, en Avril à Paris, il faut ressortir la petite laine, il suffit de la regarder pour sentir son coeur se réchauffer.

Evening in Paris / Quincy Jones




Un morceau qui donne envie de se promener la nuit dans la Capitale. Même à Stalingrad. Bon, faut avouer que c'est une soirée tranquille qu'il se prépare, le Quincy. On voit qu'il va pas aller aux Bain-Douches. Il va se boire un whisky tranquille, sur une terrasse, à admirer les scintillements de la ville lumière.

Il est 5 heures, Paris s'éveille /Jacques Dutronc




Oui, cette chanson, forcément.
J'ai plusieurs fois eu la chance de traverser le 18ème arrondissement au lever du soleil, à des heures où le temps n'a pas encore tout à fait redémarré.
En rentrant chez moi.
(oui, je sais, c'est tard. Je préfère me dire que c'est pile-poil la bonne heure pour apprécier la vie et oublier qu'on est un peu ivre.)
Et ben, c'est un peu comme le dit la chanson, et même un peu plus encore. J'ai vu la garde républicaine répéter pour la parade du 14 juillet dans des rues sans voitures, j'ai vu des gens pleurer et d'autres s'embrasser, j'ai vu des bars fermer et des cafés ouvrir. J'ai vu des accidents de vélo. Des éclats de rire, J'ai vu des africains boire du thé sur des chaises pliantes, en parlant des dialectes lointains. J'ai accepté leur thé. C'était au mois de Juillet et on a parlé football.
J'ai vu des choses que je ne verrai pas à une autre heure. J'ai vu une autre ville.

Paris sous les Bombes / Supreme NTM




Ici, on parle de bombes de peinture, pas de bombes qui tuent. On parle de tags et de graffitis.
Parce que Paname n'est pas polie. Paname râle, grogne et cogne.
Paname dit des gros mots, rouspète, crache par terre, mais c'est pour ça qu'elle est Paris. Un peu libre, un peu jolie, un peu gentille, un peu malpolie.


Bercy Madeleine / Pierre Perret



Le métro, c'est une aventure en soi. On côtoie des gens parfois bizarre, parfois méchants, souvent indifférents, on traverse des continents, on sent mauvais, on sue, on se perd, on attend, longtemps, on retourne au point de départ et on s'endort.
Mais le métro est justement une aventure. Justement, on traverse des continents, des boubous de Château-Rouge aux asiatiques d'Olympiades. C'est pour ça que j'adore m'y perdre, attendre, longtemps et retourner au point de départ.)
Un de mes meilleurs souvenirs parisiens restera cette fois ou Hobbes est moi on est allé volontairement se perdre à Télégraphe en prenant des lignes de métro au hasard. Parce qu'on était des explorateurs.

Le Poinçonneur des Lilas / Serge Gainsbourg



Restons dans le métro, justement, puisqu'il n'est pas qu'un terrain de jeu pour explorateurs amateurs.
Il réchauffe les clodos, donne une voie aux paumés, un toit aux non logés et des voyages aux sans congés. Le métro, c'est une autre ville, un autre Paris, où ceux qui se sont levés (ou ne se sont pas couchés) à 5 heures continuent de déambuler.

Ma Rue / Doc Gynéco




Comment parler de Paris, sans parler de mon quartier?
Parce que dans mon quartier, je suis une minorité. C'est moi l'étranger. Et pourtant, on y parle français, on cherche à s'entraider et on y chante du zouk l'été. J'essaye d'apprendre l'arabe avec mon boulanger et mon voisin boucher (d'ailleurs Monsieur Akoui, il faudra m'apprendre comment on dit "voulez-vous danser?") et samedi dernier, j'ai été aider les sans-papiers à remplir ceux qu'on leur avait donné.
Le doc chante tout ça, parce qu'il vient de là-bas.

Où est-il donc? / Fréhel (Bande Originale du Film Pépé le Moko)






Parce que Paris est cinématographique, mais surtout, Paris est une nostalgie.
Avec Caro-Magnonne, devant l'excellent documentaire d'Arte "Les Aventuriers de l'Art Moderne", on se disait que finalement, on était arrivés à la mauvaise période. Parce qu'elle est moi, on est des aventuriers et des desperados, mais surtout, elle est poète et littéraire et je suis curieux et bistroteux (si! ça se dit!)
Et, soupirants que connaître Pigalle à cette époque nous aurait bien plu, on se disait que quand même, on était arrivés pile au bon moment dans nos quartiers. Et que plus tard, on en sera nostalgiques.

Ni**as in Paris / Jay-Z &. Kanye West




Voilà.
L'Alpha et l'Omega.
Cette chanson qui est devenue encore plus un hymne pour moi.
Parce que quand vous avez deux champions poids lourds de ce calibre qui déboulent et pulvérisent le monde en clamant leur amour pour Paris, ben ça fait plaisir, Bitch.
Oublie Los Angeles, Hong_Kong, Londres ou Berlin, Bitch, Paris is the new New-York, nigger.
Alors sur cette chanson, poussez le volume à 11 et dites-vous qu'on nous envie.
Pour notre créativité, notre culture, notre histoire, notre richesse, notre architecture, notre image.


Mais surtout pour notre liberté.



Paris, je t'aime.
Parce que jusqu'ici, chaque jour, tu me l'as montré.



Aucun commentaire: