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mercredi 20 janvier 2016

Hors-Série Spécial Paris

Alors je voudrais pas faire le relou qui dit "Je vous l'avais bien dit" mais quand même je vous l'avais bien dit.

David Bowie, Alan Rickman, Glenn Frey, Otis Clay, Michel Delpech, Michel Galabru, Ettore Scola...

Merci 2016, t'es déjà toute naze.

L'occasion de se rappeler que 2015 était pas super non plus.

En gros, elle pouvait se résumer à "peur" "cris" "larmes" "poussière" "sang" "horreur" "ça craint" "front national" "Kev Adams" et "Paris"

Paris.

Paris fait tâche dans ce champ lexical de l'angoisse et du mauvais goût.
Paris, finalement, est trop jolie et libre pour qu'on puisse l'associer comme ça à des trucs aussi moches.
Paris, t'es trop stylée.

Vous connaissez déjà mon amour pour ses bars, je pourrais rajouter ses salles de cinéma, ses disquaires, sa Seine et ses bassins des Tuileries, son Grand Palais, Montmartre et le Moulin Rouge, ses musées, ses salles de concert, ses bars, parce que vraiment, je les aime, ses pavés, ses escaliers, ses quais, ses toits, ses impasses et ses boulevard, ses places, ses îles, ses canaux, ses néons et ses marchés. (enfin, surtout ses verres de champagne au marché de Noël)

Et un million de choses cachées.


Alors pour la célébrer, je vous propose mon top 10 des chansons qui parlent de ma cité.




Rive Gauche / Alain Souchon




Parce que je ne la connais pas bien. La rive gauche. Je préfère la rive droite, plus populaire, bizarre et biscornue. Mais quand La Souche la chante, on croise l'esprit de Gainsbourg et Miles Davis (ce qui est pas mal, faut bien le dire, comme compagnons de balade. On aurait pu tomber sur Kev Adams et Christophe Maé. Ou Mélanie Laurent.)
Il la rend mélancolique et bien plus vivante que ce Musée à ciel ouvert qu'elle risque de devenir. Il la rend romantique. Pas autant que Montmartre et Pigalle (oui, Pigalle peut parfois être romantique) mais romantique quand même. On sent l'automne, les feuilles qui tombent, les trompettes des années 50, le bruit des pages que l'on tourne des livres qu'on potasse en terrasse.
Elle nous rappelle surtout que Paris est poétique.




April in Paris / Ella Fitzgerald & Louis Armstrong




Parfois, il faut un regard extérieur pour se rappeler qu'on est chanceux. Et quand des Dieux comme eux deux chantent que le printemps reviens, j'avoue que c'est compliqué de se mettre à rouspéter.
Oui, je vis les plus beaux printemps de l'histoire de l'humanité et des printemps dans la plus belle ville de l'univers.
Parce que même si parfois, en Avril à Paris, il faut ressortir la petite laine, il suffit de la regarder pour sentir son coeur se réchauffer.

Evening in Paris / Quincy Jones




Un morceau qui donne envie de se promener la nuit dans la Capitale. Même à Stalingrad. Bon, faut avouer que c'est une soirée tranquille qu'il se prépare, le Quincy. On voit qu'il va pas aller aux Bain-Douches. Il va se boire un whisky tranquille, sur une terrasse, à admirer les scintillements de la ville lumière.

Il est 5 heures, Paris s'éveille /Jacques Dutronc




Oui, cette chanson, forcément.
J'ai plusieurs fois eu la chance de traverser le 18ème arrondissement au lever du soleil, à des heures où le temps n'a pas encore tout à fait redémarré.
En rentrant chez moi.
(oui, je sais, c'est tard. Je préfère me dire que c'est pile-poil la bonne heure pour apprécier la vie et oublier qu'on est un peu ivre.)
Et ben, c'est un peu comme le dit la chanson, et même un peu plus encore. J'ai vu la garde républicaine répéter pour la parade du 14 juillet dans des rues sans voitures, j'ai vu des gens pleurer et d'autres s'embrasser, j'ai vu des bars fermer et des cafés ouvrir. J'ai vu des accidents de vélo. Des éclats de rire, J'ai vu des africains boire du thé sur des chaises pliantes, en parlant des dialectes lointains. J'ai accepté leur thé. C'était au mois de Juillet et on a parlé football.
J'ai vu des choses que je ne verrai pas à une autre heure. J'ai vu une autre ville.

Paris sous les Bombes / Supreme NTM




Ici, on parle de bombes de peinture, pas de bombes qui tuent. On parle de tags et de graffitis.
Parce que Paname n'est pas polie. Paname râle, grogne et cogne.
Paname dit des gros mots, rouspète, crache par terre, mais c'est pour ça qu'elle est Paris. Un peu libre, un peu jolie, un peu gentille, un peu malpolie.


Bercy Madeleine / Pierre Perret



Le métro, c'est une aventure en soi. On côtoie des gens parfois bizarre, parfois méchants, souvent indifférents, on traverse des continents, on sent mauvais, on sue, on se perd, on attend, longtemps, on retourne au point de départ et on s'endort.
Mais le métro est justement une aventure. Justement, on traverse des continents, des boubous de Château-Rouge aux asiatiques d'Olympiades. C'est pour ça que j'adore m'y perdre, attendre, longtemps et retourner au point de départ.)
Un de mes meilleurs souvenirs parisiens restera cette fois ou Hobbes est moi on est allé volontairement se perdre à Télégraphe en prenant des lignes de métro au hasard. Parce qu'on était des explorateurs.

Le Poinçonneur des Lilas / Serge Gainsbourg



Restons dans le métro, justement, puisqu'il n'est pas qu'un terrain de jeu pour explorateurs amateurs.
Il réchauffe les clodos, donne une voie aux paumés, un toit aux non logés et des voyages aux sans congés. Le métro, c'est une autre ville, un autre Paris, où ceux qui se sont levés (ou ne se sont pas couchés) à 5 heures continuent de déambuler.

Ma Rue / Doc Gynéco




Comment parler de Paris, sans parler de mon quartier?
Parce que dans mon quartier, je suis une minorité. C'est moi l'étranger. Et pourtant, on y parle français, on cherche à s'entraider et on y chante du zouk l'été. J'essaye d'apprendre l'arabe avec mon boulanger et mon voisin boucher (d'ailleurs Monsieur Akoui, il faudra m'apprendre comment on dit "voulez-vous danser?") et samedi dernier, j'ai été aider les sans-papiers à remplir ceux qu'on leur avait donné.
Le doc chante tout ça, parce qu'il vient de là-bas.

Où est-il donc? / Fréhel (Bande Originale du Film Pépé le Moko)






Parce que Paris est cinématographique, mais surtout, Paris est une nostalgie.
Avec Caro-Magnonne, devant l'excellent documentaire d'Arte "Les Aventuriers de l'Art Moderne", on se disait que finalement, on était arrivés à la mauvaise période. Parce qu'elle est moi, on est des aventuriers et des desperados, mais surtout, elle est poète et littéraire et je suis curieux et bistroteux (si! ça se dit!)
Et, soupirants que connaître Pigalle à cette époque nous aurait bien plu, on se disait que quand même, on était arrivés pile au bon moment dans nos quartiers. Et que plus tard, on en sera nostalgiques.

Ni**as in Paris / Jay-Z &. Kanye West




Voilà.
L'Alpha et l'Omega.
Cette chanson qui est devenue encore plus un hymne pour moi.
Parce que quand vous avez deux champions poids lourds de ce calibre qui déboulent et pulvérisent le monde en clamant leur amour pour Paris, ben ça fait plaisir, Bitch.
Oublie Los Angeles, Hong-Kong, Londres ou Berlin, Bitch, Paris is the new New-York !
Alors sur cette chanson, poussez le volume à 11 et dites-vous qu'on nous envie.
Pour notre créativité, notre culture, notre histoire, notre richesse, notre architecture, notre image.


Mais surtout pour notre liberté.



Paris, je t'aime.
Parce que jusqu'ici, chaque jour, tu me l'as montré.



lundi 12 août 2013

Another Day / Jamie Lidell





Il est souvent difficile, pour ne pas dire compliqué, de faire véritablement la différence entre un dimanche et un lundi.

Tout n'est question que d'expérience, de sensation, d'atmosphère tant la ressemblance peut paraître évidente et déstabiliser les personnes non exercées.

Les plus aguerris d'entre nous pourrons bien entendu, à force de patience et d'entrainement, distinguer au premier coup d'oeil un jour de l'autre mais il faut bien reconnaître que pour la majorité silencieuse et guère chanceuse, la confusion brouillera leur esprit, l'espace-temps se confondra et, craignant un Alzheimer précoce, chercheront des points de repères afin de ne pas irrémédiablement se perdre dans le calendrier.


Comme je suis plutôt d'humeur sympathique aujourd'hui, j'ai décidé de vous offrir un petit jeu destiné à exercer vos méninges et à vous rendre alerte.

Le jeu des 3724 erreurs.

Le but est simple:

des deux photographies ci-dessous, il faudra tenter de deviner laquelle a été prise un dimanche et laquelle a été prise un lundi.

Cet exercice peut effectivement sembler difficile, mais à force de porter attention à quelques détails, vous verrez que vous finirez par faire la différence.

Bon courage, et bon Lundimanche !















































(Casse-dédie à Julie "Scissors" in Lille...)

mercredi 16 janvier 2013

Baby it's cold outside (Feat. Willie Nelson) / Norah Jones



Oui, il fait froid dehors.
Il fait froid à geler les crachats par terre, à faire de la fumée quand on respire, à glisser sur les trottoirs et à pas coller un Moyen dehors.

Et si je ne suis pas spécialement ami avec ces froids de canards qui vous font sortir les écharpes, les bonnets,les bouillottes et les crampons sous les bottes, je dois avouer qu'il y a quand même une satisfaction à sortir, c'est de savoir qu'on va rentrer.

Et puis quand des températures sibériennes s'invitent au Métro Stalingrad, je me dis que c'est un clin d'oeil que Paris me fait pour me faire réviser mes cours d'histoire, écouter Ivan Rebroff et garder forte la position de celui qui pense fermement que la guerre, c'est mal, surtout si c'est pour se cailler les balles.

Alors au son de cette jolie chanson, je remonte la rue du Pôle Nord, dans le dix-huitième, à deux pas de chez moi, je passe par la place de Finlande (dans le 7ème), la Place des Vosges et la Cité Noël (dans le 3ème), je vois qu'il n'y a pas de neige dans la rue des Blancs-Manteaux (dans le 4ème arrondissement) , le froid a arrêté le temps et l'Horloge du musée d'Orsay, et je continue de glisser marcher en slalomant entre les crachats gelés dans cette ville qui fait de la fumée quand elle respire.

Je frotte mes mains pour les réchauffer, remonte mon écharpe, tape un peu mes pieds et je rentre dans mon 18ème.

Du coup, je sens un peu de chaleur en passant par la rue de Tombouctou.




mercredi 2 janvier 2013

This Year's Kisses / Billie Holiday



Famille, Amis, Scarlett,

Laissez-moi vous souhaiter une très belle année 2013, pleine d'aventures et de mystères.

Parce que les nouvelles années arrivent, riches de promesses et de territoires inexplorés qui n'attendent qu'à être découverts.

Une année à écouter des disques parfaits, lire des romans dont on veut connaître la fin mais que l'on ne veut pas voir finir, découvrir des endroits magiques, parfois au coin de la rue et rencontrer des gens formidables qui vous rappelleront que sortir vaut parfois le coup.

Je vous souhaite tout ce que vous désirez et tout ce que vous méritez.

Et je vais profiter de ces quelques voeux sincères pour me souhaiter une année pas trop moche, qui a intérêt à tenir ses promesses, avec tout ce que j'ai déjà dis, et me rajouter deux trois-trucs, comme des de comptoirs accueillants et des verres pleins.
Et quelques baisers.

mardi 6 novembre 2012

Time after Time / John Coltrane



J'ai entendu cette merveille ce matin à la radio et je me suis arrêté.

J'ai envoyé bouler 10 minutes de mon quotidien réglé comme un micro-processeur suisse, je me suis recouché, parce que quand même, quand on entend des morceaux comme ça, faut pas déconner, faut les écouter et je me suis rappelé que je n'avais toujours pas fait la moitié des choses que je pensais accomplir une fois arrivé à mon âge.

Et là, je me suis dis que ben j'en n'avais rien à glander.

Que j'avais quand même fait des tas de choses drôlement chouettes dont je ne pensais pas accomplir la moitié une fois arrivé à cet âge.

Et je me suis gardé ces 10 minutes de jolie musique, la fenêtre ouverte, allongé sur mon lit en buvant mon thé.

Parce que courir ne fait pas gagner du temps.
Le temps ne se gagne pas en fait.
Il se prend.







(bon, après j'ai couru dans la rue pour ne pas rater mon RER, mais ça valait le coup.)

lundi 16 juillet 2012

Moon River / Frank Sinatra




Dans un épisode précédent de La Chanson du Jour de Moyenman...

"Boire une bière locale accoudé à un comptoir perdu facilite les échanges sociaux ... La Blue Moon est une bière qui ressemble un peu à la Hoegaarden chère à nos terrasses ... Depuis, je recherche désespérément cette bouteille dans tout Paris... celui qui me trouve de la Blue Moon à Paris (ou ailleurs) et qui me donne le tuyau ou qui me la livre, je l'invite à boire un coup. Celle qui fait ça aura la même chose et un bisou..."






Je errais donc depuis des mois en recherche d'une Blue Moon, pour me rappeler des étendues sauvages, la liberté et la route.

Une gorgée, rien qu'une, pour laisser sa mousse crépiter sur mes lèvres et un instant capturer l'essence de l'isolement, du voyage, des odeurs de bois et de gasoline, entendre de nouveau de la musique venant d'un juke-box et repartir vers des déserts sans fin.

Oui, parce que là, je ne vous parle pas d'une vulgaire Budweiser qui se boit devant un match de Base-Ball dans un bar du coin.

Je vous parle de notes épicées et d'une légère acidité d'orange.
Je vous parle de pointes de coriandre, de mousse onctueuse, de swing sur les papilles,de jazz en bouche.

Je vous parle de fraîcheur, d'espaces, de liberté promise au fond d'une bouteille bleue.

Bref, autant vous dire l'ambition démesurée que j'accordais à la quête d'une bouteille de bière et l'attente folle qui allait forcément être déçue lorsqu'une nouvelle fois, je poserai mes mains sur un comptoir et lèverai un verre de ce souvenir liquide au son d'une chanson de Neil Young.

Des mois de quête sans fin, à retourner tout Paris et le web pour retrouver mon Graal au point d'abandonner tout espoir et de prendre mon mal en patience en me promettant à moi-même une tournée générale lors de ma prochaine excursion dans les Amériques de John Denver et de ce bon vieux Frankie.
Et retourner à mes Mosel Bier de Leader Price, mes Kronenbourg de soir de match, mes 33 Export d'Etudiant ou mes Heineken pour remplacer l'eau.

Oh, je vous vois venir, oui il y a des tas de jolies et bonnes bières en France et en Belgique aussi, mais voyez-vous mes amis, la Belgique, ce n'est pas l'Amérique et ce qui a fait le goût si particulier de ma Blue Moon, c'est sa rareté.

Ben oui, on ne la trouve pas au coin de la rue finalement.

Et la semaine dernière était donc mon anniversaire.

Un anniversaire drôlement chouette dans le plus chouette des bars Parisiens (je sais que je frise le yoyotisme à me répéter comme ça au sujet du Baron Samedi, mais je n'y peux rien, je suis d'une honnêteté absolue dès qu'il s'agit de discuter comptoirs.)

Et au fond d'un sac en papier, où m'attendaient des bouteilles de pays lointains remplies de bières rousses comme mes rêves, que croyez-vous qu'il m'attendait?


























                                                                          Hop! Posée sur ma table!

(Le plus drôle étant que maintenant, je la trouverai au bout de ma rue...)

Kiddie, le sourire qui vous illumine, celle que je porterai volontiers sur tous les sommets des Himalayas des Buttes Chaumont jusqu'au Népal, Kiddie, petit jardin suspendu de Babylone, tu es un grand duc...



Pause publicitaire de nos sponsors...






Tu tutoies les anges, comme Belmondo et grâce à toi, je remérite de boire.

Kiddie, cette bouteille est magnifique.

Kiddie, tu m'as offert la Californie.




















































Note à l'intention de Blondie: La prochaine fois, on boira une Blue Moon entre nos deux bouteilles de Champagne.




dimanche 1 juillet 2012

One is the Magic # / Jill Scott



Je m'insurge.
Je bondis.

Je me lève et hurle à la face du monde que je suis victime de ségrégation.

Pourquoi, dans les supermarchés, tout est vendu par deux?

-Steack Hachés: Hop par deux dans les barquettes en polystyrène.
-Yaourts: par deux (ou 4, mais bon, multiple de deux, chipotez pas.)
-Bières: par trois. Et oui, sur les deux il y en a toujours un qui a plus soif que l'autre.
-Ampoules: par deux. (pas plus tard que cette semaine, j'ai changé mon ampoule halogène, ben au franprix, c'est par pack de 2. Genre on est un joli couple, mais on est libre des lampes. Chacun la sienne.)


 Et pire, pourquoi prendre par deux est-il plus économique?
Qu'est-ce que c'est que cette arnaque?

Et là, vous me direz "Ben prends tout par deux, ça te reviendra moins cher et t'en auras plus."

Ben je répondrai: "Des clous!"

Et si je ne veux pas.
Et si je veux assumer mon statut de 1 et le hurler à la face du monde avec mon steack emballé individuellement dans une boîte en polystyrène?
Je n'ai qu'une lampe à côté de mon lit, je ne veux qu'une ampoule.
Et puis 1 yaourt en dessert, ça ira très bien, merci.

Et puis on crois faire une bonne affaire, on prend par 2 et hop, le temps d'en consommer un, le deuxième est périmé.

Arnaque vous dis-je.


Pourquoi les voyages que tous les spams du monde me proposent sont-ils toujours accompagnés d'une réduction formidable si on part à deux?
Deuxième ticket pour un euro de plus, à 50%, avec la vidange et le pare-brise.

Je ne vois pas en quoi partir tout seul coûterait ostensiblement plus cher que partir accompagné.

Moi je dis, abus.


Je suis (je, ainsi que tous les je qui ne disent jamais "nous") victime de ségrégation.

Une ségrégation instrumentalisée et sournoise qui vous fait croire que votre place dans la société est à 2.

Ben moi je trouve que déjà, faire de la place pour 1, c'est pas une mince affaire...











Et j'en profite pour souhaiter la bienvenue à une lectrice du 5-4 qui manie les ciseaux.

Bienvenue, donc.

samedi 9 juin 2012

Face à La Mer / Les Négresses Vertes



Paris, tu es bien jolie.
Paris, tu es bien petite pour ceux qui s'aiment d'un si grand amour.
Paris, tu es bien fleurie.

Mais Paris, pardon de te le dire, il te manque quelque chose d'essentiel.

Paris, tu es bien loin de la mer.

Et ce ne sont pas tes cabarets, tes bars et tes cinémas qui me détourneront de l'Océan.

Je te sens, tentatrice, à essayer de me retenir ici, mais tes efforts seront vains, car ma petite, tu as déjà perdu.

Alors c'est vrai, que peux tu faire du haut de tes tours et du fond de tes ruelles face à celle qui ne sera jamais éphémère?

Je te sais affriolante, survoltée, cultivée et même marrante, quand tu me propose des mystères et des énigmes.

Et pourtant, la mer ne fait pas tout ça, elle n'a pas besoin de cotillons et d'encyclopédies pour m'étourdir.
Elle ne dit rien et vous accueille.

Et face à elle, effondré, courbé, brisé, un souffle lui suffit pour me relever.
Face à elle, je vois des aventures qui me sont promises, des trésors cachés qui me sont réservés..
Face à la mer, je suis dos au reste. Et c'est ce qui compte.
Et ce sont des vagues et des bateaux, du vent, un peu de sel sur les lèvres. Des soleils infinis, des horizons sans fins, mille couleurs, le soleil et les maillots des filles.

Tout ce que tu ne pourras jamais m'offrir malgré tes trapèzes, tes numéros d'équilibristes et ton érudition.

C'est pourquoi, chère Paris, tu ne me verras pas vieillir.

Je vieillirai en regardant la mer dans les yeux d'une fille.





mercredi 9 mai 2012

It's too hot for words / Billie Holiday








Internet est parfois bien étrange, sorte de triangle des bermudes intangible, abysse insondable où se perdent des voyageurs inconscients et parfois analphabètes.

Ou des farceurs.

Aujourd'hui quelqu'un est arrivé sur mon blog dans les méandres du réseau en tapant les mots magiques suivants dans son navigateur:

"Singe ki se gratte le cul."

Notez la classe absolue de ces quelques mots.

Alors je ne vais pas me demander pourquoi cet individu, certainement solitaire, s'est amusé à taper cette phrase formidable, sans doute à la recherche d'une explication scientifique expliquant en profondeur (hum...) en quoi se gratter le fondement chez un primate peut être perçu comme une manifestation sociale de mâle dominant.

(pour plus de précision, je vous invite à regarder Maître Collard parler, il fait très bien le cul de singe.)

(Notez -bis- que je suis moi-même de nature proctophile puisqu'il m'arrive aisément d'interpeller mes compatriotes avec la délicate expression "trou du cul" qui leur sied souvent à ravir et me soulage rapidement quand j'ai le "enculé" qui me démange.)

Ou alors cette personne voulait tout simplement voir une vidéo rigolol prise avec un téléphone portable dans un zoo ukrainien, comme celles avec des chats tout débiles qui tombent en dormant ou sautent dans tous les sens sans trop savoir pourquoi.

Je passerai aussi sur l'orthographe hasardeuse de mon visiteur (teuse?) ne cherchant à l'accabler plus (après tout l'analphabétisme est un réel fléau, regardez les malheureux qui, confondant certainement les mots "précarité" et "immigrés" -après tout, ils finissent en "-é" - pensent qu'on leur a piqué leur boulot, leurs allocs et leur cerveau.) et irai droit au coeur de ce qui me turlupine:

Comment "Singe ki se gratte le cul" peut-il mener directement à "La Chanson du jour de Moyenman?"

Surtout qu'à aucun moment, il ne me semble avoir évoqué un quadrumane atteint de fortes démangeaisons anales.

Dites-donc, moteurs de recherche, vous ne m'auriez pas fait une petite blague?

Mr Google, c'est vous?

Non, parce que que l'on me retrouve en cherchant "Einstein" "Génie" "Tigre" ou "comment faire pur que quotidiennement, la vie soit belle?" , je peux aisément comprendre.

Mais avec "Singe" "Gratte" et "Cul" dans la même phrase, ça me laisse dubitatif.

Mais je ne suis pas homme à me formaliser et vais donc me dire qu'avoir la visite d'amoureux des bêtes scatophiles de surcroît, c'est toujours une visite de plus.

Chers amis, lecteurs, famille, faîtes donc ma pub, j'ai exprès parlé de cul dans mon texte.

mardi 15 novembre 2011

Voices Inside (Everything is Everything) / Donny Hathaway



J'ai entendu des voix dans ma tête toute la journée.

Ce qui aurait pu être agréable si ses voix s'était avérées être féminines, mais pas de bol, elles avaient plutôt la tonalité d'un instructeur de la légion qui engueulerait Le Pen.

Et si encore ces voix (masculines, donc) en profitaient pour me donner des conseils, ça aurait presque valu le coup de se faire gueuler dessus intérieurement mais non, même pas, elles me rabâchaient sans cesse ma liste de course en insistant bien sur le papier toilette que je ne devait pas oublier.

Au début, ça m'a un poil perturbé, au point de demander à tout le monde qui me parlait comme une Jeanne D'Arc angoissée, ensuite, je m'y suis habitué, ce qui m'a encore plus effrayé et enfin, j'ai crains une crise de schizophrénie violente.

Comme il est difficile de s'engueuler avec soi-même devant tout le monde sans passer pour un tueur en série, j'ai fait la sourde oreille et ça a très bien marché.

A tel point que j'ai fait répéter toutes les personnes qui me parlaient aujourd'hui.

mardi 4 octobre 2011

I Hear Music / Billie Holiday



Vous le savez, je ne suis pas du genre à m'attendrir pour un rien et je suis sensible comme un parpaing.

Mais cette jolie chanson du jour, j'ai décidé de la dédier à Sarah Churman, 29 ans et dont le nom ne vous dit probablement rien.

Et c'est normal, parce qu'elle est totalement inconnue et qu'elle vit la même vie que des millions d'autres personnes.

Pourtant, Sarah, avec son joli tatouage sur le bras, a réussit à légèrement émouvoir l'inébranlable qui sommeille en moi (et au passage humidifier un petit peu mes yeux sombres et intraitables.)

Il y a quelques jours, Sarah s'est entendue pour la première fois, grâce à un implant placé dans son cerveau.



Des histoires comme ça, il doit y en avoir des dizaines par jour, et certainement aussi jolies.

Ce qui m'a ému n'est pas la performance technique, car je suis quelqu'un qui a une grande confiance en notre technologie et de telles prouesses ne m'étonnent finalement pas tant que ça, même si je reste complètement émerveillé.

Ce que j'ai trouvé formidable, c'est finalement la spontanéité de sa réaction.
Un moment comme il y en a des dizaines par jour, où tout un contexte s'efface au profit d'une émotion.

C'est chouette parce que là, Sarah a balancé toutes les merdes du quotidiens, et toutes les choses biens aussi, elle a oublié qu'elle avait un dispositif électronique implanté dans le cerveau, qu'un ami la filmait, que le médecin en face faisait des branchements sur sa tête et qu'au retour, elle devrait acheter des sacs poubelles et à manger pour son chat.

Sarah à profité de 20 secondes de vie, parce qu'elle a entendu sa voix.

ça m'a coupé la mienne.

Sarah, j'aime beaucoup ton tatouage sur le bras, cette jolie chanson est pour toi et dans mon IPod, si tu veux, j'en ai d'autres comme ça...

dimanche 17 juillet 2011

Let's Go Everywhere / Medeski, Martin & Wood



L'avantage d'habiter dans un appartement de 17m2 qui prend des allures de Rubik's Cube géant chaque fois qu'il s'agit de dresser la table, c'est qu'il donne envie de voyager.

Et il suffit parfois d'un métro et d'une paire de jambes pour se retrouver en contrée exotique.

Comme à Pyrénées, qui vous conduit aux parcs des Buttes Chaumont et de Belleville.

A Arts et Métiers qui ressemble à l'intérieur du Nautilus.

A Strasbourg - Saint Denis qui ne vous amène pas au pays de la choucroute mais à celui du curry et des saris au passage Brady.

A Monceau, on va au parc du même nom pour y voire une pyramide qui n'a (presque) rien à envier à celle de Gizeh.

En attendant de repartir vers de nouvelles aventures dans des contrées éloignées et désolées (et elle devraient arriver vite) je me dépayse en arpentant la ville où j'habite.

Car quand on y est, on est partout.

lundi 11 juillet 2011

Sing, Sing, Sing / Louis Prima



Dans mes moments d'égarement quotidiens, il m'arrive parfois de déraper légèrement et de me mettre à fredonner à voix presque haute la chanson qui passe dans mes écouteurs greffés à mes oreilles quand je suis dans le métro.

Et là, je n'ose imaginer la réaction des gens dans le wagon qui doivent se dire:

-1: "pas de bol, encore un qui n'est pas tout seul dans sa tête et faut que je me le coltine. J'espère qu'il descendra avant réaumur-sebastopol."

-2: "Déjà qu'on se tapait les joueurs d'accordéon roumains et les saxophonistes atones, si en plus on doit se manger les recalés de la Star Académy ou de N'oubliez pas les paroles, je vais finir par porter plainte à la RATP"

-3: "Il a l'air amusant ce jeune homme qui doit certainement avoir des déficiences mentales à fredonner de telles daubes en public. C'est bien qu'il se sente à l'aise"

-4: "Quel bon goût il a! Dans la lutte contre la morosité, il y a toujours un Moyen..."

Alors évidemment, dans la majorité des cas, je ne me rends même pas compte de ce qu'il m'arrive puisque soit on est le matin est j'ai la tête au fond du fion, soit on est le soir et j'ai la tête comme un melon.

Et à force d'arpenter les couloirs du Paris souterrain avec mon casque vissé sur les oreilles, il arrive des accidents auditifs incontrôlés comme celui de chanter fort (et parfois) faux du Neil Young ou Jay-Z (oui, j'aime les grands écarts artistiques.)

Le danger à chanter à son insu en public, c'est de non seulement se ridiculiser sur ces performances vocales et son oreille de tracto-pelle, mais c'est surtout prendre le risque de révéler au monde les faiblesses de la playlist de votre IPod.

Ces chansons ridicules ou pourries que vous aimez en cachette.

Ces chansons qui, par un hasard affreux, se retiennent le mieux et se chantent avec le plus d'entrain.

Mais chanter dans le métro est finalement un assez bon remède pour oublier la journée qu'on va/a passé et mon prochain challenge sera qu'un jour, dans un wagon bondé, quelqu'un reprenne avec moi une chanson que je fredonnerait sans m'en rendre compte.

mardi 5 juillet 2011

That Old Feeling / Chet Baker



Il faisait beau alors je me suis baladé le long des quais de Seine aujourd'hui.

Et entre deux beats west-coast et trois riffs de guitares acérés, je me suis rappelé combien il pouvait être sympa d'écouter une trompette joyeuse quand on se balade dans Paris.

Alors pendant que votre voisin chante du Renaud à tue-tête ou que la radio de votre camping vous légumise avec le dernier tube de l'été en date, je vous conseille de prendre vos jambes à votre coup et de filer le plus rapidement possible au restaurant "autour de midi" à Montmartre et qui fait aussi office de caveau jazz.

Les mardi, mercredi et jeudi, l'entrée est de 5 euros, consommation comprise et il y a des jams session et le week-end, c'est 16 euros, consommation comprise, avec un vrai Jazz Band qui joue.

C'est beau comme à St Germain


On dirait la cave de mes parents à Toul-c'est-Cool.


Il y a une ambiance feutrée et décontracte comme au temps de Boris Vian et Miles Davis, les patrons sont adorables et ceux qui veulent tenter le resto pour un évènement spécial, sachez qu'on y mange comme au Fouquet's avec une carte des vins qui ressemble à une carte au trésor.

L'ambiance feutrée, cool et classe c'est là : autour de midi

J'y suis allé une fois avec la Caro-magnonne et papa gaston et même si j'étais très très fatigué, j'ai adoré l'endroit.

Parce que c'est archi-codé.
Ici, on est pas à un match de foot ou à un concert de jeunes rockeurs mangeurs de serpents et/ou reptiles, on applaudit pas n'importe quand, on ne chante pas avec le chanteur, on ne hurle pas de ouaiiiiis, à poil ou enculés.

On applaudit à des moments très précis, on écoute religieusement chaque musicien y aller de son petit solo et on boit son verre de bière/whisky/vin avec la satisfaction de faire partie d'une élite. D'un réseau de l'ombre, presque clandestin qui se réunit secrètement sous la chaussée parisienne pour partager ensemble un moment qu'on ne veut pas voir révélé au monde.

Dans une cave de jazz, on se sent résistant, on se croit plus intelligent, lettré, cultivé et à part pour le prix d'un demi.

C'est presque paranormal car on y croise souvent des fantômes. Sauf qu'ici, les spectres sont des notes de musique qui flottent dans l'air sans chercher à vous effrayer.

Je compte rapidement me mêler de nouveau à ce réseau secret qui se cache des regards et des oreilles pour vivre un moment volé au temps.

jeudi 19 mai 2011

Blue Moon / Frank Sinatra



Ce qui a de bien quand on voyage, c'est qu'on revient la plupart du temps avec des souvenirs, des photos, parfois des numéros de téléphone ou des maladies.

Mais les plus chanceux d'entre nous reviennent avec le goût d'une bière locale.

Car nous, magiciens de la vie, savons que pour découvrir pleinement un endroit et en explorer toute la richesse culturelle, il est important de découvrir la bière locale.

Boire une bière locale accoudé à un comptoir perdu facilite les échanges sociaux, aide à parler la langue nationale (ou le dialecte régional pour peu que vous vous retrouviez en vadrouille dans un coin reculé bordé par un désert ou des marais) enrichit votre culture et vous donne inévitablement cette attitude classe et distinguée qui vous met parfaitement à l'aise où que vous soyez et vous ferait passer pour un local vous-même.

Boire de la bière locale est donc (je pense) un acte culturel à la limite du parfait qui vous ouvre au monde et vous désaltère en même temps (alors que visiter un élevage de courges de compétition jardinière n'étanchera certainement pas votre soif.)

Pour ma dernière (et marquante) expérience de "je-bois-une-bière-locale-pour-découvrir-les-richesses-insoupçonnées-d'un-pays-étranger" , je suis rentré avec des amis dans un saloon où trônait cette enseigne:



Forcément, un néon joli comme ça, ça donne envie d'y goûter et de rencontrer l'autochtone du coin qui, sous ses airs de cannibale des forêts montagneuses se révèle terriblement sympathique au bout du compte et de 16 actes de socialisation culturelle dans une pinte en verre.

La Blue Moon est une bière qui ressemble un peu à la Hoegaarden chère à nos terrasses de l'été avec son aspect légèrement trouble (elle n'est pas filtrée)

Elle a un petit goût d'orange, comme sa couleur, et est légèrement épicée puisqu'elle est brassée avec des zestes d'orange en plus du houblon. (ça, c'est le serveur de l'Iron Door Saloon qui me l'a dit.)

Elle a un goût de soirées Jazz au fond d'une cave voûtée et quand elle descend dans la gorge, vous la sentez claquer des doigts (elle swingue, la Blue Moon)


Depuis, je recherche désespérément cette bouteille dans tout Paris.


Je retourne maintes caves à bières, j'arpente les bars, essaye de rentrer par effraction dans l'ambassade américaine et visite les arrières cuisines des Mc Do et rien.

Même pas sur internet.

Je me suis même trouvé (en bon fan de baskets classes) mes prochaines chausses pour arpenter le bitume à la recherche de mon graal demi.


(bon, je crois qu'elles n'existent pas et que c'est un délire d'artiste, mais depuis que je les ai découvertes, je n'en dort plus la nuit, j'en rêve, elles m'obsèdent, et je crois qu'elles feraient très bien à mes pieds merveilleux et feraient de moi un aristocrate de l'ivresse, car c'est quand même nettement plus subtil et classe que des tongs kronenbourg...)

Je pense donc à ma prochaine bière locale, trait d'union fraternel, pont vers un autre peuple.

Et il y a de grandes chances que ce soit celle-là:


Alors en vérité je vous le dis, amis voyageurs, Pour découvrir toutes les richesses d'un pays, il faut parfois s'arrêter à l'un de ses comptoirs.
















(celui qui me trouve de la Blue Moon à Paris (ou ailleurs) et qui me donne le tuyau ou qui me la livre, je l'invite à boire un coup. Celle qui fait ça aura la même chose et un bisou.)
















et en cadeau, une version de Blue Moon qui swingue comme un soir dans un saloon...

mardi 25 janvier 2011

Killing Time / Natural Essence




Une chanson que j'adore écouter le soir, en lisant un bouquin avant de m'endormir.

Parce que cette trompette jazzy et cette voix envoûtante font vraiment du bien après une journée de glande boulot.

Alors cette fois-ci, je vais la faire courte et je ne pousserai pas le volume jusque 11.

je vais retourner à mon bouquin, finir mon verre de lait (non) coca (non plus...) vin (ah ben oui, pourquoi pas, et puis non) whisky (voila, là ça fait classe et homme!) et en regardant par la fenêtre, je verrai l'Empire State Building, le Grand Canyon, l'Océan et des néons éclatants...

lundi 11 octobre 2010

Someday / Alice Russell



Je me suis levé ce matin.

Je savais que ce jour allait être spécial.

Je me suis brossé les dents, comme tous les jours.
Mais le dentifrice avait un goût différent.

Je me suis douché, comme tous les jours.
Mais le calcaire de l'eau ne me lacérait pas la peau comme avant.

Et j'ai noué mes chaussures et chaussé mes lunettes.

Et je suis parti.

Je ne bravais pas de tempête, mais je sentais que l'air était différent.

Aujourd'hui, quelque chose devait se passer.

Quelque chose de bien, forcément.

Il est évident qu'à ce moment là de ma réflexion, je pensais que mon karma voilé était en train de tourner.

Harassé de mes luttes passées, je me voyais enfin reposé, fier du devoir accompli, allongé, victorieux sur un champ de bataille rouge du sang de mes ennemis.

(oui, rien que ça.)

Fier devant la glace en me brossant les dents, donc, mais fier au passage piéton, fier dans un wagon, fier debout, fier pour tout.

Fier et confiant.

Confiant jusque 08h53.

Perdu dans ma fierté et dans l'attente fébrile du tournant merveilleux que ma roue du karma voilée allait prendre pour m'emmener en trombe vers les rivages paisibles où se prélassent les magiciens de la vie et les jolies filles, je n'avais porté nulle attention à ce spectre déambulant avec plus qu'approximation dans ma direction.

J'entendais un léger hoquet.

je tournais la tête, sourire aux lèvres, prêt à lancer une phrase magique qui fera encore écho dans les livres d'histoires des siècles après ma mort (genre, "ça va?" ou "excusez mon audace, mademoiselle, mais me permettez-vous de poser ma rude main, rêche comme le gant, sur votre front délicat dépourvu de rides afin de m'enquérir de votre température? Avoir de la fièvre n'est guère commode lorsque l'on se lève de si bonne heure..."

Mais avant même que mon sourire ne puisse devenir une grimace de dégoût, le hoquet que je prenais pour un appel tendre vers un efferalgant de soulagement se mua en gargouillis indescriptible, à mi-chemin entre le cris de dinosaure (mais un petit dinosaure.) et le borborygme nauséeux.

Et la tendre créature enfiévrée fit place à une créature poilue, homme préhistorique à l'odeur antédiluvienne.

Et sur mes pieds...

Et sur mes pieds...

(pardonnez mon hésitation, lecteur, mais à ce moment du récit, il me faut reprendre courage et m'armer de mes deux mains pour oser coucher sur papier l'expérience effroyable dont je fus victime.)

Sur mes pieds, le magma inidentifiable d'un petit-déjeuner composé à coup sûr de pastis (mais dans les 16 litres) et d'un croissant (ou d'un cassoulet, j'avoue ne pas avoir bien observé) , relent putride et corrosif.

Ce matin, 8h53, je me suis fais vomir dessus.

(enfin, surtout sur les pieds.)

Je crois que je gagne le concours de la meilleure semaine de l'année.

dimanche 10 octobre 2010

Indian Summer / Chet Baker




J'admets avoir été effroyablement médisant et pessimiste la dernière fois en vous annonçant le début d'une ère glacière à rentrer un ours blanc dans sa tanière.

Aujourd'hui, pointant mon nez enrhumé dehors, j'ai sorti les lunettes de soleil planqué la veste et j'ai savouré avec bonheur la chaleur du soleil sur mes joues.

Un temps qui me rappelait une saison qui n'existe que dans le nord de l'Amérique.
Là-bas, on l'appelle l'été indien mais c'est tout simplement le mien.
Les gens ressemblaient à des aquarelles de Marie Laurencin et moi à une vague qui n'atteindra jamais la dune, comme il y a un an, un siècle, une éternité...

Excusez cet intermède poétique, mais quand l'inspiration vient il ne faut pas l'arrêter...

Je savourais donc la chaleur du soleil sur mes joues et je me disait que décidément, les rues étaient bien trop calmes.

Oui, il y a le vacarme des voitures qui passent et des morveux enfants qui jouent dans la rue, mais pas de musique, pas de rires par des fenêtres grandes ouvertes alors qu'aujourd'hui nous sommes le 15 Août à Paris, pas de bruits de verres qui tintent ou de gens qui dansent.

Je suis rentré chez moi et j'ai décidé de montrer à mes voisins à quel point il faisait beau avec cette chanson jouée très fort par ma fenêtre.

(c'est pas non plus comme si je les avais agressés avec un live de Metallica...)

Je regardais par la fenêtre une bière un soda à la main en lisant du Nick Hornby et j'ai sourit.

Aujourd'hui était un jour simple.
Mais un de ces jours qui vous font croire que la vie vaut la peine d'être vécue.

vendredi 1 octobre 2010

The Beast / Milt Buckner



Une chanson instrumentale cool pour partir en week-end.

Parce que partir en week-end au son de Christophe Maé (marche aussi avec Patrick Fiori ou Raphaêl) et des klaxons dans les bouchons, faut avouer que ça a un potentiel cool plutôt réduit.

Alors qu'avec cette chanson, c'est radical, vous voyagez cool.

Un son pareil, ça s'écoute très fort dans un appart', dans la rue ou sous la douche.

Un groove gluant du label Blue Note qui me colle au mur dès le matin (et accessoirement, qui rend cool, même après une nuit pourrie passée aux toilettes.) et me donne irrémédiablement envie de remuer les jambes et les bras.

Dès le matin, au réveil, ça vous allège et ça vous blinde pour la journée.

On dirait un générique de film ou de dessin animé pop des 60's (d'ailleurs, vous avez déjà entendu cette chanson, c'était dans Mulholland Drive de David Lynch et j'en profite d'ailleurs pour dire bien fort que pour Mulholland Drive, je préfère largement la route au film. Le film est relou, la route est magique...)

Voici pour moi l'exemple parfait d'une association cuivres/clavier qui se transforme en explosif auditif.

Poussez un peu le volume, les enfants, emmerdez légèrement les voisins, votre week-end va être bien.

Votre week-end va être cool...

samedi 11 septembre 2010

Philosophy / Ben Folds Five



Les vacances sont finies, je suis back in town dans la place du 7-5-18, il fait beau dehors et je décide donc de philosopher un peu, prétentieux que je suis, avant de reprendre les boulot dans le 9-3 sa mère.

Comprenez, amis lecteurs, loin de moi l'idée d'atteindre des sphères stratosphérique dans ma pensée de mon moi.

Je ne cherche finalement qu'à me réhabituer progressivement au contexte aléatoirement enviable d'habitant de la capitale.

TGV oblige, la progression entre Toul-les-boules (ou Toul-c'est-cool, selon que vous êtes Toulois ou Coolois ou pas...) et Babylone la Panaméenne est quand même assez brutale.

Alors, modestement, je philosophe en rôtant buvant des bières, en regardant des conneries drôles films sociaux sur le degré zéro de l'évolution sapienesque, l'anti-agora, le résultat navrant de la perte de la bibliothèque d'alexandrie, l'analphabétisme triomphant: l'étudiant américain en plein Spring break; avec les amis que je retrouve dans la joie.

(je ne saurais trop vous conseiller Piranhas 3D, cette extraordinaire satyre sociale qui fait de l'étudiant américain pendant le spring break le menu de choix de la régression aquatique préhistorique, sous le couvert d'un dieu clairvoyant et plein de compassion: le nichon.) avec les amis que je retrouve dans la joie.

Et je ne pense pas à demain.

Ca ne sert à rien.

Parce que si je devais penser à demain, je devrais penser à Lundi.