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lundi 13 janvier 2014

Moyen Kiffe le Hip-Hop - Episode #6 C'est Arrivé Près d'Chez Toi / NTM



Le Hip-Hop ne sert pas non plus qu'à faire bouger la tête et danser les pieds.

Parce qu'il vient des zones et des banlieues, il est également un révélateur social, une forme d'expression pour des populations pas forcément écoutées et une tribune où s'expriment doléances, réalités quotidiennes, misère, galères, répression et violence.


En 1993, je n'ai que 14 ans et je prends le deuxième album des deux lascars de Saint Denis en pleine tronche.
(J'aurai la chance de les voir sur scène en 1998 et je ne m'en suis toujours pas remis.)
Des paroles brutes, sans concessions, un son qui percute le sternum et une attitude vraiment méchante.
Et surtout, éclatée au grand jour, une vérité crue, triste, violente, de cette vie à l'ombre des tours, loin des rives de la Seine et des monuments historiques.

NTM frappe violemment dès le début, conscient de sa place sur la scène musicale et surtout sûr de sa force par des paroles qui ne laissent pas la place à la métaphore ou à la subtilité.
Les mots sont durs, directs et crus.


Sur l'album 1993 ... J'appuie sur la gâchette (sorti en 1993 donc, c'est bien, tu as suivi, jeune.) une chanson, "Police" attire les foudres des autorités pour sa violence (et pour "incitation à la haine de la police")
En 1995, en concert à Toulon et pour protester contre l'élection de Jean-Marie Le Chevallier, encarté FN, ils chantent le titre en live. Cela leur vaudra trois mois de prison ferme (plus trois mois avec sursis) et interdiction d'effectuer leur profession de chanteur pendant 6 mois pour "propos outrageants envers les forces de l'ordre" en première instance.
Ils font appel et écopent finalement de 50.000 francs (7500 euros) d'amende et deux mois avec sursis.

Ici, on est loin de l'espèce d'idéal de mixité culturelle chanté par certains groupes français comme Mad in Paris, Alliance Ethnique ou Reciprock. Du rap à l'eau, du hip-hop FM qui n'a jamais compris qu'avant de vouloir faire passer un message, il fallait s'assurer de ne pas prendre ses auditeurs pour des idiots ou des poneys.

C'est arrivé près d'chez toi est tiré de leur 4ème et dernier album, Suprême NTM, sorti en 1998.
Un chef-d'oeuvre, leur apogée mais aussi, et nous ne le savions pas encore, un chant du cygne.

Un disque où l'on retrouve tout ce qui a fait leur légende: de la méchanceté, du Funk, du groove, un rap social, des textes bien moins débiles que l'on pourrait l'imaginer et surtout, une conscience politique qui déclame des vérités terribles.
Le pire étant de les entendre à l'époque dire que finalement, leur exemple n'est pas le meilleur à suivre, incitant les jeunes des quartiers à suivre des études pour prouver que la réussite sociale n'est pas affaire de bâtiments et estimant que finalement, ils font peut-être bien partie du problème.


Pour moi, ils sont simplement le plus grand groupe de rock français de tous les temps.


Je vous laisserai avec le dernier couplet de cette chanson incroyable qui, je vous le rappelle a été écrite en 1998.
Il y a 15 piges.

Y'a qu'ici que dans les églises, les CRS peuvent faire des perquises
Preuve que chez nous, on se décivilise, on se trompe quand on vise
Et puis s'il y a meurtre, on déguise l'affaire, on dit qu'y a méprise
Technique de "dé-kiz"
Bien, connue, du reste reconnue, devenue quelque chose de convenu
Les bavures sont au menu, j'te souhaite la bienvenue
Dans la France de ceux qui pensent qu'en banlieue
On ne peut pas penser puisqu'on pense qu'à danser
Rapper sur des beats cadencés
Remarque ils pensent aussi qu' les 3 millions de chômeurs c'est
3 millions d'immigrés, donc, c'est clair que c'est
Pas gagné, qu'avec leur vision bornée
J'me dis même, que le mec qui r'dressera le pays
Il est pas encore né
Ouais, c'est ici qu'on vit et c'est ici aussi qu'officie
La plus grande bande de fachos qui fit si
Peur en son temps fils ! Si on laisse couler, on est mort
Coupons les couilles du porc ! Ouah, ça c'est fort !
Mais y'a plus fort encore ! Y'a des ex-nouveaux ministres grillés
Qui viennent parler, se faire réélire à la télé
Briller, crier leur innocence, prier
Pour qu'on oublie que l'histoire du sang contaminé
C'est pour du fric qu'ils l'ont pas trié


Cassandres...

lundi 18 novembre 2013

Moyen Kiffe le Hip-Hop - Episode #5 Blue Flames / Solesides (Quannum)


Après avoir mendié quelques sous pour une cause chouette, je retourne à mes cours magistraux et continue mon voyage dans le hip-hop que j'aime.

Solesides.

Solesides, c'est un label Californien, de San Francisco, avec le génial DJ Shadow aux platines (mais si, souviens-toi, j'en avais parlé ) et des MC qui tapent fort avec un groove qui assomme.
On y retrouve Blackalicious (dont je vous avais aussi parlé) Lyrics Born, ou encore Lateef the truth speaker.
Alors ils sont moins connus que les stars que je vous ai présentées jusqu'à présent, mais ils n'en sont pas moins doués.

Et c'est ce que j'aime dans cette musique. (et dans toutes les autres.)
Parce que, lorsqu'à force de creuser, de chercher, de fouiller dans les disques, vous tombez sur des baffes comme ça, vous vous rappelez soudainement pourquoi vous aimez ça: parce que chaque jour, la musique vous surprend et fait bouger un peu plus votre tête et vos pieds.

Alors demain matin, avant d'aller travailler, poussez le volume à 11 et laissez cette chanson vous enflammer...




copie conforme, non?
Movember is on.












mardi 15 octobre 2013

Moyen Kiffe le Hip-Hop - Episode #4 Insane in the Brain / Cypress Hill



Il faut quand même l'avouer, le rap est un petit peu une musique de jeune délinquant un peu fou-fou.

Alors parfois, se perdre dans les volutes vertes au son hispano des rappeurs du groupe de Los Angeles Cypress Hill, ça fait bizarrement remuer la tête et bouger les pieds.

Cypress Hill, c'est la culture hispanique (les membres sont issus principalement de l'immigration sud-américaine: les frères Reyes, plus connus sous les sobriquets de Sen Dog et Mellow Man Ace -qui quittera assez rapidement le groupe pour des projets solo- ont des parents Cubains, DJ Muggs, producteur du mégatube "Jump Around" du groupe de Boston House of Pain vient de New-York -de parents italiens pour faire original- et B-Real est d'origine Mexicaine et Cubaine.) qui se frite à la récré avec des skateurs et des voitures américaines à rendre jaloux un fan de tuning du Nord-pas-de-Calais ou de Lorraine-encore-moins-de-Calais.

On trouve donc dans leur musique tout un pan de cette culture dite West Coast (côte ouest pour Monsieur Toubon) qui emprunte de beats qui martèlent comme des masses de 100 tonnes et samplés directement de tubes funk gluants et des sonorités latinos avec des cuivres qui pètent,  un accent espagnol à couper à la machette et une fâcheuse tendance à se prendre pour un cartel en parlant de guerre des gangs et de botanique prohibée.

En plus avec leur look qui s'affranchit légèrement des codes habituels du hip-hop pour se rapprocher du hard ou du métal, les Cypress Hill affichent clairement leurs couleurs.









Bref, de la musique qui s'écoute fort.

Dans une voiture victime de tuning ou sur un skate...



jeudi 10 octobre 2013

Moyen Kiffe le Hip-Hop - Episode #3 Mellow My Man / The Roots



Je quitte deux secondes New-York, direction Philadelphie pour un des plus grand groupe de l'univers.

Les Roots, c'est une entité à part dans le milieu du Hip-Hop.
Une aberration.

Pas de programmation ou de scratchs chez eux, mais des instrumentistes acharnés qui jouent en live (lors des enregistrements des albums, ils samplent parfois ce qu'ils composent et jouent en studio.)
Questlove, le batteur du groupe est une machine à rythme.
Un métronome inhumain qui frappe comme sur des tonneaux et propulse un groove à faire danser un poteau.

Les autres membres ne sont pas en reste puisque outre un bassiste, un guitariste et le clavier on y croise des beatboxers (ce sont des gens très fréquentables qui font des bruits très bizarre et très rythmés avec la bouche, comme si ils voulaient imiter King Louie du Livre de la Jungle de Walt Disney) et un soubassophone (sous ce terme barbare se cache un instrument de la famille des cuivres à faire passer un cor de chasse pour une langue de belle-mère que vous sortez au nouvel-an.)

Les Roots, c'est un peu une aristocratie.
Une sensibilité soul avec des rythmes de tracto-pelle et une technique de conservatoire.

Le monde du rap ne s'y est d'ailleurs pas trompé puisqu'ils ont accompagné à peu près tous les plus grands artistes du milieu.

Ce sont eux que Eminem recrute pour chanter son tube interplanétaire Lose Yourself (tiré de la Bande Originale du film 8 Mile) sur scène lors des Grammy Awards pour une performance ahurissante ou le rappeur de Détroit et les lascars de Philadelphie sont au diapason pour balancer un son monumental qui flirte avec ce que le rock peut avoir de plus percutant.



Ils accompagneront Jay-Z sur scène lors de sa série de concerts de (faux) adieux pour son mythique Black Album ainsi que pour son live Unplugged enregistré pour la chaîne de télévision MTV.

Depuis 2009, ils assurent la musique dans le talk show comique de Jimmy Fallon, ce qui leur a donné l'occasion de faire groover Michelle Obama


et de revisiter l'Histoire du Rap avec Justin Timberlake.









Bref, vous l'aurez compris, The Roots, c'est un petit peu la grosse classe et des grosses claques.

Un groupe qui donne envie de danser et de se mettre au solfège.




samedi 28 septembre 2013

Moyen Kiffe le Hip-Hop - Episode # 2 Keepin' the Faith / De La Soul



De La Soul.
Encore un Trio.
Encore des New-Yorkais.



Ce que j'aime par-dessus tout dans le Rap et le Hip-Hop, c'est que cette musique est profondément positive.
Une musique faite avant tout pour s'amuser et faire la fête.

Bien sûr, elle s'est aussi politisée, est devenue revendicatrice a gardé son statut d'insoumise et rebelle.
Bien sûr, elle est devenu un business monstrueux qui pèse des milliards de dollars et qui propulse ses plus grandes stars dans les stratosphères du monde des finances (et de la politique) mais ce qui fait avant tout sa réussite, c'est son insouciance.

Ecouter De La Soul (et en particulier ce morceau) c'est oublier qu'il y a école le lendemain, oublier que le chauffage est en panne, qu'il n'y a plus de bière dans le frigo et que la voisine vous a collé un vent.

Leur premier Album, 3 feet high and rising sortui en 1988 pourrait presque s'apparenter à une version hippie des disques du label Sugar Hill records (Le premier Label de rap, avec des légendes comme Sugar Hill Gang, Grandmatser Flash ou le Crash Crew), avec leurs boucles Jazzy, leurs paroles sociales-mais-drôles et leurs chemises à fleur.
Mais surtout cet album, à cause de la quantité colossale de samples qui y sont utilisés, va être le premier à poser la question des droits d'auteurs dans le sampling.

C'est du deuxième Album De La Soul is Dead (1991) qu'est tiré ce refrain entêtant. Peut-être leur meilleur album à ce jour.

Je ne vous raconte pas combien de fois j'ai pu siffloter ce petit air dans la rue, confiant dans mon destin et sûr de mon chemin.
Parce que j'étais insouciant.


Notez qu'il existe une excellente version alternative de ce morceau, où la chanteuse Vinia Mojica s'occupe du chant.




Alors avec De La Soul, impossible de vous tromper.
Avec eux vous rentrez dans l'histoire du Rap, au coeur de ce qu'il n'a jamais cessé d'être.
Une musique fun, pour danser et faire la fête.

D'ailleurs Damon Albarn, le petit génie Anglais derrière Blur ou The Good, The Bad and The Queen ne s'y est pas trompé non plus lorsque, armé jusqu'aux dents des sons futuristes et des grooves atomiques du producteur Dan The Automator, il débarque avec son projet Gorillaz et cherche à pulvériser les enceintes de la planète entière en demandant au trio de New-York de collaborer au tubesque Feel Good Inc.

Un titre qui, l'espace de 4 minutes, me ramène en 1993, à siffler un petit refrain dans la rue.





mardi 17 septembre 2013

Moyen Kiffe le Hip-Hop - Episode # 1 Sure Shot / Beastie Boys




Il y a quelques jours, j'assistais joyeusement au concert d'Eminem dans un Stade de France chauffé à blanc (en compagnie, joyeuse elle aussi, de mon Hobbes de la vie qui aime elle aussi les "bitch" du rappeur blanc de Détroit lancés à la cantonade et à peu près tous les 7 mots et demie.)
Dans quelques semaines, je retourne voir le King, l'Empereur, la légende Jay-Z avec joie et ma frangine.

Je me disais alors combien j'aimais ce son, ses paroles syncopées, sa musique rythmée/scratchée/torturée et combien le Hip-Hop avait été important pour moi.

Mais pourquoi?

Alors je vous propose un voyage dans le temps, façon je danse le Mia, pour vous présenter les 10 titres historiques, qui m'ont collé une claque dans les oreilles et m'ont rendu un peu plus accro à chaque fois.

10 titres qui ne quittent pas mon Ipod.

Je commence donc avec Sure Shot des mythiques Beastie Boys.

J'ai découvert ce titre au collège.
En 3ème.
En 1994.
(fichtre, ça ne nous rajeunit pas, hein?)

A cette époque, Internet était un délire de Science-Fiction, les CD arrivaient à peine, on avait encore les images de la Dream Team qui avait pulvérisé la notion de sport 2 ans auparavant à Barcelone (et l'on attendait encore que Michael Jordan retombe sur Terre.) et on s'échangeait dans la cour du bahut des cassettes audio.
La cassette audio, jeune, est un objet bizarre en plastique à l'intérieur duquel défile une bande magnétique sur laquelle on pouvait enregistrer de la musique.
On se les échangeait comme les gosses s'échangent maintenant des Pokémons. Le but étant de trouver LE son que l'autre n'a pas, de découvrir le groupe qui remue la tête de tout le monde là-bas, à Babylone-la-grande, que l'on ne voyait que dans les films et qui avait encore ses tours jumelles.

Je découvre donc Sure Shot en 1994, année de la mort de Kurt Cobain et de Jack Kirby.
Sur une cassette échangée à la récré et le choc va être violent.

Cette chanson représentait ce que j'avais attendu toute ma vie.

Il y avait les grosses guitares et la batterie déchaînée comme dans les chansons que mes parents m'avaient fait découvrir et que j'avais continué à aimer (Le Nevermind de Nirvana tournait en boucle dans mon baladeur...), il y avait de la rage et du fun qui résonnaient en moi, jeune que j'étais et surtout il y avait le scratch.
Un son indescriptible, incroyablement cool et malpoli et tellement futuriste.

Sure Shot est tirée de l'album Ill Communication, sorti en 1994.
Je découvre alors les Beastie Boys, ce groupe de Brooklyn composé de Michael "Mike D" Diamond, Adam "Ad-Rock" Horowitz et Adam "MCA" Yauch et deviendra un de mes préférés.
Je les verrai alors 4 ans plus tard en concert à Nancy mais à ce moment-là, je ne le sais pas encore et pour moi, rien que le fait de les écouter est un acte subversif.

J'avais découvert le Rap et le Hip-Hop quelques mois plus tôt avec un autre groupe incroyablement plus vénère (j'y reviendrai plus tard) mais les lascars New-Yorkais représentaient à cette époque, pour moi en tout cas, l'absolu de ce que devait être cette musique:
Rythmée, endiablée, fun, jeune, rebelle et cool.
A l'opposé des Jean-Jacques Goldman et Francis Cabrel consensuels de l'époque.
Et bien loin de ce que les années 90 produiront de pire dans l'histoire de la musique: L'eurodance, dont tous mes camarades de classe étaient dingues tandis que j'écoutais (déjà) Bruce Springsteen et les Stones et que je fouillais comme un damné pour découvrir de nouvelles guitares saturées, des vinyles scratchés et des rythmes funkies.

J'essayais d'expliquer à mon père en quoi le hip-hop a été aussi important pour moi.
En fait, il a été pour ma jeunesse ce que les Beatles, Les Stones ou Led Zeppelin ont été pour la sienne: une bouffée d'air frais.

Le 4 mai 2012, Adam Yauch meurt à 47 ans des suites d'un cancer de la gorge.
Ce jour là, une partie de ma jeunesse et de son insouciance sont parties avec lui et j'ai pleuré.
Parce qu'il avait réussi à me faire aimer l'ado que j'étais.