jeudi 17 novembre 2011

Don't Take My Blindness For Weakness / Bryan Lee



Hier soir, je rentrais de la cérémonie des Golden Blogs Awards (dont je vous parlerai très vite, ça valait son pesant de twitteurs frénétiques...) et dans le métro, j'ai fais une chouette rencontre.

Une fille aveugle, qui -bonheur- ressemblait presque à Scarlett Johansson si elle portait tout le temps des grandes lunettes noires, même dans le métro (ce qu'elle doit certainement faire, mais dans les limos.) accompagnée de son chien, un mélange entre un ours de petite taille mais balèze quand même et un loup sympa.

Sur le quai, elle se tourne vers moi (ce qui m'a surpris, parce que je ne l'ai pas interpellée, je n'ai pas fait de bruit et j'ai même réprimé un raclement de gorge intempestif pour être bien sûr de passer inaperçu.) et me demande doucement le temps d'attente avant la prochaine rame.

Je lui réponds tout de suite qu'il ne reste que 2 minutes (pour être bien sûr que personne d'autre ne me vole l'occasion de passer pour un bon samaritain) et nous rentrons dans le même wagon (par un hasard incroyable, ne nous méprenons pas!).

Et là, comme dans un rêve, j'ai appris plein de choses sur les chiens (et plus particulièrement les chiens d'aveugles, dont je ne savait rien si ce n'est qu'ils portent une espèce de sac à dos comme pour traîner les traîneaux dans la neige, sauf que là, ils tirent une personne.)

Son ours de compagnie est formidable.

Il sait exactement où il est dans le wagon alors que moi j'ai parfois l'impression d'être perdu et de gêner, il est sage comme un ours de cette taille peut l'être (il m'arrivait jusque là à peu près) observe les autres usagers joyeusement et surtout reste obstinément collé à sa maîtresse. Ca se voyait que ces deux-là se kiffaient.

Et je dois l'amuser, l'ours, puisque plusieurs fois il cherche à me renifler et me regarde souvent en laissant pendre sa langue nonchalamment, ce qui est marrant (mais ce qui fait aussi des grosses taches de bave par terre...).

J'allais étendre ma main pour lui caresser le museau quand sa maîtresse (qui doit faire partie des X-Men, c'est pas possible autrement, je me demande encore comment elle a pu deviner. Ou alors elle fait super bien semblant d'être aveugle.) me dit de ne pas le caresser car là, il a le harnais donc il travaille et n'a pas le droit d'être distrait.

J'ai balayé d'un revers de la main son discours de patron capitaliste membre du CAC 40 qui opprime le petit ouvrier à fourrure en lui interdisant toute forme de distraction sous prétexte qu'il s'use les reins à la promener partout et que c'est son boulot et j'ai entamé la conversation.

Oui, moi.

Du coup, j'ai appris plein de trucs sur les chiens d'aveugles comme le fait qu'il faut 2 ans pour les former et qu'un chihuahua ou un basset peuvent difficilement devenir des guides pour aveugle (mais je mets ça sur le compte de leur stupidité, par sur leur taille)

Elle m'a demandé où je descendais, et comme je descendais une station après elle, elle m'a demandé de la prévenir à sa station.

Et elle est partie, guidée par Alphonse (je l'ai appelé Alphonse, son cabot, je trouvais que ça lui allait drôlement bien. ) harnaché comme un sherpa à quatre pattes, (j'ai même cru un instant qu'il me faisait un clin d'oeil comme pour me souhaiter le bienvenue dans sa meute ou pour me dire "t'es un mec bien, toi, tu as bien mérité ta gamelle de croquettes") elle m'a remercié plein de fois pour ma gentillesse et ils sont partis, elle avec ses lunettes et lui remuant la queue.

Et quand je marchais jusqu'à mon appartement sous les néons qui grésillent, je me suis dit qu'une aveugle m'avait aidé à voir dans la nuit...

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