mardi 1 novembre 2011

If I Had A Hammer / Peter, Paul and Mary



J'adore les magasins de bricolage.

Déjà parce que quand on y rentre, on a l'impression de faire partie d'une caste, d'une famille: celle des bricoleurs.

Ces gens qui s'arrêtent devant un chantier pharaonique et qui demandent à un ouvrier en train de souder si c'est bien un tournevis cruciforme qu'il utilise.

Ces hordes essentiellement masculines qui insistent auprès de leurs compagnes pour monter les étagères tout seuls, parce non, on a pas besoin d'aide, on a un tournevis cruciforme.

J'aime admirer les mèches de perceuses en carbure de tungstène, les lames de scies circulaires en diamant, les pinces coupantes, les étaux portatifs, les vis de toutes les formes, les tournevis aimantés, les chevilles de toutes les couleurs, les mètres, et tous les outils possibles et imaginables et forcément indispensables (en plus d'un tournevis cruciforme) pour monter des étagères.

Dimanche matin, j'étais donc dans mon bricorama adoré pour chercher deux-trois trucs indispensables à mes velléité de décorations dominicales (d'ailleurs à ce sujet, je reviendrai prochainement vers vous pour un grand projet auquel je compte vous faire participer, mais chut, vous saurez ça très vite...) et comme j'avais déjà un tournevis cruciforme...

Le bricorama adoré que j'ai a la très bonne idée d'être ouvert le dimanche matin, parce que c'est toujours le dimanche matin que nous, bricoleurs (et là, je dis solennellement  "nous" et "bricoleurs" parce que oui, j'appartiens à cette confrérie du manieur de marteau et de tournevis pour qui le jour du seigneur est le jour du cloueur...) nous rendons compte qu'il nous manque un tournevis cruciforme ou un autre outil indispensable (comme un niveau à faisceaux laser pour accrocher un tableau bien droit au mur.) pour bricoler dans la paix du Christ.

Bricorama, tu es mon Eglise et le cruciforme, en tournevis ou en bois, on le partage avec le Vatican après tout.

Le dimanche est mon jour de foi.

Je flânais donc dans mon bricorama à admirer les tournevis cruciformes en me disant que haha, j'en ai déjà et ils sont garantis à vie, moi mes tournevis et les vis en me disant que ah merde, il n'y a pas ma taille.

J'ai admiré les niveaux à faisceaux lasers en regrettant de ne pas avoir de tableau à accrocher.

J'ai observé les reflets du carbure de tungstène sur les forêts de perceuses et le diamant des lames de scies circulaires.

En passant à la caisse, j'ai également eu l'occasion de signer le première pétition de ma vie.

Habituellement, je ne suis pas du tout du genre à signer de pétitions.
Pour moi ça à le même effet que de regarder un concert des enculés enfoirés, c'est se donner une bonne conscience pendant 20 secondes en restant calé sur son canapé à zapper entre les publicités et sans trop se mouiller parce que bon, quand même, il n'y a pas que ça à faire et puis il faut encore les monter ces étagères, merde, alors sauver le monde, ça attendra demain, mais bon, regarder les enculés enfoirés et signer un papier, c'est montrer qu'on est engagés, bordel.

Un jour que je me baladais avec des amis, une pétitionneuse nous a accostés pour faire arrêter les tortures contres les animaux en Chine.
Quand on lui a dit que nous n'étions pas insensibles au sort de ces pauvres bêtes, loin de là, mais que quand la Chine n'aura plus de problèmes de tortures qu'avec les animaux, on aurait fait un grand pas, elle est partie toute déprimée en réfléchissant sérieusement à son avenir de pétitionneuse.

Mais là, je dois avouer que le cas était sérieux.

C'était pour que le Bricorama reste ouvert le dimanche.


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