jeudi 5 janvier 2012

Buried Treasure / Kenny Rogers



 Comme vous le savez, je suis un amateur de mystères, de découvertes et de choses étranges.

 Hier, je suis allé manger dans un formidable petit restaurant chinois dans le XIXème arrondissement.

 Les gens étaient gentils, la musique agréable et les menus vraiment pas chers donc j'ai poussé la porte, demandé une table et je me suis assis.


Mon père ne m'a pas transmis qu'un goût musical exquis ou une promesse de calvitie ravageuse, il m'a aussi appris à être curieux à propos des vins et à les aimer.
Ces Bordeaux sombres et souples ronds en bouche et légers comme des bulles de savon malgré des teintes de velours, les vins d'Alsace avec leurs essences subtiles, les Côtes du Rhône aux parfums qui semblent venir d'Asie ou d'Orient, les vins de Loire au goût clair, les rouges, les blancs, les vieux et tannés par le bois, les jeunes qui rafraîchissent avec leurs insolentes notes vertes ou les grands crus anciens qui ne demandent qu'à être invités à table pour vous raconter une histoire...

Machinalement, j'ouvre donc la carte des vins de ce petit restaurant chinois du XIXème qui ne servait ni bouillabaisse, ni viandes grillées mais des nems formidables et des plats de boeuf au saté divins.
 Par pure curiosité évidemment, je tiens à préciser...

 Et là, je fais une découverte extraordinaire. Des St Emilion grands crus, des vins de 1974, des Mouton Rothschild, des Châteauneuf du Pape 1986, des bourgognes Millésimés... 5 pages de cet acabit.
Je n'en croyais pas mes yeux de voir un restaurant de nouilles vapeur proposer la carte du Crillon.

A mon retour, sans avoir rien bu que de l'eau, sobre comme un chameau sauvage que je suis (et préférant imaginer les notes fruitées qui devaient sonner à chaque ouverture de bouchon plutôt que frustrer mes sens à ne choisir qu'une bouteille parmi les pages de découvertes formidables que me promettait la carte plastifiée d'un restaurant chinois du XIXème arrondissement...) j'ai demandé à la personne qui s'occupait de la formation pour laquelle je me déplaçait dans le XIXème si il connaissait la carte des vins de ce restaurant.

 Et là, il m'a raconté une histoire incroyable.

En rachetant l'endroit, les actuels propriétaires décidèrent de faire des travaux dans les caves.
Et en rangeant un énorme tas de cageots poussiéreux, ils sont tombés sur un passage dans un des murs.
Et derrière, des milliers de bouteilles.

Une collection complète de grands crus hors d'âge qui sommeillaient tranquillement, attendant d'être invités à table pour raconter leurs histoires.
Ils les ont donc mis sur leur carte, à des prix défiant toute concurrence, ignorant la valeur des pépites qu'ils avaient entre la main. Bientôt, tout le quartier fut au courant, au point que les propriétaires se demandaient pourquoi les gens venaient pour boire et pas pour manger.

 Ensuite, ils ont petit à petit découvert quels secrets renfermaient leurs bouteilles et ont alignés certains de leurs prix.

Il existe donc encore des trésors enfouis sous terre qui attendent d'être déterrés.
Comme des bouteilles de vins oubliées.

Pour tout un quartier, le trésor était donc la joie de déguster tranquillement un verre de vin rare dans un cadre les ramenant directement sur les rives du Yang-Tsé Kiang, en regardant passer des jonques au milieu des fumeries d'opium et en oubliant que demain, il faudra repartir dans une jungle sans tigres du Bengale...


















Maintenant, imaginez-vous sur les rives du Fleuve Bleu, cerné par la jungle aux tigres avec un verre de Médoc pourpre dans la main..

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1 commentaire:

hélène a dit…

Quelle belle histoire !