dimanche 15 mai 2011

Fontenay-Aux-Roses / Maxime Le Forestier




Le Matin, quand je pars au travail, je croise tous les jours les élèves de l'école hôtelière pour jeunes adultes qu'il y a derrière chez moi.

Et à ce moment-là, je remercie intérieurement l'inventeur de l'uniforme pour les filles.

Parce que chaque jour, ces jeunes demoiselles remontent la rue qui me mène au métro tout bitumeux habillées en tailleurs.

Et pendant quelques secondes, je vois des cascades de cheveux, des rivières de sourires, je sens des parfums de vanille et d'îles inconnues, des rires en pagaille, des larmes séchées, des discussions à bâtons rompus (encore une expression dont j'aimerai franchement connaitre l'origine) des chemisiers même pas boutonnés jusqu'en haut qui dévoilent l'amorce d'une épaule fine, des cous gracieux, des petites vestes cintrées et de la légèreté dans de jolies jambes libres.

Et si je demeure impassible aux yeux de ces dames, je rougis intérieurement et m'émeut tout seul à leur passage, jetant mon regard le plus loin possible vers l'horizon, priant pour ne pas tomber sottement en plein milieu de la chaussée ou souiller mes chaussures de sport allemandes en marchant sur les relents du pedigree pal de la veille de ce brave Albert, le Labrador jovial du petit couple qui habite à l'angle de la rue.

C'est un signe que m'offre chaque matin mon karma (pas si) moisi pour m'avertir que quoi qu'il arrive, cette journée sera jolie car elle a commencé avec des yeux, des sourires et des tissus.

Et alors je dis également merci à ces règlements parfois austères de ces demis-pensions de traditions et de bonne vertu qui éduquent et élèvent dans la rigidité, la discipline et le bon goût vestimentaire.

Et comme le soleil est de mon côté, les couches s'amincissent et les les jupes rétrécissent.

Ce soir encore, je me dis que j'ai hâte d'aller au travail demain matin.

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