mardi 1 mars 2011

Think of the Times / Carolyn Crawford




Il n'y a pas que les transports en commun pour tester l'exiguïté gênante des lieux bondés aux heures de pointe.

Il y a aussi les ascenseurs.

Les ascenseurs, c'est un moyen de transport épouvantable, pour peu que vous vous y retrouviez coincé avec un inconnu pendant toute la durée de votre trajet.
(il est évident qu'être coincé pendant toute la durée du trajet avec un inconnu du sexe opposé -avec une chouette coupe de cheveux, évidemment- c'est vachement plus sympa que de le passer avec, au hasard, Brice Hortefeux.)

Prendre l'ascenseur avec un inconnu est une expérience assez impressionnante qui peut flinguer totalement une journée.

Heureusement, certaines personnes bien intentionnées proposent des modes d'emploi pour les ascenseurs à l'usage des gens moyen-normaux comme moi.

Ce matin, j'ai effectué un trajet en ascenseur avec un inconnu (qui n'était pas Brice Hortefeux, je vous rassure) et fort de mon petit mode d'emploi en tête, j'y suis allé à fond, confiant dans la vie et mon destin, imperméable à la peur, méprisant du danger et fier de moi.

Nous sommes donc deux dans l'ascenseur et la conversation qui va suivre est authentique.

Moi/Lui : "VousVousallezdescendezààquelétage ?"

Il est évident que la cacophonie brouillonne qui a résulté de ce fiasco oral n'aide pas pour mettre à l'aise.

Je racle donc ma gorge en tentant un "haha" gêné et souriant mais mon inconnu de l'ascenseur ayant l'humour d'un membre du CSA, il se contente de toussoter un peu.

Difficile d'engager une conversation après ça donc (surtout que les sujets de discussion, c'est pas ça qui manque en ce moment, même si c'est vrai un trajet d'ascenseur ne permet généralement pas de développer complètement son argumentation.)

-Je ne voudrais pas faire mon casse-glaouis à cet instant du récit mais mon inconnu de l'ascenseur n'est pas très marrant avec son humour de cellule de prison et en plus, il n'est pas aidant pour passer des voyages amusants en ascenseur.-

J'ai donc décidé de m'occuper pour la suite du voyage (qui m'a semblé durer des plombes avec ses conneries)

Alors j'ai regardé mes chaussures pour m'assurer que les deux étaient bien les mêmes, dès fois que je sois distraitement sorti de chez moi avec deux chaussures différentes sans que je ne m'en rende compte (on sait jamais, ça peut arriver!)

J'ai vérifié une bonne quinzaine de fois que j'avais bien mes clés.

J'ai regardé le plafond de l'ascenseur.
Parce que c'est JOLI!

Pourtant je me voyais déjà, sifflotant fièrement dans ma cage d'acier, appuyant nonchalamment sur les boutons de l'engin, comme un habitué de boîte qui rentre en doublant toutes les files d'attentes en tapant la bise au videur.

Privé de mon instant de gloire, je suis donc resté silencieux pendant les 16 heures qu'a mit ma boite de conserve à monter les étages avant que l'enfoiré piqueur de moment de gloire inconnu ne sorte en marmonnant un "bonsoir" fade comme un plat de salsifi.

En plus dans ce moment de solitude terrible, non seulement je me suis senti légèrement nigaud à regarder mes chaussures, mais surtout, ça m'a laissé tout le temps de réfléchir.

Et ça, c'est effrayant.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je l'ai lu ce passage sur l'exiguïté des ascenseurs partagés avec un inconnu dans Le chameau sauvage.

Ca me fait rire car, quand je lis ce livre, je pense souvent à toi : j'y vois ton style et aussi tes aventures hors du commun !

Miss-E